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Enseignement supérieur: de nouvelles filières tendances

• IA, immobilier, design d’espace…, de nouveaux champs de connaissances

• Pour mieux répondre aux besoins du marché de l’emploi

• Les offres classiques tiennent toujours la palme

Selon Gnidouignè Bationo,la formation dans l’immobilier permettront de professionnaliser ce secteur d’activités

Voilà un casse-tête vécu par bon nombre de nouveaux bacheliers et d’étudiants chaque année: opérer le meilleur choix de filière pour la suite de ses études. Si cela relève de l’angoisse, c’est parce que de nombreux paramètres entrent en ligne de compte dans l’orientation académique : accessibilité du coût de la formation, demande importante ou non d’une compétence donnée sur le marché de l’emploi, viabilité des secteurs d’activité, etc. D’où une réorganisation constante de la cartographie des cursus dans bien d’institutions d’enseignement supérieur.

La Semaine nationale de l’information et de l’orientation a été une occasion de promouvoir des offres de formation « innovantes ».

Comme dans certains autres pays, la grande partie des universités burkinabè est au cœur de ce processus d’adaptation de l’offre de formation aux exigences de l’heure. On pouvait le constater, lors de la Semaine nationale de l’information et de l’orientation post-Bac (SIO), tenue du 15 au 19 juillet 2025. Durant une semaine, un des pavillons du Salon international de l’artisanat de Ouagadougou, qui a abrité l’évènement, n’a pas désempli. Une occasion rêvée pour les universités et instituts de présenter leurs offres de formation les plus innovantes aux nombreux jeunes bacheliers venus recueillir les « bonnes informations ».

Les filières classiques toujours incontournables

Réunis à Ouagadougou pour une rencontre d’information sur la carte universitaire, les gouverneurs des régions se sont engagés à veiller à une implémentation réussie de cet outil.

Une chose aisément remarquée, lors de la SIO, est la similarité des offres de formation classique proposées par les universités et instituts privés. Et cela, dans presque tous les domaines : des Sciences économiques et de gestion, aux Sciences juridiques et politiques, en passant par les Sciences de la technologie, etc. A titre d’exemple, des Licences en Transport et en Logistique sont proposées à la fois par l’Université de technologies et de management (UTM), l’Institut supérieur de technologies (IST), l’Ecole supérieure de commerce et de l’informatique de gestion (ESCO-IGES et l’Université de l’Unité africaine (UA). De même, des Licences en comptabilité sont ouvertes à l’Université privée des sciences de management, de l’économie, du droit et de la technologie (UMET-Burkina), à l’UA, à l’IST, etc. Des filières comme Communication d’entreprises, la Gestion commerciale, l’Informatique, la Banque et assurance, Fiscalité, BTP, Maintenance industrielle, Mines et carrières, etc., se retrouvent également dans différents établissements.

De nouvelles filières et spécialisations pour faire la différence

En dehors des filières classiques, la différence se joue dans des nouveautés apportées aux offres de formation. Pour la rentrée académique 2025-2026, il faut dire que peu d’instituts et universités privés envisagent l’ouverture de nouvelles filières. Selon les professionnels du secteur, cela s’explique. « Il faut tout une procédure pour introduire la demande d›autorisation d›ouverture d’une filière au niveau du ministère de tutelle et avoir son quitus », nous confie Joseph Zongo, Directeur général de l’UTM. « Il faut aussi réaliser au préalable, une étude de marché ; parce qu’il ne faut pas lancer pour lancer mais s’assurer que lorsque les étudiants viendront bosser dans une nouvelle filière, ils pourront, à terme, s’insérer dans le monde professionnel », souligne, pour sa part, Fatao Sango, Chargé de la professionnalisation et relation institut-entreprises à l’Institut africain des industries culturelles (IAIC).

Par contre, la plupart des établissements ont enregistré la création de nouvelles offres de formation au cours des dernières années.

Des offres récentes et inédites, il y en a, en effet, dans de nombreux établissements privés. C’est le cas de la filière Banque et finance islamique que l’IST prévoit d’ouvrir dès la rentrée 2025-2026. Le domaine de la banque et de la finance islamique a comme particularité le fait que les intérêts sont basés sur la charia, la loi islamique. Responsable marketing de l’institut, Awa Thianhoun reconnait que la filière a peu de débouchés au Burkina. Mais sa création n’est pas fortuite, d’autant plus que des prospects de l’institut en font la demande.

« Sur le marché, il y a des structures, comme Coris Baraka, qui recrutent des étudiants dans cette spécialisation. Nous avons jugé bon d’ouvrir la filière pour cette catégorie de prospects qui sont intéressés », explique Mme Thianhoun, « presque persuadée » qu’à l’IST, c’est la filière qui enregistrera le moins d’étudiants à la prochaine rentrée.

