La Société nationale d’électricité du Burkina (Sonabel) a réalisé deux études dont l’une porte sur «le Schéma directeur d’électrification du pays à l’horizon 2030» et l’autre sur «les Schémas d’investissement de la Sonabel et leurs implications tarifaires».
Ces études ont défini les investissements requis pour faire face à la demande en énergie. Le renforcement des capacités de production nationale à une puissance cumulée de 750 mw, la réalisation d’interconnexions avec les pays de la sous-région pour importer environ 400 Mw sur la période 2015-2030 ont été proposés, en plus de «l’ajustement des tarifs de vente» pour la Sonabel afin qu’elle puisse maintenir sa santé financière.
A propos du dernier point, l’étude a exprimé haut ce que les différents responsables de la Sonabel pensaient très bas. On se souvient que l’augmentation du prix du kW avait même été préconisée à l’Assemblée générale des sociétés d’Etat de 2013 qui a porté sur les résultats de l’exercice financière 2012, au moment où la Sonabel enregistrait un résultat négatif de 15 milliards de F CFA.
Cependant, le contexte n’était pas favorable. Le Burkina Faso venait de sortir d’une année de crise (2011) et l’année 2012 a été une année éprouvante en matière de fourniture d’électricité. Les délestages se sont succédé depuis cette date jusqu’en 2014. Ces facteurs réunis ont fait reculer la Sonabel et même le Gouvernement. Les prix du kW sont donc restés en l’état jusqu’à ce jour.
Voilà qu’en début de ce mois de septembre 2014, le ministre des Mines et de l’énergie, Salif Lamoussa Kaboré, a effectué une visite sur le site de la centrale Bobo 2. Ce site abrite deux projets (en cours d’exécution) de renforcement de la capacité de la centrale. Les travaux de ces deux projets étaient à un taux d’exécution cumulé de 79% et fourniront 48 mégawatts (mw) d’ici, décembre 2014. A l’issue de la visite, Jean Christophe Ilboudo, directeur général de la Sonabel, a reconnu que «nous avons actuellement une capacité de production estimée à près de 188 mw/h, pour une demande estimée en 2015 à 255 mw/h. Aujourd’hui, la réalisation de cette infrastructure est importante pour nous parce que si nous avons 48 mw en plus, cela va nous permettre de réduire notre déficit en la matière».
Si l’on suit le directeur général de la Sonabel, le déficit d’énergie est de 67 mw actuellement. La capacité de production passera de 188 mw à 236 mw en 2015 avec les 48 mw que fournira Bobo 2. En somme, le déficit passera à 19 mw. Il n’est pas à 100% résorbé, mais simplement réduit.
Cet investissement estimé à 41,692 milliards de F CFA relance le débat sur l’augmentation du prix du kW d’électricité, surtout qu’une bonne partie, environ 14,315 milliards de F CFA, serait financée par un partenaire privé, en l’occurrence la Boad.
Le Gouvernement pourra-t-il contenir pendant longtemps le prix du kW d’électricité au niveau actuel vu que d’importants investissements sont en cours ? La mise en œuvre de l’approche «pôles régionaux de production» va engendrer une mobilisation financière. Les financements des groupes thermiques diesel de 15 mw à Ouahigouya et à Fada N’Gourma sont déjà assurés par la Banque mondiale. Il reste à rechercher le financement de ceux de Dédougou (10 mw), de Dori (3,75 mw) et de Gaoua (3,75 mw).
Le processus de recrutement d’un producteur indépendant d’électricité pour construire une centrale de 100 mw à Ouagadougou est en cours, le premier appel d’offres ayant été jugé infructueux. Le Gouvernement a le dos au mur et la Sonabel pourrait emboîter le pas à l’Onea. Après avoir longtemps contenu ses prix, l’Onea a officiellement annoncé l’augmentation du prix de l’eau dès la fin de ce mois.
41,692 milliards de F CFA pour 48 mw
Les travaux sur le site de Bobo-Dioulasso sont assurés le Groupement Telemenia Ltd, d’origine israélienne. Le coût total des deux projets est de 41,692 milliards de F CFA dont 19,704 milliards de F CFA pour le premier projet (Boad 14,315 milliards de F CFA et Sonabel 5,389 milliards de F CFA) et 21,987 milliards de F CFA pour le deuxième projet (Etat 17 milliards de F CFA et Sonabel 4,987 milliards de F CFA).
Bobo 2 est exécuté en quatre axes :
– les travaux de génie civil ;
– l’acquisition, l’installation et la mise en service de 4 groupes d’une puissance garantie de 48 mw,
– la réalisation du système d’évacuation de l’énergie électrique et son intégration au système existant,
– l’installation et la mise en service d’une salle de commandes unique de l’ancienne centrale et du projet d’extension.
Le taux d’exécution est de 98% pour le génie civil, 71% pour le volet électrique et 59% pour le volet mécanique.
Joël BOUDA