Le 3 mai 2021, le monde entier a célébré la Journée internationale de la liberté de presse, sous le thème international : « L’information comme bien public ». La commémoration a eu lieu dans la salle Henri Sebgo du Centre national de presse Norbert Zongo (CNP-NZ), en présence de nombreux hommes de médias.
Cette année, la journée est à son 28e anniversaire. Au Burkina Faso, elle se tient dans un contexte où le pays est plus ou moins bien coté au plan de la liberté de la presse. En effet, selon le classement de Reporter sans frontière (RSF), en Afrique, le Burkina occupe la 5e place, après l’Afrique du Sud (4e), le Ghana (3e), le Cap Vert (2e) et la Namibie (1re). Ainsi, en matière de liberté de presse, le Burkina est 1er en Afrique francophone. Dans le classement mondial, il occupe la 37e place sur 180 pays.
Il faut dire que la liberté de presse du pays présente une situation plutôt reluisante. Cependant, elle est menacée par la situation que traverse le pays : l’insécurité et la crise sanitaire liée à la pandémie du Coronavirus. En plus des entreprises de presse, cette maladie a déstructuré les moyens et systèmes de production économique. Aussi, les mesures entreprises par le gouvernement burkinabé pour limiter la propagation ont constitué un frein à l’accès à l’information journalistique. L’insécurité, quant à elle, affecte incontestablement les médias.
Dans les régions durement éprouvées, il est difficile, voire, dans certains cas, impossible pour les journalistes de rejoindre les sources d’information. A cela s’ajoutent la recrudescence de la violence et des menaces régulières à l’encontre de certains journalistes et défenseurs de la liberté d’expression et de la presse. A en croire le président du comité de pilotage du CNP-NZ, Inoussa Ouédraogo, « au moins six (6) cas d’agressions et de menaces de mort par balles à l’égard de journalistes ont été recensés en 2020 » au Burkina Faso. Au plan national, le thème retenu pour la commémoration de la journée est : « La viabilité de l’entreprise de presse ».
Le président du Conseil supérieur de la communication (CSC), Mathias Tankoano, a salué l’œuvre des femmes et des hommes de médias qui rendent disponible l’information. Il a également salué le classement de la liberté de presse 2020 du pays qui est 1er dans l’Afrique francophone et 5e dans toute l’Afrique. Pour lui, « cela montre la qualité de travail abattu par les médias nationaux mais aussi l’effort de synergie entre le pouvoir public et les organisations professionnelles de la presse pour que nous ayons cet espace de liberté qui est le ciment de notre démocratie », disait-il. Pour Inoussa Ouédraogo, le CNP-NZ place cette célébration sous le signe de la réflexion pour qu’il y ait des entreprises de presse beaucoup plus viables au Burkina. La présentation des résultats de l’étude sur l’état de la liberté de presse 2020 était également à l’ordre du jour. En effet, depuis un certain temps, le CNP-NZ fait une étude pour évaluer la santé de la liberté de la presse au plan national. Pour 2020, le pays enregistre une note de 2,41, contre 2,50 en 2019. Cette note lui confère une situation plutôt bonne.o
Issouf TAPSOBA (Stagiaire)
Encadré
Lancement de deux prix journalistiques
La cérémonie a connu également le lancement de deux prix journalistiques. Il s’agit du prix Norbert Zongo du journaliste d’investigation et du prix de la meilleure journaliste édition 2021. Le prix Norbert Zongo du journaliste d’investigation est ouvert à tous les journalistes professionnels de l’Afrique employés dans un organe de presse ou collaborant avec des organes de presse africains. Seules les œuvres produites entre le 3 mai 2019 et le 3 mai 2021 sont concernées. La date limite de dépôt des dossiers est fixée au 15 septembre 2021. Quant au prix de la meilleure journaliste, les œuvres concernées doivent être produites entre le 3 mai et le 30 septembre 2021. Il concerne les genres journalistiques comme le reportage, l’enquête et l’interview. Les catégories concernées sont la radiodiffusion, la télévision et la presse écrite et en ligne. Un hommage a été rendu à Marie Soleil Frère, spécialiste des médias africains et qui était engagée dans l’affaire Norbert Zongo. Le prix de la meilleure journaliste portera désormais son nom. o