
• Environ 2000 milliards FCFA d’investissements directs étrangers en 2024
• Le secteur minier est la principale destination
• Mais l’impact dans l’économie reste faible
Journée studieuse pour des acteurs du secteur minier burkinabè. Dans la matinée du mardi 15 avril 2025, le ministère de l’Energie, des Mines et des Carrières a organisé un atelier sur les « investissements directs étrangers et dynamique de la croissance économique au Burkina Faso » et « les actions et mesures du gouvernement pour renforcer les retombées économiques du secteur minier au Burkina Faso », un rapport réalisé par le Centre d’analyse des politiques économiques et sociales (CAPES).

L’atelier avait, selon ses initiateurs, pour objectif de permettre aux acteurs du secteur minier de s’approprier la note de conjoncture du CAPES, les actions et mesures du gouvernement pour une amélioration de la contribution des IDE à la croissance économique. Il s’est surtout agi de faire l’état des lieux des actions et mesures pour optimiser les retombées socioéconomiques de l’exploitation minière et renforcer la contribution des IDE à la croissance économique au Burkina Faso, notamment, dans le secteur minier, et de produire un rapport global de l’atelier comprenant les recommandations formulées.
Un faible impact des IDE sur l’économie nationale

Les investissements directs étrangers (IDE) désignent les investissements effectués par un résident d’un pays (l’investisseur direct) dans une entreprise située dans un autre pays, avec pour objectif d’établir un intérêt durable et une influence significative sur la gestion de cette entreprise. La bonne nouvelle est que le Burkina Faso a enregistré, ces dernières années, une augmentation significative des IDE, principalement dans le secteur minier. En effet, le secteur a été la principale destination des IDE entrants ces dernières années. En 2021, l’encours des IDE dans les mines était de 668,422 milliards FCFA, représentant 58,4% de l’encours total des IDE. L’or, qui représente une part importante des exportations du pays, a attiré des investissements majeurs de la part de compagnies internationales. Ils sont aussi orientés vers le secteur de l’intermédiation financière, le secteur de l’industrie manufacturière, le secteur des télécommunications et le commerce de gros et de détail.
En dépit de cela, le constat est net, selon le ministre de l’Energie, des Mines et des Carrières : l’apport des IDE du secteur minier à l’économie nationale reste encore faible. «En effet, malgré des IDE estimés à plus de 2000 milliards FCFA en 2024, la contribution du secteur minier en termes de part des industries extractives dans le PIB (14,8% en 2023), recettes directes au Budget de l’Etat (529 milliards en 2023), recettes d’exportation (2349 milliards en 2023), emplois directs des sociétés minières (18 863 emplois en 2023) reste en deçà des attentes», a relevé Yacouba Zabré Gouba.
Des actions et mesures du gouvernement pour améliorer la situation
Selon Dr Marcelin T. Ouédraogo, auteur de l’étude pour le compte du CAPES, les résultats ressortent des limites pour l’économie burkinabè. «Après l’étude, on s’est rendu compte qu’à court terme, il n’y a aucun impact des investissements directs sur la croissance. C’est comme si la croissance économique évolue de façon indépendante des investissements directs étrangers. A long terme, on s’est rendu compte même que l’impact est négatif», a relevé l’expert. Il explique cela par le fait que «la majeure partie des contributions qui sont des participations au capital des entreprises, les bénéfices qui sont générés sont rapatriés, ça ne reste pas au pays. Donc, si c’étaient des entreprises qui consistaient à transformer nos matières premières, ça pouvait nous donner des valeurs ajoutées sur nos produits exportés et contribuer davantage à créer des emplois et des revenus pour les populations ».
Face à cette situation, l’expert a proposé de mener des réformes, afin de faire du secteur minier un secteur qui apporte beaucoup plus à la croissance. Il a aussi suggéré de promouvoir le contenu local, afin que la plupart des services et autres que les mines utilisent puissent être fournis sur place. Ce qui va permettre d’avoir des investisseurs nationaux dans le secteur minier. «Les bénéfices qui seront générés, au lieu d’être rapatriés vers un quelconque pays, vont rester dans le pays et consister encore à de nouveaux investissements», a conclu Dr Marcelin T. Ouédraogo.
Issa SAWADOGO (Collaborateur)
Encadré
La promotion du contenu local, une solution…
Pour Dr Marcelin T. Ouédraogo, la promotion du contenu local peut être une solution à l’accroissement de l’apport des IDE à l’économie nationale. En effet, selon le Secrétaire permanent du contenu local, le Burkina Faso comptait, en 2023, environ 1.500 entreprises fournisseurs de biens et services à des sociétés minières. Ces dernières avaient réalisé un chiffre de vente de près de 317 milliards FCFA en 2022 et d’environ 490 milliards FCFA en 2023. Ces bénéfices générés par ces sociétés burkinabè restent au profit de l’économie nationale.