A travers un communiqué du ministère de l’Industrie, du Commerce et de l’Artisanat, publié le 19 mars 2021, le gouvernement a annoncé une augmentation du prix des hydrocarbures et de la bouteille de 12,5 kg de gaz butane. Cette hausse est entrée en vigueur le 23 mars 2021 sur toute l’étendue du territoire national. Il s’agit d’une augmentation de 10 FCFA par litre pour le prix du super 91, du gasoil et du pétrole. Le prix de la bouteille de gaz butane de 12,5 kg a également connu une augmentation qui est de 500 FCFA.
Le 23 mars 2021, date d’entrée en vigueur des nouveaux prix, la Ligue des consommateurs du Burkina (LCB) a animé un point de presse pour protester contre l’augmentation des prix des produits des hydrocarbures. Elle a traduit son mécontentement sur le fait de n’avoir pas été associée à la détermination du prix des hydrocarbures. Car, elle dit être membre du Comité interministériel de détermination des prix des hydrocarbures (CIDPH) à titre d’observateur. Elle n’aurait même pas été informée officiellement de cette décision. L’association met en garde contre toute éventuelle augmentation du coût des transports à ce stade.
Elle a également dénoncé l’augmentation de 500 FCFA sur le prix du gaz butane de 12,5 kg. Selon le président de la LCB, Dasmané Traoré, il faut un assainissement, car il y a beaucoup d’activités qui prennent de l’ampleur autour du gaz butane, provoquant des tensions sur la disponibilité du produit. « Il y a des orpailleurs, des taximen, des maraîchers et des motos JC qui utilisent le gaz », a-t-il dit. Il poursuit que la LCB se réserve le droit d’user de tous les moyens conventionnels (marches, sit-in…) pour faire respecter les attentes du consommateur sur toute l’étendue du territoire.
Sur les antennes de la télévision BF1, la présidente de la CIDPH, Yvonne Rouamba, s’est expliqué sur les raisons qui ont occasionné la hausse du prix des hydrocarbures. C’était dans le journal de 19h30 du 23 mars 2021. A en croire la présidente de la CIDPH, le comité se base sur un mécanisme pour ajuster les prix des hydrocarbures, car le Burkina Faso est tenu par les prix à l’international. Une importante fluctuation à l’international entraine des réajustements (à la baisse ou à la hausse) de prix aux consommateurs. Selon elle, l’Etat burkinabè subventionne le gaz à 3 milliards FCFA par mois. Une fluctuation des prix à l’international entraine une hausse de la subvention et un réajustement des prix au niveau national. « Si on devait payer la bouteille de gaz au prix réel, ça nous reviendrait à 8.790 FCFA », a déclaré Yvonne Rouamba. Elle poursuit que dans le but d’amoindrir le choc pour les populations vulnérables, l’Etat burkinabè a épargné les bouteilles de gaz de 6 kg. Celles-ci ne sont pas touchées par les augmentations.
Avis de consommateurs
Les consommateurs ne semblent pas apprécier cette hausse du prix des hydrocarbures. Elle vient alourdir les charges des dépenses quotidiennes. Pour Faïçal Baguian, commerçant à Rood-woko (grand marché de Ouagadougou), l’augmentation de 10 FCFA sur le carburant est acceptable. Il dit que le problème se pose du côté du gaz butane. « La population utilise beaucoup le gaz butane. Une augmentation du gaz entrainera la coupe abusive du bois qu’elles-mêmes autorités disent d’arrêter. J’exhorte le gouvernement à revoir le prix du gaz butane, car l’augmentation de 500 FCFA est trop », a-t-il dit. Ousmane Sawadogo, commerçant, est également du même avis. « Je pense que l’augmentation de 10 FCFA n’a pas d’impact considérable sur les dépenses. C’est l’augmentation du gaz qui n’est pas bonne. 500 FCFA c’est cher », a déclaré Ousmane Sawadogo.
En rappel, le dernier réajustement opéré sur les prix de vente du gaz date du 21 avril 2013. C’était il y a 8 ans.o
Issouf TAPSOBA (Stagiaire)
Encadré
Comment fonctionne le mécanisme de fixation des nouveaux prix
Le nouveau mécanisme de réajustement des prix des hydrocarbures au Burkina Faso a été signé par le chef de l’Etat le 14 novembre 2018 et se présente comme suit :
-la révision des prix à la pompe se fera tous les 3 mois au plus tard ;
-la moyenne des écarts calculée au cours des trois mois suivant le dernier réajustement des prix est répercutée sur le prix en vigueur pour obtenir le nouveau prix, sans excéder une variation de 75 FCFA par litre et par produit ;
-les prix à la pompe connaîtront un changement avant le terme des 3 mois, lorsque la variation par litre d’un produit, d’un mois à l’autre excède 50 FCFA;
-lorsque la moyenne des écarts calculée au cours des 3 mois suivant le dernier réajustement des prix excède 75FCFA par litre, une variation de 75 FCFA est répercutée sur le prix en vigueur pour obtenir le nouveau prix du produit et le reliquat est récupéré comme plus ou moins-value.
Encadré 2
Ce qu’il faut savoir sur le gaz
La bouteille de 6 kilogrammes est vendue à 2.000 FCFA. La subvention de l’Etat est de 2.220 FCFA sur chaque bouteille, soit près de 53% de subvention en valeur relative.
Pour la bouteille de 12,5 kg, malgré la hausse, l’Etat subventionne l’achat de chaque bouteille de gaz à hauteur de 3.290 FCFA, soit 37% de subvention en valeur relative.
Pas de subvention sur les bouteilles de plus de 12,5 kg.
La consommation de gaz est passée de 74,54 millions de kilogrammes en 2016 à 119,158 millions de kilogrammes en 2020, soit une augmentation de 59,85% en valeur relative.
La subvention est passée de 28,399 milliards FCFA en 2018 à 35,327 milliards FCFA en 2020, soit une hausse de 24,40% en trois (03) ans.o