
• Face à de nombreux défis rencontrés
• L’Etat promet, entre autres, l’accélération du traitement des dossiers
• La digitalisation accrue des procédures fiscales et douanières
Dans un contexte de guerre contre le terrorisme, le gouvernement burkinabè veut voir plus clair dans les sources de financement des Organismes non gouvernementaux (ONG), les Fondations et les Associations de développement (AD). Cette volonté est traduite par le thème d’un rendez-vous majeur : les Journées nationales de concertation Etat-ONG/AD et Fondations, tenues les 2 et 3 octobre 2025. « Transparence et responsabilité financière des ONG dans la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme » était, en effet, le thème des JNC 2025.
Les concertations de cette année ont réuni plus de 400 participants issus des Organismes à but non lucratif (OBNL), des services étatiques, des collectivités territoriales et d’institutions privées. Les réflexions ont porté sur deux sous-thèmes : le renforcement du suivi-contrôle des flux financiers des ONG/AD et Fondations, et le rôle et la responsabilité des ONG dans la lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme.

Pour ce qui est de la responsabilité des OBNL dans la lutte contre le blanchiment de capitaux, le rapport y relatif a relevé de nombreux défis et insuffisances. En premier lieu, la faible appropriation des normes comptables et financières. Il s’agit, notamment, des difficultés de transmission à la CENTIF (Cellule nationale des informations financières) des déclarations de faits susceptibles de blanchiment de capitaux et de financement du terrorisme par les OBNL situés en zones éloignées de Ouagadougou ; du risque important de blanchiment de capitaux lié aux prestataires et fournisseurs des OBNL. Lenteurs dans la délivrance des conventions d’établissement ; absence de contrôle fiscal systématique, malgré les sanctions prévues en cas de non-conformité ; difficultés d’accès à des informations fiables sur les interventions de certaines ONG/AD et Fondations au niveau régional ; manque de ressources humaines qualifiées ; faibles moyens financiers pour assurer une gestion conforme ; circuit d’enregistrement au registre des OBNL centralisé, peu accessible aux entités installées dans les régions, sont autant d’autres défis auxquels font face les organismes à but non lucratif. S’agissant du suivi-contrôle des flux financiers, le rapport y relatif relève des insuffisances structurelles et opérationnelles de la traçabilité des ressources mobilisées par les Organismes à but non lucratif (OBNL).
En orientant les réflexions sur la responsabilité financière des ONG dans la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, le gouvernement burkinabè met le doigt sur une question d’actualité, dans un contexte global de lutte contre les flux financiers illicites et le financement du terrorisme. « Certains rapports nationaux et internationaux ont relevé des préoccupations quant à la possibilité que des circuits informels d’aide soient détournés à des fins de financement illicite », a souligné le Secrétaire général du ministère de l’Economie et des Finances, par ailleurs président du comité d’organisation des JNC 2025, Vieux Rachid Soulama.
Face aux préoccupations telles que le rétrécissement de l’espace humanitaire, la baisse des financements et la lourdeur des procédures administratives, le Premier ministre, Jean Emmanuel Ouédraogo, présidant la clôture des JNC, a tenu à rassurer quant à la volonté de l’Etat d’y apporter des réponses. Et cela, à travers l’annonce de plusieurs mesures, dont l’accélération du traitement des dossiers d’agrément et d’autorisation, ainsi que la digitalisation accrue des procédures fiscales et douanières.
Rappelons que les JNC sont organisées depuis plus d’une décennie par le gouvernement burkinabè. Ce rendez-vous constitue un espace de dialogue, d’orientation et de prise de décision. « Ces journées représentent une occasion privilégiée pour consolider la concertation entre l’État et les organisations non gouvernementales. En instaurant un climat de confiance, de dialogue et de complémentarité, nous renforçons notre capacité collective à répondre ensemble aux besoins pressants de nos populations », a indiqué la vice-présidente du Secrétariat permanant des ONG (SPONG), Aminata Diallo.
Béranger KABRE (Collaborateur)
7 recommandations pour des ONG transparentes et financièrement responsables
Les deux journées de concertation ont débouché sur des recommandations « fortes », aussi bien à l’endroit du gouvernement qu’aux OBNL.
A l’endroit du gouvernement :
• Renforcer les capacités des structures étatiques pour un meilleur accompagnement des OBNL et une meilleure maîtrise des normes (comptables, anti-blanchiment) ;
• Harmoniser les outils de suivi et de capitalisation ;
• Mettre en place un dispositif de déclaration des donations au niveau des services déconcentrés en charge des libertés publiques.
A l’endroit des OBNL
• Se conformer aux dispositions règlementaires en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et la lutte contre le financement du terrorisme ;
• S’approprier des textes règlementaires encadrant leurs interventions sur le territoire national ;
• Créer et opérationnaliser un dispositif au sein des faîtières, dédié à conseiller et à accompagner les OBNL pour mieux assurer leurs obligations en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme ;
• Nommer des responsables au sein des organisations, chargés des questions de BC/FT.