Economie

Mine d’or de Kalsaka : L’espoir perdu pour les femmes

 

L’Organisation pour le renforcement des capacités de développement (ORCADE) a présenté le 11 février 2016 une étude des impacts de l’exploitation minière, qu’elle soit artisanale ou industrielle, sur les conditions de vie des femmes. L’étude a été réalisée autour du site minier de Kalsaka.
Pendant une semaine, un enquêteur de ORCADE a vécu avec les communautés afin de collecter les informations ayant servi à la rédaction du rapport. Il ressort du rapport que le secteur minier du pays est caractérisé par la coexistence de l’exploitation à grande échelle pratiquée par les compagnies minières avec l’exploitation à petite échelle constituée de mines artisanales ou petites mines et l’orpaillage.
A Kalsaka, localité située à une centaine de kilomètres, de Ouagadougou, qui abritait la société d’exploitation industrielle Amara Mining, la grande majorité de la population pratiquait l’agriculture et l’orpaillage avant l’installation de la mine. L’avènement de la mine dans la localité a suscité de grands espoirs dans la communauté, notamment la création d’emplois au sein de la mine et d’opportunités d’affaires. Mais ce qui leur a été dit et promis n’a pas été réalisé, laissant les populations dans le désespoir. «On nous a promis le bonheur avec l’avènement de la mine, mais la mine nous a rendus plus misérables», regrette Awa O., une femme âgée de 63 ans.
Avant l’installation de la société, les femmes exploitaient l’or dans la zone. Elles creusaient les trous d’où elles extrayaient la terre qu’elles concassaient en vue d’obtenir une matière fine et la vannaient pour garder la matière contenant du minerai. Elles lavaient ensuite le minerai retenu pour obtenir de l’or qui était vendu par la suite. Ce qui permettait aux femmes de subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles.
De leur côté, les hommes creusaient des trous plus profonds d’où ils faisaient remonter le minerai pour le donner aux femmes qui le broyaient et le conditionnaient dans des sacs. En guise de rémunération journalière, cette activité procurait à chaque femme de l’argent. Elles étaient aussi payées pour le lavage du minerai.
L’installation de la mine a concerné 51 villages à Kalsaka. Sa mise en place, outre la réduction des terres disponibles pour l’exploitation artisanale de l’or (les femmes sont interdites d’accès au périmètre de sécurité), a réduit les espaces destinés à la production agricole. Les agriculteurs expropriés de leurs champs sont insatisfaits de la compensation financière proposée par la société minière.
Fatima N., 30 ans, raconte: «La compagnie minière a retiré nos champs, ils nous interdisent de pratiquer l’orpaillage dans la zone, mon mari est parti chercher du travail en ville et m’a laissée avec mes cinq enfants. Je ne sais plus comment les nourrir.» Seules les pertes de champs ont été concernées par les compensations. Les anciens orpailleurs regrettent de n’avoir pas été associés à la décision d’interdiction d’occuper les anciens espaces et disent n’avoir pas été concernés par la compensation financière.
La rapport indique également que l’installation de la mine a perturbé la communauté dans son ensemble, mais particulièrement les femmes. Elles ont perdu les terres sur lesquelles elles cultivaient des biens marchands et de subsistance, mais aussi elles ont perdu l’accès aux revenus qu’elles tiraient de l’orpaillage. «Mon champ est loin de chez moi et, outre les tâches ménagères quotidiennes, je suis obligée d’effectuer un long trajet à pied. Voilà que je souffre de maux de dos chroniques et je n’ai pas d’argent pour me soigner», raconte Mariam B. (30 ans). Cette situation a entrainé un bouleversement au sein de la communauté qui affirme s’être davantage appauvrie avec l’arrivée de la mine, et la situation socioéconomique déjà peu reluisante de la femme s’est encore détériorée.

E.K


Lutter contre l’extraction destructrice des ressources

L’étude de ORCADE a été réalisée dans le cadre du projet d’action recherche participative WOWIN «Femmes africaines unies contre l’extraction destructrice des ressources». D’autres pays ont réalisé des études comme c’est le cas du Burkina Faso. Il s’agit de l’Ouganda, la République démocratique du Congo, le Zimbabwe, le Nigeria, l’Afrique du Sud, le Ghana.

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