• Par Appel public à l’épargne (APE)
• Le lancement des souscriptions prévu pour avril 2024
• La SA2IF, arrangeur principal, revient sur les avantages de l’opération
120 milliards F CFA. C’est le montant qu’entend lever le Burkina Faso, sur le marché financier de l’Umoa, par Appel public à l’épargne (APE). Le lancement des souscriptions est prévu pour ce mois d’Avril 2024 sur le compartiment obligataire de la bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM). Cet appel public par épargne (TPBF 6,3% – 2024-2029), au prix unitaire de 10.000 FCFA et à un taux d’intérêt annuel de 6,3% sur 5 ans, et 6,55% sur 7 ans respectivement. Il s’agit de la première opération par syndication du Burkina Faso pour cette année 2024. L’objectif de cette levée de fonds, permettre au Trésor public du Burkina Faso de financer les projets prioritaires ciblés ou les investissements prévus au budget de l’année 2024.
Qui peut y participer et quels en sont les avantages ?
Pour cet appel public à l’épargne, l’opération est accessible à tous. Toutes personnes physiques ou morales disposant d’un montant minimum de 10.000 Francs CFA ou d’un multiple de cette somme peut souscrire. Pour ce faire il vous suffira de vous rendre dans l’une des Société de gestion et d’intermédiation (SGI) qui seront désignées comme habilités à recueillir les souscriptions. Si vous n’avez pas encore de compte, celui-ci vous sera ouvert sur place, ce qui est une procédure rapide et simple. C’est la Société africaine d’ingénierie et d’intermédiation financière (SA2IF) basée au Burkina Faso qui a été retenue comme arrangeur principal et chef de file avec comme co-chefs de file de l’opération la SGI Togo et la SGI Bénin.
« Une fois votre compte créé, il ne vous restera plus qu’à déposer le montant que vous souhaitez investir. A l’issue de l’opération, vous recevez le nombre de titres correspondant au montant de votre investissement et qui certifie que l’Etat doit effectivement vous effectuer des remboursements et des paiements d’intérêts. Les titres sont dématérialisés et stockés dans votre compte au niveau de la SGI. Vous pouvez les revendre à tout moment si vous avez un besoin de liquidité ou les conserver pour percevoir à chaque échéance les rémunérations que l’Etat doit vous verser », explique la SA2IF.
Le fondateur et dirigeant de la SGI, Constantin K Dabiré, explique le rôle de la société dans cette opération. « Pour un APE d’Etat, c’est bien la première fois que nous sommes désignés arrangeur principal, mais nous avons l’habitude des APE pour d’autres sociétés, ce qui nous conforte dans notre capacité à mener à bien ce projet. En tant qu’arrangeur principal, nous endossons la responsabilité de piloter et de superviser tout le processus », déclare t’il. Et d’ajouter « notre rôle consiste dans un premier temps à respecter les exigences règlementaires auprès du Régulateur : documents autorisant l’opération, la rédaction de la note d’information conforment aux textes en vigueur et les supports de communication (bulletin de souscription, dépliant et affiches publicitaires). Dans un deuxième temps, assurer la promotion de l’opération à travers le syndicat de placement constitué de toutes les SGI du marché. Suivre les souscriptions des partenaires, les centraliser. Procéder à la collecte des fonds et le transfert desdits fonds à l’Etat par le truchement du Trésor. Dans un troisième temps, assurer l’inscription et la cotation des titres sur la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières. Enfin, assurer le service financier sur toute la maturité desdites obligations ».
ESS
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Appel public à l’épargne et son fonctionnement
Un appel public à l’épargne (APE) est une opération par laquelle une société ou un Etat lève des fonds sur le marché financier en vendant des titres de propriétés (actions, spécifique aux sociétés) ou des titres de créances négociables (obligations) au grand public. Pour ce qui est de la présente opération, c’est un appel à tout investisseur (personne physique ou morale) de prêter à l’Etat une certaine somme d’argent dans le cadre du financement de ses projets structurants. L’idée derrière cette levée de fonds est de mobiliser les individus et les sociétés du tissu économique de la sous-région et de l’international derrière plusieurs projets d’investissement d’Etat qui vont bénéficier in-fine à l’ensemble des acteurs. Les investisseurs contribuent à financer l’Etat et reçoivent en contrepartie le remboursement de leur dette couplé des paiements d’intérêts qu’on appelle coupon.
Elle constitue également l’un des nombreux moyens dont dispose l’Etat pour financer ses besoins sur le long-terme alternativement aux prêts contractés à l’international. C’est en quelque sorte un « actionnariat populaire » au profit de l’Etat. Un des avantages de l’APE réside dans le fait qu’il soit accessible à tout le monde dans les limites de la règlementation et des règles de souscriptions. De plus, une fois admis à la cote, vous avez la possibilité de revendre ces titres sur le marché de la BRVM. Le marché secondaire permet de rendre liquide les titres en les revendant en cas de besoin de liquidité.
Concrètement, un APE se passe en cinq étapes
1ère étape : Nous structurons l’opération en interne avec les équipes et les agents de l’Etat désignés à cet effet. Nous procédons à l’élaboration d’un document qu’on appelle « note d’information » présentant la situation financière du Pays, ses perspectives, ses défis et ses opportunités.
