A la UneFocus

Vie de la Nation: les solutions de IB aux préoccupations des forces vives

Après la déclaration du Président Ibrahim Traoré aux forces vives de la Nation, le 11 juillet 2024, à cette tribune, certaines composantes de la société ont été invitées à prendre la parole pour poser leurs préoccupations avec deux minutes de temps de parole. Elles sont donc allées à l’essentiel, reversant l’ensemble de leurs doléances au comité d’organisation pour suite à donner. L’Economiste du Faso vous propose ici, les réponses du président du Faso. Nous précisons qu’avec les cris de joie et les acclamations dans la cuvette du palais des Sports, certains propos étaient peu audibles. La Rédaction vous propose donc la synthèse des propos et non toutes les réponses données par Ibrahim Traoré.

Sur les préoccupations du monde rural

« Je voudrais dire au monde rural, et c’est valable pour les autres composantes, que toutes les préoccupations que vous avez amenées ici et que vous n’avez pas eu l’occasion de poser, de les remettre au MADS qui va nous les apporter pour examen en Conseil de cabinet pour voir ce qui peut être fait.

Nous avons entrepris beaucoup de choses en faveur du monde rural et nous allons continuer à accentuer les actions dans ce domaine, parce que nous avons foi que c’est à travers vous que le Burkina Faso pourra manger à sa faim et exporter l’excédent. Nous comptons sur vous et nous mettrons beaucoup de moyens à votre disposition. Soyez rassurés aussi, les chercheurs sont à pied d’œuvre. Vous l’aurez constaté cette année, beaucoup de semences ont été introduites par nos chercheurs. Ils ont les compétences et les capacités, nous travaillons à les doter de moyens nécessaires pour satisfaire ce besoin-là.

Nous avons déjà des privés qui ont des usines de montage des tracteurs, mais nous voulons former des ingénieurs et concevoir nous-mêmes. C’est un processus qui est en cours.  Mais dans notre vision, nous sommes opposés à la robotisation sauvage de l’agriculture.  Lorsque l’agriculture se transforme en une activité de robotisation, vous perdez de l’emploi. Nous allons mécaniser les travaux jusqu’à un certain niveau, mais nous n’irons pas jusqu’au même niveau que chez les autres où les jeunes se retrouvent sans emploi. Nous allons mécaniser notre agriculture de façon modérée ».

Sur certaines doléances du secteur privé

« J’ai souhaité que le secteur privé participe à la production agricole mais notre politique est de ne pas vendre les terres. Le secteur privé pourrait voir avec les communautés pour louer des terres pour 10, 20 ans et faire travailler les populations locales. C’est ce processus que nous allons accompagner. Nous avons engagé des réformes dans le domaine foncier. Si nous permettons que les gens achètent des terres, d’ici 2030, il n’y aura plus de terre où cultiver.

Il y a encore des réformes à faire dans le domaine foncier pour que petit à petit, la terre revienne à l’Etat. Cela ne veut pas dire que l’Etat s’approprie les terres mais pour les garantir aux propriétaires terriens.

Pour les autres projets, notamment, le port sec à Tanghin-Dassouri et la zone industrielle, à Samandeni, la construction a commencé, le ministre m’a rassuré que les techniciens étaient en train de parceller et bientôt, vous pourrez avoir des parcelles là-bas. Je souhaite que le secteur privé interpelle certains opérateurs qui ont pris des parcelles dans la zone industrielle et ne les ont pas mises en valeur, et ne veulent qu’on reprenne ces parcelles pour d’autres acquéreurs. J’ai demandé au ministre du Commerce de faire le point de toutes les parcelles de la zone industrielle qui ne sont pas en exploitation, nous serons dans l’obligation de les retirer et de les réattribuer à d’autres personnes.

(…) Pour la Zone de libre-échange, nous souhaitons qu’elle soit une réalité au plus vite, parce que l’Afrique doit être d’abord unie à travers nos économies ; les échanges entre nous Africains doivent être intenses. J’apprécie le fait que vous évoquiez la question fiscale et je souhaite que vous puissiez en discuter entre vous opérateurs économiques. Certains avaient bénéficié de certaines dérogations, on ne sait pas par quelle acrobatie, avec les politiciens, et qui jusqu’aujourd’hui, ne veulent toujours pas payer leurs impôts. Nous allons tout mettre en œuvre pour que les gens puissent s’acquitter de leurs impôts, car c’est à travers les impôts que nous arrivons à payer des armes et à nous équiper aussi. Si tous les opérateurs payent leurs impôts, à partir de ce moment, on pourrait alors étudier les mesures d’une baisse collective ».

