• Explication des enjeux et des opportunités
• Baliser le terrain au Burkina
• Afin d’en tirer le meilleur profit
«Le récent Sommet du FOCAC tenu avec succès à Bejing a marqué une nouvelle étape historique dans le développement des relations sino-africaines ». Ces mots de l’Ambassadeur de Chine au Burkina, Lu Shan, suffisent pour comprendre le bien-fondé d’un atelier de restitution des travaux, tenu le 28 septembre 2024, à Ouagadougou. L’initiative est du Club des jeunes pour le développement de la coopération entre la Chine et le Burkina, qui a mobilisé plusieurs de ses membres pour l’occasion. « Ce cadre nous donne l’opportunité d’examiner les retombées du Forum et de comprendre comment le Burkina peut mieux se positionner pour tirer profit de cette coopération renforcée », a expliqué davantage le Coordonnateur national du Club, Abdoul Razahagou Déné.
Rendre compte des engagements pris à Pékin et décortiquer les enjeux de la coopération sino-burkinabè, c’est en effet l’objectif visé à travers l’animation de trois communications par des personnalités bien au fait des relations internationales: Wang Wenzhang, premier conseiller et conseiller politique de l’Ambassade de Chine au Burkina ; Adama Compaoré, ancien Ambassadeur du Burkina en Chine, et Francis Hien, Chargé de mission auprès du ministère des Affaires étrangères du Burkina.
Francis Hien est revenu sur les grandes annonces faites par la Chine. Au nombre de dix, elles vont du partenariat pour une civilisation mutuelle à celle pour la prospérité du commerce, en passant par le développement des chaînes industrielles ; l’interconnexion ; la santé ; le développement de l’agriculture ; l’économie verte, ainsi que le partenariat pour la sécurité. « L’ensemble de ces partenariats entre en droite ligne avec les objectifs et des besoins de nos autorités et de nos populations », a-t-il indiqué. Pour la mise en œuvre de ces actions annoncées, la Chine compte allouer une enveloppe de 30 000 milliards FCFA au pays africains sur trois ans, soient 17.000 milliards sous formes de crédits; 6.680 milliards d’aide sous différentes formes et 5.845 milliards d’investissements d’entreprises chinoises.
Des enveloppes d’environ 20 milliards FCFA pour le Burkina
En attendant la clé de répartition de ce financement global, le pays des Hommes intègres bénéficiera, au plan bilatéral, de 17 milliards FCFA d’aide sans contrepartie; une aide alimentaire de 1,7 milliard et 3 milliards pour divers appuis, a détaillé Francis Hien. A cela, il faut ajouter l’exemption de taxes douanières sur les produits agricoles burkinabè exportés vers la Chine. Tout cela fait dire à Francis Hien que les relations Chine-Burkina sont « très excellentes », d’autant plus qu’elles sont désormais élevées au rang de « partenariat stratégique ».
Des spécificités et des caractéristiques des relations sino-burkinabè mises en exergue par l’ancien diplomate, Adama Compaoré, ont été présentées comme des atouts de la mise en œuvre de ces différentes actions annoncées. L’ex-Ambassadeur du Burkina en Chine a, notamment, relevé la pluralité ethnique aussi bien au Burkina Faso qu’en Chine, d’où une similitude culturelle, le partage d’une vision commune de coopération d’égal à égal, le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures des nations partagés par les deux Nations, etc.
Béranger KABRE (Collaborateur)
Encadré
Les raisons d’une Chine réticente au transfert des technologies
Les différentes annonces de la Chine à l’égard de l’Afrique font émerger « des critiques et des préoccupations » chez une certaine opinion, tentée de regarder l’Empire du milieu comme « un nouvel impérialiste ». Dans sa communication, lors de l’atelier de restitution, le conseiller politique de l’Ambassade de Chine à Ouagadougou, Wang Wenzhang, y a consacré tout un gros point. « La recherche de l’hégémonie n’est pas dans l’ADN de la Chine », a-t-il déclaré. Wang Wenzhang reconnait « la recherche d’intérêts dans toute coopération », mais soutient que la Chine tient, par contre, à « des intérêts communs, partagés ». Et si d’aucuns estiment que la Chine, dans le cadre de la coopération, a suffisamment de la technologie à transférer à l’Afrique mais ne s’y met pas, le diplomate compare la technologie à de « la semence ». « Il faut la semer, avoir de l’air, une terre fertile pour qu’elle pousse ». Pour lui, le transfert de technologies à l’Afrique doit tenir compte de préalables : la disponibilité d’infrastructures, de l’eau, de l’énergie, d’une main d’œuvre qualifiée et disciplinée ».