En dépit de progrès socioéconomiques remarquables enregistrés, les pays de l’UEMOA sont en retard par rapport à d’autres régions, notamment, en termes de taux de pauvreté et d’infrastructures dans la santé, l’éducation et les transports. L’emploi des jeunes constitue également une préoccupation.
Au cours des dernières années, l’espace budgétaire des pays membres de l’UEMOA s’est progressivement rétréci. Des dépenses publiques des différents Etats membres augmentent plus rapidement que les recettes budgétaires. Il faut ajouter le taux de pression fiscale qui est en deçà du minimum communautaire de 20%.
C’est dans ce contexte que la crise de la Covid-19 est venue dégrader davantage la capacité de financement des pays. Pour faire face aux défis, les pays sont obligés de s’endetter.
Au cours d’une communication présentée le 30 septembre 2021 sur « La soutenabilité de la dette publique et la relance économique des pays de l’UEMOA dans un contexte de crise », Franck Bassambié Bationo, Directeur général de l’Economie et de la Monnaie, remarque que les pays africains font face à d’importants besoins de financement alors que l’accès aux ressources disponibles est limité.
Un accroissement de la dette est remarqué dans un contexte de baisse de l’Aide publique au développement (APD).
Il note que dans la structure de la dette publique des pays de l’UEMOA, la part de la dette extérieure est prépondérante.
En effet, sur un encours de la dette publique de 4.746,8 milliards FCFA au 31 décembre 2020, 2.433,4 milliards FCFA sont constitués de la dette extérieure. Elle représente 51,26% de l’encours total de la dette publique en 2020.
L’encours de la dette intérieure est de 2.313,4 milliards FCFA en 2020. Elle est composée en majorité de l’émission des bons et obligations du Trésor qui représentent 80,5% de son encours.
Plusieurs mesures pour atténuer les effets de la Covid-19 prises sur les dépenses budgétaires
La BCEAO, par exemple, a pris des mesures en 2020 pour soutenir les plans de riposte des Etats. Au titre des mesures de politique monétaire, on note l’augmentation de l’offre de liquidité (jusqu’à 6.047,4 milliards FCFA au 30 juin 2020), la couverture de la totalité des besoins des banques, la baisse de son taux minimum à 2%, l’élargissement des collatéraux admissibles aux guichets de refinancement et la cotation d’entreprises privées qui n’avaient pas fait l’objet d’accords de classement.
La BCEAO a aussi pris des mesures d’ordre prudentiel, dont l’assouplissement comptable et prudentiel pour les banques et les institutions de microfinance consistant à maintenir les crédits bénéficiant des reports d’échéances dans la catégorie des créances saines, permettant de contenir le taux brut de dégradation du portefeuille des banques à 11,1% à fin 2020. Elle a aussi maintenu, en 2020, la norme de solvabilité à 9,5% au lieu du seuil initialement prévu de 10,375%, dégageant une marge de 186,8 milliards FCFA pour soutenir l’économie.
Au titre des mesures spécifiques, elle a contribué à mettre en place une ligne de crédit au profit des banques de 100 milliards pour conforter l’accès au crédit bancaire par les entreprises. Elle a reporté les échéances de 351,7 milliards FCFA liées aux entreprises (soit 92,45% du total). Au titre des Etats, la BCEAO a structuré les bons Covid-19 pour la riposte contre la pandémie avec 25 milliards FCFA à la bonification des prêts. Le Burkina Faso a profité du mécanisme des bons Covid-19. Il a retenu un montant de 130 milliards FCFA.
Dans le cadre des actions urgentes du Fonds monétaire international consistant à l’annulation d’environ 37,6 milliards FCFA de la dette des pays à faibles revenus, le Burkina Faso a bénéficié des bons de soutien et de résilience. Au 24 septembre 2021, il a bénéficié de 45,5 milliards FCFA. Dans le cadre de l’Initiative de suspension du service de la dette (ISSD) dont le but est d’alléger, à court terme, la charge financière de la dette des pays afin de leur éviter une crise de la dette dans le contexte de la pandémie de Covid-19, le Burkina Faso a bénéficié de 9,1 milliards FCFA.
La mise en œuvre de ces politiques devrait permettre de relancer la croissance attendue à 5,4% en 2021, après 1,8% en 2020. Le déficit budgétaire devrait s’établir, selon ces prévisions, à 5,2% du PIB et la dette à 52,2%.
Niveau de surendettement en croissance
Mais le rythme d’évolution de la dette publique des Etats inquiète certains observateurs. Il laisse apparaitre un niveau de surendettement en croissance.
Des risques pèsent sur les capacités des Etats, en général, et le Burkina Faso, en particulier, à faire face à ses engagements.
Les pays de l’UEMOA se sont engagés dans le processus d’endettement sans tenir compte de la réalité. En fin 2020, le Burkina Faso a mobilisé plus de ressources internes que les autres années. Les perspectives 2021 sont également bonnes, malgré le contexte sécuritaire et l’impact de la Covid-19 sur la fiscalité de porte.
Les pays de l’UEMOA doivent miser plus sur la fiscalité intérieure que d’avoir un recours systématique à certains types de dettes.o
Elie KABORE
Encadré
Qu’est-ce que la dette publique ?
La dette publique comprend les créances financières qui exigent le paiement des intérêts et/ou du principal par le débiteur au créancier à une date dans le futur. Conformément au Règlement n°09/2007/CM/UEMOA, la dette publique se rapporte aux emprunts intérieurs et extérieurs contractés directement par l’Etat, aux emprunts intérieurs et extérieurs contractés par les démembrements de l’Etat et aux emprunts publics et privés garantis par l’Etat ou ses démembrements.