…un ministère plein pour les femmes et des renforcements de capacités

« Pour nos mamans et sœurs, nous prenons bonnes notes. Nous souhaitons avoir votre document pour mieux étudier vos propositions. Le ministère est dans cette phase de renforcement des capacités. De passage à Tenkodogo, nous avons donné des instructions et une plateforme devrait être mise en œuvre pour les femmes qui font la transformation des produits locaux pour les appuyer et faire en sorte que les produits soient achetés par l’Administration.  J’ai pris l’exemple du savon liquide. Je ne peux pas comprendre que nos mamans fabriquent du savon liquide et que nous continuions d’importer du savon liquide. Le problème posé était l’emballage. Ils ont reçu instruction de trouver de l’emballage à bon prix et d’organiser toutes ces transformatrices, afin de les prendre en compte dans la fourniture de l’Administration ».

…la construction du centre polyvalent de la jeunesse

« Pour la jeunesse, c’est bien noté. Nous allons intensifier les différentes initiatives. Un ministère sera consacré désormais à la formation professionnelle, cela répond à la préoccupation des élèves qui veulent apprendre à lire, certes, mais aussi inventer, créer. Pour les autres composantes qui demandent des ministères pleins, pour le moment, le nombre des ministères a été limité dans notre Charte. Mais ce n’est pas exclu que si le besoin se fait sentir, nous revenions vers le peuple pour demander d’ériger certains domaines en départements ministériels.  Je ne peux pas vous garantir à l’instant T que nous allons créer un ministère pour la femme, un ministère pour les personnes handicapées ».

Sur la Coordination nationale des organisations et associations de veille citoyenne

« Camarades de la CNOAVC, les wayiyans ! J’ai ordonné une formation idéologique de vos différents membres, parce que la veille est toute une idéologie. C’est unique dans le monde et ce n’est qu’au Burkina Faso que nous le voyons actuellement. Il y a lieu que les acteurs soient bien formés en matière de géopolitique, de patriotisme et de certaines valeurs. L’institutionnalisation est déjà faite à travers la création des Comités de veille (COVEIL), je vous invite donc à intégrer ces Coveil. Qui mieux que vous pour armer ces Coveil d’ailleurs ? »

La création d’un Conseil national des personnes handicapées…

« L’allocation familiale, nous allons voir la faisabilité pour les personnes indigènes.  Une enquête est en cours au ministère de la Solidarité pour recenser toutes les personnes qui pourraient bénéficier de cette allocation. Nous espérons que la situation économique du pays va s’améliorer si nous récupérons nos ressources minières, nous pourrons prendre en compte ces questions d’allocation.

Pour la fonction publique et d’autres secteurs, nous verrons ce qui est possible. Déjà, nous allons lever la mesure de suspension des recrutements sur mesures spéciales sous conditions assez particulières. A l’Assemblée, vous êtes déjà représentées, pour les autres secteurs, nous vous promettons que nous allons y réfléchir.  Pour la mise en place de l’Unité spéciale, je vous laisse la tâche avec la chefferie traditionnelle pour aider les combattants et les VDP à vaincre les terroristes ».

Sur les demandes des étudiants

« Chers camarades élèves et étudiants, votre aspiration sera prise en compte. Le ministère sera créé. Désormais, vous ne serez pas formés uniquement pour lire et écrire le français, mais vous serez formés pour faire quelque chose de plus utile pour la Nation. Le processus pour prendre en compte toutes les écoles peut prendre un an ou un an et demi, et nous partons pour ce principe.

