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IUTS: L’Assemblée nationale comme médiateur ?

Le Premier ministre, Christophe Dabiré, a été interpellé sur le bras de fer en cours entre le gouvernement et une partie des syndicats sur la mise en œuvre du prélèvement de l’IUTS sur les primes et indemnités du public.
Toute chose qui plombe la bonne marche de l’Administration avec les grèves et mouvements d’humeur à répétition. Répondant au député auteur de la question, le Premier ministre a tout de suite recadré les choses. C’est une loi votée par les députés, elle n’a pas été « imposée » aux fonctionnaires. Et si elle n’est pas bonne, les députés ont la latitude de faire une proposition de loi et le gouvernement avisera.
Depuis le début de cette crise liée à l’IUTS, cette interpellation publique du chef du gouvernement montre l’exaspération des Burkinabè, qui ont envie de quitter cette crise permanente depuis décembre 2019. Dans le même temps, la réponse du chef du gouvernement pourrait être loin d’être vexatoire et parait plutôt être une perche tendue subtilement à la Représentation nationale de s’impliquer, à sa façon, pour sortir de cette impasse.
Le Premier ministre, devant l’Assemblée nationale, a encore réitéré la disponibilité du gouvernement à dialoguer pour trouver une issue à la crise. Est-ce à dire qu’il est disposé à faire des concessions ? Dans les coulisses, il se susurre que l’IUTS ne sera pas supprimé tel que le souhaitent les syndicats. Mais, qu’il ya de la marge pour revoir certaines modalités. Cette discussion sur les modalités n’est possible que si tout le monde retourne à la table de négociation. C’est en cela que le préalable des syndicats avant toute discussion au fond avec le gouvernement est devenu un véritable obstacle.
Cette mesure a été adoptée par l’Assemblée nationale dans le cadre de la loi de finances 2020 en décembre 2019 et devrait permettre à l’Etat d’améliorer sa mobilisation interne de recettes pour faire face à ses charges.
Les syndicats, emmenés par le bloc CGT-B, ont déclenché un vaste mouvement de grève en signe de protestation. Pour eux, c’est une mesure anti-travailleurs, dans la mesure où elle réduit le pouvoir d’achat des fonctionnaires. Ainsi, ils demandent purement et simplement sa suspension et le remboursement des sommes déjà prélevées. Pour eux, c’est un préalable à toute discussion avec le gouvernement. Et c’est là toute la difficulté de ce dossier. Comment lever un préalable qui était un élément important dans la stratégie de l’équipe du Secrétaire général de la CGT-B, Bassolma Bazié, dans la mesure où la démonstration de force prévue devait amener le gouvernement à faire marche arrière.
Il n’en a rien été, pire, le dossier se complique avec des coupures de salaire en cascades pour « travail non fait » et son lot de procès au niveau des magistrats dont on attend que le Conseil d’Etat vide les appels.
Le dossier IUTS est devenu donc un véritable cul-de-sac et c’est à qui ferait le premier pas pour soulager l’autre camp. L’amour propre ou les egos des uns et des autres empêchent d’enclencher ce dialogue dont le pays a besoin pour finir son année scolaire et dégager les horizons pour mieux préparer les élections. On imagine difficilement le bouclage de l’année sans une solution discutée entre les protagonistes, si l’on veut le faire dans un climat apaisé, dans la mesure où le gros de la troupe de Bassolma se recrute au niveau des enseignants. En réalité, le piège s’est refermé sur les deux acteurs.
L’un avait la force de la loi, et l’autre croyait avoir l’argument de la force en prenant l’Administration en otage. A l’arrivée, il n’y a, pour le moment, ni vainqueur ni vaincu, mais un pays en souffrance avec un service public de moins en moins pro-usagers. Parce qu’ils ne sont pas toujours au cœur des préoccupations des protagonistes.
Si l’Assemblée osait cette proposition de loi, et si tous les protagonistes sont de bonne foi, l’on avancerait sur le dossier, même au prix d’un dialogue indirect. Le Parlement soulagerait les syndicats de leur préalable devenu encombrant et le gouvernement pourrait dire jusqu’où il peut aller dans l’allègement de l’IUTS en faveur des fonctionnaires sans que le secteur privé crie à l’injustice.o
FW

Devant l’Assemblée nationale, le Premier ministre a expliqué que son gouvernement était ouvert au dialogue et que si la loi sur l’IUTS n’était pas bonne, l’Assemblée pouvait faire une proposition. (DR)

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