L’Intelligence artificielle (IA) fait ses premiers pas

A l’instar de la Banque et finance islamique, l’Intelligence artificielle fait ses premiers pas dans les curricula de certains instituts et universités. Si l’IA ne constitue pas une filière à part entière dans bien des cas, elle est greffée à d’autres disciplines. A l’Institut international de l’eau et de l’environnement (2iE), par exemple, l’Intelligence artificielle est enseignée depuis deux ans à travers la filière Génie informatique, intelligence artificielle et applications. Selon Lassina Coulibaly, chargé des admissions de 2iE, les apprenants ont la possibilité d’intégrer cette filière après le Baccalauréat D, C ou E ou après un passage dans les classes préparatoires aux grandes écoles. Et la nouvelle filière comprend six options, dont : l’IA et Data science pour l’innovation, l’IA, cyber sécurité, défense et maintenance des systèmes, Ingénierie des applications, objets connectés et systèmes embarqués, l’IA en ingénierie des smart cities et smarttech.

A l’UTM, l’Intelligence artificielle pait partie, là aussi, des spécialisations nouvellement ouvertes, avec une première promotion déjà en année de Licence, selon le DG, Joseph Zongo. Il ajoute qu’au même titre que l’IA, l’UTM a enregistré la création d’autres spécialités comme le Big data et la Sécurité informatique.

B K

 

Améliorer le cadre de vie par le Design d’espace

S i des filières novatrices comme l’IA semblent déjà intégrées aux curricula de nombre d’établissements, il n’en demeure pas moins que d’autres également perçues comme novatrices restent encore peu connues. Parmi ces nouveaux champs à défricher, il y a le Design d’espace. L’Ecole supérieure polytechnique de la jeunesse (Essup-Jeunesse) fait partie de ces établissements d’enseignement qui montrent la voix dans ce domaine. La filière a environ six ans d’existence. Sylvère Kiti, l’un de ses premiers diplômés de l’Ecole en design d’espace définit cette profession comme étant « l’architecture d’intérieur ». « Le design d’espace consiste à aménager l’espace intérieur et extérieur, c’est-à-dire les parcs d’attraction, les jardins urbains pour les projets d’extérieur, les hôtels, maisons, halls de centres commerciaux pour les projets d’intérieur ».

À Essup Jeunesse, le parcours dans cette filière dure trois années pour une Licence. Un « domaine d’avenir » qui a convaincu Sylvère Kiti à s’y intéresser. « C’est une filière d’avenir, parce qu’elle permettra de révolutionner nos cadres de vie. Si vous avez votre maison à aménager et vous voulez qu’elle soit agréable à habiter, vous devez faire appel à un designer d’espace qui va venir travailler sur tout ce qui est carrelage, ouverture, peinture, plafonnage, luminaire », argue-t-il.

Des formations dans l’immobilier pour professionnaliser le secteur

Il y a aussi ces offres de formation qui sont présentées comme un début de solution à des préoccupations sociales majeures. L’Institut supérieur des professions immobilières (ISPI) peut se targuer d’être un de ces porteurs de solutions, particulièrement pour le foncier et l’immobilier. Cet établissement, non encore classé parmi les institutions privées d’enseignement supérieur du Burkina, a nouvellement obtenu son autorisation d’ouverture. Selon les promoteurs de l’établissement, sa création répond à un besoin de professionnalisation du secteur à travers la formation. « Étant dans le domaine de l›immobilier, nous nous sommes rendu compte qu›il y a un manque de professionnels. Des gens qui ne sont pas formés s›accaparent du domaine et font tout sauf de l’immobilier », déplore Gnidouignè Bationo, agent immobilier et représentant de l’institut au SIO. Et d’expliquer : « Nous nous sommes lancés donc cette année dans la formation en offrant trois filières en niveau Licence. Il s’agit essentiellement d’une Licence en Gestion d’affaires immobilières, une Licence en Gestion du patrimoine immobilier et une Licence en Promotion foncière et immobilière. Concrètement, nos formations répondent aux préoccupations de savoir comment gérer un bien immobilier, comment l’évaluer, comment valoriser ce bien, comment conduire une opération d’achat ou de vente, etc. ».

La carte universitaire: La panacée contre les retards académiques ?

Parmi les raisons qui ont prévalu à la mise en place de la carte universitaire, figure au premier plan l’insuffisance des ressources, aussi bien financières, humaines qu’infrastructurelles dans les institutions d’enseignement. Selon les initiateurs de l’outil, cela impacte négativement la qualité de l’enseignement supérieur. « Beaucoup d’enseignants sont obligés de parcourir des centaines de kilomètres pour dispenser leurs cours dans des universités qui ne disposent pas de ressources humaines.

Les conséquences de tout cela, c’est d’abord les coûts très élevés de la formation, parce qu’il n’y a aucune rationalisation. Une autre conséquence est le chevauchement des années et le retard académique ; parce qu’un enseignant qui est recruté dans une université, il est obligé d’accomplir son volume horaire dans cette université d’abord, avant d’aller assister les autres. S’il doit assister deux, trois, voire quatre universités, celles-ci se mettent en ordre d’attente, ce qui va retarder considérablement les cours », a expliqué le ministre de l’Enseignement supérieur, Pr Adjima Thiombiano, lors d’une rencontre d’information des Gouverneurs sur cette carte, en août 2025.