Pour les étudiants, le système Licence-Master-Doctorat (LMD) crée beaucoup de problèmes.  Nous avons élaboré une feuille de route pour rattraper le retard. Il y a eu des efforts au niveau du volume horaire, car de nombreux enseignants ont vu l’augmentation de leur volume horaire mais il manque les salles.  Avant la fin de l’année, nous allons construire des amphithéâtres dans plusieurs centres pour permettre la tenue des cours et rattraper le retard.  Nous étudions la possibilité d’augmenter les bourses, d’une part, et d’autre part, de faire du FONER qui devient un prêt à un moment donné, une allocation que l’étudiant ne remboursera pas après l’obtention d’un emploi.

Les effectifs dans les universités sont en total déphasage avec les infrastructures. Nous vous promettons de travailler à rattraper cela. Ce qui peut se faire dans l’immédiat a été fait ou sera fait.

La connexion Internet n’est pas encore effective dans toutes les universités, certes, mais les travaux se poursuivent pour que tous les étudiants aient la connexion à temps plein. Cette connexion est consacrée à la recherche. Il y aura donc des restrictions, vous ne pourrez pas aller sur Facebook, Tik- Tok… »

Les préoccupations de l’UAS

« Il faudrait voir à votre niveau, car il y avait eu une rencontre où vous avez refusé de participer. Si le gouvernement appelle, vous devriez vous présenter, car si vous ne répondez pas à l’appel, ces rencontres n’auront pas de raison d’être. Quand le gouvernement appelle pour échanger avec vous, c’est pour trouver un juste milieu pour la bonne marche de la patrie. Je vais voir le Premier ministre, afin de rouvrir la fenêtre. Mais je vous invite à revoir votre copie. Le syndicalisme ne doit pas entacher la marche de la patrie. Nous sommes en guerre, en lutte contre le terrorisme et il faut prendre cette donnée en compte.  Le syndicalisme tel que copié de la France ne peut pas se mener ici.  Vous n’avez pas fait de revendications aujourd’hui et je vous remercie. Je souhaite que nous ayons un syndicalisme professionnel qui se rapporte à notre situation et qui puisse permettre au pays de prendre en compte la majorité des Burkinabè pour ne pas se limiter uniquement aux travailleurs ».

Au représentant du monde sportif et culturel

« Vous avez demandé des places à l’Assemblée. Si je vous dis que demain, vous aurez cette place, j’aurais menti, car le nombre est limité dans la Charte. Beaucoup de structures n’ont pas encore de représentants et nous verrons ce qu’on peut faire.

Le marché international est ouvert.  De nombreuses structures ont déjà eu des marchés dans des pays amis tels que la Russie. Je prends à témoins les producteurs de mangues qui peinaient à écouler leurs mangues. On les a mis en contact avec des opérateurs russes et ils peuvent facilement faire des rotations.

Nous voulons créer des académies de sports dans les différentes régions. Une académie doit comprendre un terrain omnisport (terrain de football, basket, piscine…). Quand nous avons demandé des factures pro forma, ces infrastructures coûtent très cher.  Nous sommes revenus à la méthode endogène. Chacun va participer à créer ces espaces et dans chaque région, les sportifs doivent avoir un espace pour développer leurs compétences, talents et aller défendre les couleurs. Le monde culturel a effectivement des places dans les Ambassades, mais comme vous le dites, ce n’est pas forcément des hommes de la culture qui occupent ces postes d’« Attaché culturel ». J’ai déjà donné des instructions de diminuer le budget des Affaires etrangères et le nombre du personnel dans les Ambassades. Nous avons des Ambassades qui ont 40 à 50 personnes et cela a une grande incidence sur le budget, surtout ces dix dernières années. A partir de 2015, le nombre est monté d’un coup. Nous allons revenir au budget de 2014. Nous sommes en train de faire rentrer beaucoup de personnes de ces Chancelleries et nous allons réorganiser les places pour ceux qui ont le droit de partir.

Sur le respect des droits de l’Homme et des libertés individuelles 

« Pour ce qui est des réclamations de certains corps de la Justice, nous souhaitons que vous nous les reversiez. J’ai noté une loi chez les Greffiers et le domaine foncier pour les Notaires.

