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La liberté de la presse agressée, elle vacille dans le monde: l’Afrique est le continent le moins dangereux pour la profession

• 57 journalistes tués en 2022,

• 533 incarcérés

• Les sujets les plus risqués à couvrir

Depuis son apparition jusqu’à nos jours, l’exercice du métier de journalisme a toujours été l’objet de risque de diverses natures. Celles et ceux qui ont fait le choix d’informer sont atteints ou violés dans leurs droits fondamentaux, lorsqu’ils s’intéressent aux sujets susceptibles d’affecter des intérêts de certaines coteries. L’année 2022, qui vient de s’écouler, aura été éprouvante pour les professionnels de l’information. Au cours de cette dernière, 57 journalistes ont payé de leur vie leur engagement pour informer, contre 48 en 2021, et 50 en 2020. La liberté de la presse, en dépit des efforts colossaux consentis pour sa garantie, peine à être une réalité effective. Les différentes données chiffrées, présentées ici, sont issues du bilan du 1er janvier au 31 décembre 2022 de reporters sans frontières (RSF).

Les prisons se remplissent de journalistes

Au 31 décembre 2022, 533 journalistes étaient incarcérés pour avoir exercé leur métier, dont plus d’un quart a été emprisonné au cours de l’année. RSF dit n’avoir pas enregistré, auparavant, un nombre aussi élevé de journalistes emprisonnés. Cette nouvelle hausse du nombre de journalistes détenus (+ 13,4 % en 2022, après une augmentation de 20 % en 2021) confirme que les régimes autoritaires continuent d’emprisonner de façon de plus en plus décomplexée les journalistes qui les dérangent, et ce, le plus souvent sans se donner même la peine de les juger, clame le rapport. Les femmes journalistes n’échappent pas à ces détentions souvent arbitraires et sans fondement légal.

Une hausse historique de près de 30 % du nombre de femmes journalistes emprisonnées

78 femmes journalistes se trouvent actuellement derrière les barreaux. Les femmes journalistes représentent désormais 14,6 % des détenus, alors qu’elles représentaient moins de 7 % des détenus il y a cinq ans. Selon RSF, cette nouvelle hausse reflète à la fois la féminisation croissante de la profession et confirme que les femmes ne sont pas épargnées par la répression. Comme leurs confrères masculins, elles sont victimes des régimes les plus durs envers la liberté de la presse.

Les cinq plus grandes prisons du monde pour les journalistes, par ordre décroissant, sont la Chine, la Birmanie, l’Iran, le Vietnam et la Belarus. Plus de la moitié (54 %) des journalistes emprisonnés dans le monde le sont dans 5 pays. Parfois, on va jusqu’à leur administrer la mort.

Les journalistes tués

Des chiffres qui repartent à la hausse. Après deux ans d’accalmie, et des chiffres historiquement bas, le nombre de journalistes tués en 2022, dans l’exercice de leurs fonctions, augmente de 18,8 %. Cette année, 57 journalistes, dont 20 en zones de conflit et 37 en zones de paix, ont payé de leur vie leur engagement pour informer, contre 48 en 2021, et 50 en 2020. La guerre en Ukraine, qui a éclaté le 24 février 2022, est l’une des causes de cette hausse. Ce conflit a également contribué à multiplier par deux le nombre de journalistes tués hors de leur pays d’origine : sur les 8 journalistes tués depuis le début du conflit ukrainien, 5 étaient des reporters étrangers. Au-delà de ce conflit meurtrier, plus de 6 journalistes sur 10 (64,9 %) ont perdu la vie dans des pays considérés comme en paix, en 2022. De l’avis de RSF, cette augmentation s’explique partiellement par la fin des restrictions de déplacement liées à la pandémie de Covid-19 et par le fait que les journalistes sont repartis en nombre sur les terrains de reportage. Les femmes, de plus en plus nombreuses dans la profession, n’échappent pas à cette tendance à la hausse. En effet, la proportion de femmes journalistes tuées dans l’exercice de leur fonction a été multipliée par 3 en deux ans. Ces professionnels de l’information, qui ont été tués, travaillent sur des sujets sensibles en contexte difficile, et sur lesquels, des personnes ont intérêt à ce que la vérité ne soit pas révélée.

Les journalistes otages

Au moins 65 journalistes et collaborateurs de médias sont actuellement retenus en otages dans le monde. Le nombre global d’otages reste équivalent à celui de l’année dernière, à la même date, des libérations ayant été parallèlement enregistrées au Yémen et certains cas requalifiés à la faveur des informations recueillies. Tous les otages se concentrent dans trois pays du Moyen-Orient, à l’exception du cas d’Olivier Dubois, enlevé au Sahel. Il fait partie des 4 journalistes étrangers encore otages à ce jour.o

RO (Collaborateur)

 

Encadré

L’Afrique moins dangereuse pour la profession

L’Afrique est le continent le moins meurtrier pour les journalistes en 2022. Sur les 65 journalistes otages, seulement 1 se trouve sur le continent, précisément au Mali. Il s’agit du journaliste Olivier Dubois aux mains du groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), un groupe affilié à Al-Qaïda depuis maintenant plus de 20 mois. Aussi, aucune disparition de journaliste n’a été signalée sur le continent. Le nombre de journalistes détenus est moins par rapport aux autres continents. L’un des pires geôliers pour les journalistes en Afrique demeure l’Egypte, qui compte actuellement 27 professionnels de l’information, dont 3 femmes. En revanche, on ne peut aucunement s’en féliciter, l’Afrique, bon élève en matière de liberté de presse, doit intensifier les efforts pour une presse davantage libre et intègre dans les années à venir.o

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