A l’appel du Comité interministériel de détermination des prix des hydrocarbures (CIDPH), des journalistes se sont retrouvés du 18 au 20 juillet 2022 à Ziniaré, dans la région du Plateau central, pour un atelier de réflexion et de sensibilisation sur les produits pétroliers. Les hydrocarbures constituent pour le Burkina Faso, l’un des produits de grande consommation les plus sensibles, tant au niveau de sa manipulation qu’au niveau de la fixation de son prix de mise en consommation.
La problématique de la maîtrise des circuits d’approvisionnement et de distribution, ainsi que celle des prix des produits liquides et gazeux suscitent régulièrement des débats. Les principales critiques formulées vont en direction de l’Etat, chargé de garantir de façon permanente l’approvisionnement du pays en hydrocarbures.
Elle se résume, entre autres, à l’absence de transparence dans la manipulation des structures des prix ; l’absence de transparence dans la gestion de l’approvisionnement du pays par la Société nationale burkinabè d’hydrocarbures (Sonabhy), l’ampleur de la fraude favorisée par l’insuffisance des suivis-contrôles des acteurs par les services compétents ; le manque d’anticipation de l’Administration dans la gestion des crises relatives au secteur des hydrocarbures….
La rencontre de Ziniaré s’est voulu donc un cadre d’échanges et de partage d’idées sur l’approvisionnement et la distribution des produits pétroliers au Burkina Faso. Elle vise à contribuer à dépassionner le débat sur la problématique de la maîtrise des circuits d’approvisionnement et de distribution, ainsi que celle des prix des produits liquides et gazeux. « Il ne s’agit pas de les amener à préparer les esprits à une augmentation imminente des prix des hydrocarbures, mais les aider à mieux comprendre ce qui se passe et le relayer dans leurs différents organes », a précisé d’ailleurs Abdou Salam Gampéné, président du CIDPH, par ailleurs Secrétaire général de la Primature.
Dans les faits, les hommes de médias avaient en face d’eux des représentants des ministères en charge de l’économie, de l’énergie, du commerce et des agents de la Sonabhy. Quatre thématiques ont fait l’objet de communications, suivies d’échanges : « Mécanismes d’approvisionnement du Burkina Faso en produits pétroliers : état des lieux et perspectives pour une meilleure satisfaction de la demande à un meilleur coût » ; « Problématique de la fraude dans le secteur des hydrocarbures et impacts sur l’économie nationale : quelles solutions pour y remédier ? » ; « Structure des prix des hydrocarbures et mécanismes de réajustement des prix au Burkina Faso : limites et possibilités d’amélioration de ces outils » ; « Inflation liée à la hausse des prix des hydrocarbures : quelles solutions pour y faire face ? » et « Subvention à la consommation des produits pétroliers : mécanismes, ampleur, avantages et inconvénients ».
On en apprend, par exemple, que la facture pétrolière du Burkina Faso, à l’instar des autres pays importateurs de produits pétroliers d’Afrique, est fonction de deux grandes variables déterminantes, le cours du baril et le cours du dollar. Une harmonie de ce couple à la hausse est « mortelle» pour la facture pétrolière du pays et pour le pouvoir d’achat des consommateurs. Il faut noter que le système d’approvisionnement du pays en produits pétroliers est fortement perturbé par la crise ukrainienne depuis le mois de mars 2022, occasionnant une hausse actuelle du cours du baril et la non-disponibilité de produits pétroliers sur le marché mondial. Les débats ont permis aux participants de comprendre les mécanismes qui régissent la gestion du sous-secteur des hydrocarbures, comme en témoigne Dramane Dadian, journaliste de la RTB : « Depuis la commande à la source jusqu’au consommateur à la pompe, on nous a déroulé le processus. Avec ce renforcement de capacités, désormais, cela me permet d’expliquer la vérité des prix, les efforts que l’Etat consent pour que le produit puisse être disponible, les difficultés que les techniciens rencontrent… j’ai compris et je peux davantage éclairer mes téléspectateurs ».
Le gouvernement a mis en place une structure, le CIDPH a été créé par décret en 2009, pour s’occuper des activités relatives à l’élaboration des structures des prix des produits pétroliers. Ce comité est chargé, entre autres, de collecter toutes les données et informations sur le marché pétrolier, élaborer la structure des prix des hydrocarbures, déterminer périodiquement les montants des différentes charges qui concourent à la détermination des prix, déterminer les manques à gagner, la résultante du blocage des prix, déterminer les modes de reversement. Le comité est présidé par le Secrétaire général de la Primature. Il est appuyé par des représentants des ministères en charge de l’économie, de l’énergie, du commerce et des agents de la Sonabhy.
Martin SAMA
Encadré
Petit lexique des hydrocarbures
BRENT = acronyme pour Broom, Rannock, Etive, Ness et Tarbert, principales formations pétrolifères en Mer du Nord, type de pétrole brut (sur les centaines qui existent dans le monde), assez léger et peu soufré issu des champs de la Mer du Nord (mélange de pétrole provenant de 19 champs de la Mer du Nord); son prix détermine celui de 60 % des pétroles extraits dans le monde.
– CIF (Cost Insurance Fret) = FOB (Free On Board) + Prime (Fret + Assurance + Marge fournisseur) ;
– Base de cotation pour le FOB : moyenne des cotations moyennes publiées par le platt’s european marketscan. Platt’s European Marketscan.pdf BASE DE DONNEES PLATTS.xlsm
– un Baril représente exactement 42 gallons, soient 158,987 litres.