Déjà implémentée sur la plateforme Campus Faso, la carte universitaire devrait connaitre une mise en œuvre progressive. « Lorsqu’une filière est fermée dans une unité, il est clair qu’on ne va plus recruter de nouveaux étudiants pour la filière dans cette unité. Par contre, pour les étudiants qui y étaient déjà, il y aura un accompagnement pour qu’ils puissent tous obtenir leur parchemin », a rassuré Pr AdjimaThiombiano. A terme, cet « ambitieux » outil devrait s’élargir aux institutions privées d’enseignement supérieur, foi du ministre Thiombiano. Au département de l’Enseignement supérieur, on est convaincu que la carte permettra de résorber d’autres défis qui minent jusque-là le système éducatif burkinabè, à savoir : une inadéquation entre formation, emploi et création, une « faiblesse de l’orientation stratégique des universités vers les défis de développement du pays.

Appel à des initiatives locales pour une « mise en œuvre réussie » de la carte universitaire

Le ministre AdjimaThiombiano : « La mise en œuvre de cette carte universitaire requiert qu›au niveau de chaque région, on puisse développer des initiatives pour accompagner le gouvernement. Déjà, cette carte universitaire entre en droite ligne avec la vision de l›Initiative présidentielle pour une éducation de qualité (IPEQ) qui prévoit l›érection d›infrastructures pédagogiques, des restaurants et des cités universitaires dans chaque université et dans chaque Centre universitaire. Mais à côté de cela, je lance un appel aux Gouverneurs, aux forces vives de toutes les régions, qu’ils soient les porteurs de ces pôles d’excellence dont on leur donne la possibilité d’abriter dans leurs régions. Ces pôles d’excellence seront ce que les forces vives voudront qu’ils soient. Ne serait-ce qu’une infrastructure, des équipements, ce n’est jamais de trop ».

BK

Des filières à fermer et leurs lieux de fermeture

Lettres modernes : Centre universitaire de Banfora ; Centre universitaire de Dori

Droit : Centre universitaire de Banfora

Economie : Centre universitaire de Dori ; Centre universitaire de Kaya ; Université Lédéa Bernard Ouédraogo

Sociologie : Centre universitaire de Tenkodogo ; Université Daniel Ouézzin Coulibaly

Sciences de l’éducation : Université Joseph Ki-Zerbo ; Université Norbert Zongo

Agroéconomie : Centre universitaire de Ziniaré

Production et santé animale : Centre universitaire de Ziniaré

Anthropologie : Université Daniel Ouézzin Coulibaly

Histoire : Université Yembila

Abdoulaye Toguyeni

Comptabilité/contrôle/audit :

Université Thomas Sankara .

 

La carte universitaire en bref

La carte universitaire a été instituée par un arrêté en août 2025. Selon le Secrétaire général du ministère de l’Enseignement supérieur, Pr Samuel Paré, elle consiste à une catégorisation des 17 Institutions d’enseignement supérieur et de recherche (IESR) que compte le Burkina. D’un côté, en IESR dites spécialisées (13), et de l’autre, en IESR dites généralistes qui sont au nombre de 4. Dans le détail, ces IESR spécialisées sont composées de 4 universités (l’Université Lédéa Bernard Ouédraogo de Ouahigouya, l’Université Daniel Ouézzin Coulibaly de Bobo-Dioulasso, l’Université Yembila Abdoulaye Toguyeni de Fada N’Gourma et l’Université Thomas Sankara de Ouagadougou), de deux grandes Ecoles (l’École normale supérieure de Koudougou et l’École polytechnique de Ouagadougou) et 7 Centres universitaires, à savoir ceux de Banfora, de Dori, de Gaoua, de Kaya, de Manga, de Tenkodogo et de Ziniaré.

Une répartition en universités généralistes et spécialisées

Quant aux IESR généralistes, elles sont composées de l’Université Joseph Ki-Zerbo de Ouagadougou, l’Université Nazi Boni de Bobo-Dioulasso, l’Université Norbert Zongo de Koudougou et l’Université virtuelle du Burkina Faso. Ces universités généralistes sont habilitées à former dans 9 domaines de formation retenus, à savoir : les Sciences de la santé humaine ; les Sciences et médecine vétérinaires ; les Sciences et technologies ; les Sciences juridiques, politiques et administratives ; les Sciences économiques et de gestion ; les Sciences de l’homme et de la société ; les Lettres, langues et arts ; les Sciences agronomiques ; les Sciences de l’éducation et de la formation.

A ces 17 IESR, il faut ajouter la future Université polytechnique du Burkina (UPB), qui est en gestation, notamment, dans le cadre de l’IPEQ et qui est conçue pour être une université d’excellence en Sciences de l’ingénierie dans des domaines jugés stratégiques par l’État..

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