2ème étape : Obtenir la validation de l’Autorité des Marchés Financiers de l’UMOA (AMF-UMOA) garant de la bonne conduite des opérations sur le marché financier.
3ème étape : Recueille les souscriptions des épargnants directement et auprès des différentes SGI partenaires.
4ème étape : Une fois l’opération clôturée, les fonds sont transférés à l’Etat et les titres dématérialisés des souscripteurs/épargnants stockés dans leurs comptes titres au sein des SGI et des dépositaires homologués sous la supervision du Dépositaire Centrale-Banque de Règlement (DC/BR).
5ème étape : Nous assurons le service financier et nous assurons que les remboursements soient faits conformément aux calendriers prévus et que le marché (tous les investisseurs) soit servi à chaque échéance.
Source : SA2IF
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Kubeterzié Constantin Dabiré, PDF de S2AIF
«Le succès est la seule issue possible »
Pour cet appel public à l’épargne (APE), c’est la société SA2IF qui a été désignée arrangeur principal. A elle d’œuvrer afin que l’Etat burkinabè puisse lever les 120 milliards FCFA comme prévu. Qu’est-ce qu’un arrangeur principal et quel est son rôle ? Comment mobiliser les personnes physiques et morales et réaliser cette opération dans un contexte sécuritaire et économique assez compliqué.
Le PDG de la Société SA2IF, répond ici aux questions de L’Economiste du Faso. Pour lui, « le succès est la seule issue possible ».
L’Economiste du Faso : Quels sont les caractéristiques nécessaires à avoir pour une SGI pour être « Arrangeur principal » d’une telle opération ?
Kubeterzié Constantin Dabiré, PDF de S2AIF : Il convient tout d’abord de souligner que le rôle principal des SGI est de faciliter l’intermédiation financière. À cet égard, elles mettent en relation les agents nécessitant des financements avec ceux disposant de capacités de financement. La réalisation de cette mission essentielle nécessite une bonne connaissance du marché financier régionale et une expertise en ingénierie financière. Par conséquent, dans le cadre d’un APE, une SGI doit disposer d’une équipe hautement qualifiée et expérimentée dans les domaines de la structuration financière et de la mobilisation de fonds. Il est également essentiel de démontrer une bonne connaissance des outils et des canaux modernes de communication afin de toucher un large éventail d’investisseurs. Sur cet aspect, nous sommes outillés et disposons de partenariats techniques stratégiques qui renforcent notre capacité à atteindre nos objectifs de communication et à mobiliser efficacement les investisseurs potentiels.
En principe, toute SGI est en mesure de structurer un APE, étant donné que la qualification technique est requise pour l’octroi de l’agrément. En effet, la structuration d’opérations financières constitue le cœur de métier d’une SGI. Comme nous l’avons mentionné précédemment, nous avons une expérience avérée dans ce domaine, bien que nous soyons à notre première opération d’Etat.
Dans le contexte actuel situation sécuritaire et économique assez compliquée, n’est-ce pas un pari difficile ?
Effectivement, le défi est de taille, mais les enjeux sont si cruciaux que le succès est la seule issue possible. Nous avons une confiance absolue dans la capacité de l’État à surmonter les obstacles posés par la crise sécuritaire et ses répercussions économiques.
De plus, la conjoncture économique régionale et mondiale est marquée par une certaine tension, étant donné que plusieurs pays de la zone sont confrontés aux mêmes défis sécuritaires, auxquels s’ajoute la crise de liquidité générale. Néanmoins, en dépit de ces difficultés, le potentiel économique et les opportunités de croissance du Burkina Faso demeurent prometteurs, notamment dans des secteurs clés tels que l’agriculture, les mines et l’énergie. En investissant dans des projets structurants et en renforçant la résilience économique du pays, nous sommes fermement convaincus que le Burkina Faso peut relever ces défis et progresser vers un avenir plus prospère et sécurisé.
Comment comptez-vous vous y prendre pour rassurer les investisseurs ?
Pour rassurer les investisseurs, nous mettons en place plusieurs mesures de sécurité et de transparence. Tout d’abord, l’opération bénéficie de la garantie souveraine de l’État à première demande, offrant ainsi une protection supplémentaire contre les risques éventuels. Ensuite, un compte séquestre est mis en place et sera alimenté à partir de la BCEAO (Banque Centrale des États de l’Afrique de l’Ouest) pour honorer les différentes échéances, assurant ainsi la disponibilité des fonds nécessaires au remboursement des investisseurs. De plus, les obligations émises dans le cadre de cette opération bénéficieront du refinancement au guichet de la BCEAO, ce qui renforce leur sécurité et leur attractivité.
Enfin, pour garantir la liquidité des titres, les obligations seront inscrites et cotées à la BRVM (Bourse Régionale des Valeurs Mobilières), offrant ainsi aux investisseurs la possibilité de les acheter et de les vendre facilement sur le marché financier régional. Ces mesures combinées visent à fournir aux investisseurs une assurance et une confiance accrues dans l’opération et à leur offrir un environnement d’investissement sûr et transparent.1
Propos recueillis par ESS