Pour nos amis Avocats, nous aimons bien le travail, nous respectons les droits de l’Homme, nous respectons vos libertés et les décisions de Justice.  Mais nous respectons tout cela dans l’intérêt supérieur de la Nation. Je vous invite à revoir cette partie, parce qu’il ne faut pas systématiquement apprendre ce qu’on vous enseigne à l’école et vouloir l’appliquer. Il faut vous adapter au contexte. Je souhaite qu’il y ait plus de communication entre vous et nous, pour que vous évitiez certaines sorties inutiles. Sortir devant un micro pour dire qu’on ne respecte pas les décisions de Justice ne va rien changer, tant que ce sera contre les intérêts de la Nation.  S’il y a un problème, venez, on discute et on vous dira ce qu’il y a. Lorsque vous vous limitez seulement à ce que vous savez, vous faites des déclarations qui ne vont que tendre l’atmosphère et cela n’arrange pas. Que chacun revienne à de meilleurs sentiments ».

Moumouni SIMPORE

Encadré

« … pour la préservation des acquis de la liberté de la presse et le renforcement  de la sécurité des travailleurs des médias

«Quand on parle de liberté de presse, il faut comprendre qu’il y a une différence entre la liberté et le libertinage. Nous suivons la presse. Nous avons vu des presses qui mentent. Des presses qui mentent parce qu’on leur a dit de mentir sûrement. Il y a un journaliste qui a été enrôlé dernièrement parce que depuis 2023, il a passé le temps à mentir. Il a été convoqué à la gendarmerie, à l’ASCE-LC, par toutes les structures pour apporter les preuves de ce qu’il dit. Ils sont allés même sur une radio pour dire que si on fait, ils vont verser l’eau. Mais dites, versez l’eau ! Il ne faut pas inventer des titres alléchants, inutiles parce que vous avez des intentions derrière.  Nous allons nous opposer à cela. Ce n’est pas du journalisme.  Il faut que vous arrêtiez ça.  Nous sommes un pays en guerre et on voit des gens qui font des titres sans se poser la question si ces titres détruisent ou construisent le pays. J’ai vu un journaliste qui a publié un mensonge sur la morgue et j’avais demandé à l’armée de porter plainte contre ce journaliste. Il a titré : Les corps pourrissent à la morgue et ça sent mauvais. Les professionnels des médias devaient demander des comptes à ce journaliste-là. Même si c’était vrai, à qui est-ce que vous rendez service ? L’objectif, c’est de mettre mal à l’aise les parents qui ont perdu leurs enfants ou de communiquer pour les terroristes. C’est un acte très malhonnête.  Même si vous avez constaté ça, vous avez des portes d’entrée. Etes-vous allé voir le ministre de la Communication pour dire que nous avons constaté ça ? Pourquoi vous mettez ça dans vos journaux ?  D’autres sont là, il faut communiquer sur la guerre, le bilan…. Allez-y voir chez les terroristes ! Quand un terroriste appelle pour rendre compte que le drone a frappé, on le menace au poste de ne jamais parler de leurs pertes. Avez-vous déjà vu des terroristes sortir dire qu’on a perdu tant de combattants aujourd’hui ? Tout ça, malheureusement, c’est l’école occidentale. Vous avez appris leur manière de communiquer. Mais allez-y chez les traditionnalistes, on avait des journalistes avant le journalisme moderne. Il y avait des griots. Tant qu’il y aura un débordement, nous allons devoir agir.  Communiquez toujours pour la patrie.  Il faut tout faire pour revaloriser notre pays. Vous avez parlé des investissements des pays impérialistes dans leurs médias.  Mais beaucoup de médias sont financés par l’impérialisme et travaillent pour l’impérialisme.  J’arrive à lire beaucoup et je tiens à saluer un bon nombre de presses qui font un travail incroyable.  Ils se battent pour les combattants. Le gouvernement continue de sensibiliser, beaucoup comprennent et sont en train de revenir à la patrie.  Faites en sorte que tout ce que vous dites soit en faveur de la patrie. Nous ne sommes pas parfaits.  S’il y a quelque chose que nous avons fait qui n’est pas bien et qu’en le publiant, cela peut mettre mal à l’aise la patrie vis-à-vis de l’extérieur, venez nous voir au lieu de vous mettre à crier sur les toits, à vendre le problème de la famille à l’extérieur. 

Commentaires

Articles similaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

Bouton retour en haut de la page