Les cours du soir font désormais partie intégrante des programmes des établissements d’enseignement supérieur privés au Burkina. Ce programme initialement conçu pour accompagner les cours du jour connaît de plus en plus un boom au niveau des effectifs. Ces cours constituent ainsi une part considérable des effectifs au niveau de plusieurs établissements. Cette proportion représente un taux compris entre 30 et 40 % du total des effectifs de ces structures. À l’université Aube nouvelle (anciennement Isig) ce sont plus d’un millier d’étudiants qui sont inscrits en cours du soir.
Ce nombre va croissant, proportionnellement au nombre d’établissements privés et à leur notoriété. Selon le tableau de bord de l’Enseignement supérieur 2012-2013, le privé a enregistré 26,6 % des étudiants diplômés, et ce dynamisme est caractérisé par un taux d’accroissement moyen annuel du nombre de diplômés de 32% durant ces dernières années.
L’engouement pour ces cours est dû en partie aux facilités qui sont offertes aux étudiants pour l’acquisition des diplômes. En effet, selon les études du ministère en charge de l’Enseignement supérieur, le pourcentage des redoublants du privé représente 1%, tandis qu’il est de 16,7% dans les instituts publics. Ces cours du soir sont essentiellement dédiés aux professionnels désirant améliorer leurs compétences; afin d’être plus compétitifs. L’option est plutôt professionnelle, d’où l’exigence d’un curriculum vitae comme préalable à l’inscription dans certains établissements.
Contrairement aux cours du jour, les inscrits sont pour la plupart des étudiants en Master. Selon les établissements, les auditeurs manifestent le besoin pour les filières telles que la finance-comptabilité; le transport-logistique; le management des projets. A en croire les étudiants, ces filières répondent aux exigences du marché de l’emploi. Pour ce faire, les frais de scolarité diffèrent selon la formation sollicitée. Pour un Master, le coût varie entre 800.000 et 2.500.000 F CFA, tandis que pour une Licence, il faut débourser entre 400.000 et 700.000 F CFA par année de formation.
Les chiffres révèlent que les inscrits au cours du soir contribuent grandement à la santé financière de ces établissements. A l’université Aube nouvelle, par exemple, les frais des cours de soir constituent environ 70% du chiffre d’affaires, selon Eugène Taminy, le responsable des affaires académiques et de la scolarité. Le directeur général l’Institut africain de management, Alioune Benga, sans avancer de chiffres, reconnaît la place de choix qu’occupent les cours du soir dans le chiffre d’affaires de son établissement. Au regard de leur apport, les cours du soir bénéficient d’une attention particulière des promoteurs. A commencer par la sélection des enseignants: en plus de la qualification, le choix est porté sur l’expérience du corps professoral, pour répondre aux attentes des étudiants. Au besoin, les responsables d’établissements ont recours aux compétences venues de l’étranger, afin d’optimiser les résultats et de donner du crédit à leurs écoles. En effet, les étudiants en cours du soir ont un maximum de 3 heures d’enseignement par jour, avec les mêmes modules que les programmes dispensés en cours du jour. La formule trouvée est d’étendre le programme sur 12 mois pour les cours du soir, au lieu de 9 mois.
Le dynamisme du secteur privé est orienté vers une diversité des offres de formation, dans un schéma Licence-Master-Doctorat. Dans ce scénario, la bonne affaire reviendra aux établissements qui sauront mieux répondre aux exigences des auditeurs.
La concurrence oblige les promoteurs à développer des initiatives pour attirer le maximum d’étudiants. Ce sont notamment les cours en co-diplomation : l’argument consiste à délivrer aux étudiants des diplômes de l’établissement d’origine et de celui d’un établissement partenaire (Europe, Etats-Unis, Canada) pour des cours suivis sur place. L’option en expérimentation dans certaines grandes écoles cotées de la place est celle des cours en ligne. Cette idée presentée par les promoteurs comme une innovation, prend en compte les exigences des étudiants inscrits en cours du soir, dont la plupart travailleurs dans le secteur public et privé manquent de temps pour des cours en présentiel.
Sur la nécessité de la formation continue
«La formation continue est devenue une nécessité. Personne ne peut garantir la pérennité d’un emploi à un employé. C’est à l’agent de garantir son emploi. Etant donné que nous sommes dans un environnement très concurrentiel, dans tous les domaines, c’est la jungle. Ce sont les plus compétents qui vont perdurer.
De ce fait, chacun est obligé de se former continuellement pour pouvoir être en phase avec les orientations, les obligations et les exigences. Chez nous, il y a une part extrêmement importante des auditeurs en cours du soir qui viennent de l’administration. Ils sentent aujourd’hui la nécessité d’être en phase avec le monde de l’entreprise. On n’a plus besoin de BAC+2 pour s’imposer en entreprise. Le niveau de recrutement est beaucoup plus élevé, à partir de BAC+5. C’est la raison pour laquelle on enregistre un nombre élevé au niveau des cours du soir», affirme Alioune Benga, directeur général de l’Institut africain de management.CD