La gratuité des soins et des services de planification familiale est une promesse présidentielle de Roch Marc Christian Kaboré faite à la population. Entrée en vigueur le 2 avril 2016, elle a pour objectif de rendre la gratuité des soins chez les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes, des accouchements et des césariennes, et du dépistage des cancers du sein et de l’utérus. Cet engagement fort du président du Faso a pour but de réduire la vulnérabilité des ménages aux revenus limités. 5 ans après, quel constat peut-on faire de cette mesure sur le terrain ? Aussi, quel est le degré de satisfaction des bénéficiaires et surtout quel est son coût financier supporté par l’Etat burkinabè et ses partenaires techniques et financiers (PTF) ? Des éléments de réponse sont apportés à travers ce reportage. Lisez plutôt !
Hausse des prestations offertes
Selon Francis Bamogo, agent au secrétariat technique chargé de la marche vers la couverture sanitaire universelle, depuis l’adoption de cette politique jusqu’en 2020, environ 70 millions de prestations ont été offertes aux bénéficiaires. Toujours, selon lui, un budget de 120 milliards F CFA a été adopté pour la mise en œuvre de la mesure en 5 ans. Selon l’annuaire statistique 2019 du ministère de la Santé, 16. 844. 971 de prestations ont été réalisées à un coût de 30. 241. 470. 243 F CFA. Des données recueillies auprès du secrétariat technique chargé de la marche vers la couverture sanitaire universelle, le 8 janvier 2021, (à 10h54) le nombre de prestations de la mesure de gratuité de 2020 s’élève à 17. 652. 868. Une comparaison du nombre de prestations de 2019 et 2020 indique une hausse de 807. 897 prestations. Une hausse qui traduit l’engagement du gouvernement burkinabè dans la promotion de la santé de la population.
Les difficultés et les solutions proposées
Francis Bamogo note qu’il existe plusieurs difficultés qui minent la pleine mise en œuvre de la mesure de gratuité. Les principales difficultés sont « le retard dans le déblocage des fonds destinés à l’achat des prestations, les ruptures des médicaments et des consommables médicaux pour la prise en charge des malades et des pratiques de rétention de médicaments de certains agents de santé qui n’honorent pas la profession » a-t-il déclaré. Pour résorber ces problèmes, Francis Bamogo recommande que l’Etat envisage la sanction des agents « indélicats » si les faits sont réellement prouvés. En ce qui concerne les ruptures de médicaments, il dit qu’un certain nombre d’actions seront entreprises, notamment, la réduction des procédures de commande de médicaments. Le gouvernement travaillera également à rendre disponibles les fonds pour la mesure de gratuité des soins et des services de PF.
Les bénéficiaires satisfaits
Pour Mariam Traoré, mère d’un enfant de 7 mois, la mesure de gratuité des soins de l’Etat est une bonne chose. Elle aide les ménages dans la prise en charge sanitaire de la famille. Elle exhorte le gouvernement à renforcer cette politique. Korotimi Bonkoungou, usager du Centre médical avec antenne chirurgicale (CMA) de Kossodo, accueille la mesure avec joie. « Avant cette politique, les gens hésitaient à aller à l’hôpital avec leurs enfants à cause des frais d’ordonnance. Mais cela a changé maintenant », a-t-elle déclaré. Mais elle déplore la rupture des médicaments dans la plupart du temps et appelle les autorités à régler ce problème. Korotimi Bonkoungou est mère d’un enfant de 4 ans. Même son de cloche pour Adjara Sama, femme enceinte et habitant au quartier Patte d’Oie de Ouagadougou. « Je félicite les autorités pour l’adoption d’une telle politique. Mais elles devront travailler à rendre disponibles les médicaments, car le plus souvent, ce sont des gants médicinaux et des comprimés de paracétamol qu’on nous donne. Nous achetons le reste des produits de l’ordonnance à la pharmacie », a-t-elle déploré.o
Issouf TAPSOBA (Stagiaire)
Encadré
Les maladies concernées
Il s’agit, entre autres, du paludisme, de la pneumonie, des bronchites, des parasitoses intestinales, des plaies, des conjonctivites, des fièvres typhoïdes et paratyphoïdes, de la carie dentaire et complication, de la dysenterie et des diarrhées non sanguinolentes.
Encadré
Les cibles bénéficiaires de la mesure de gratuité des soins et des services de PF
a) Cibles pour la gratuité des soins des femmes et des enfants de moins de 5 ans sont constituées de :
– Enfants de 0 à 5 ans ;
– Femmes enceintes ;
– Femmes en post partum jusqu’à 42 jours après accouchement ;
– Femmes vivant avec une fistule obstétricale ;
– Femmes âgées de 25 à 55 ans pour le dépistage et le traitement des lésions précancéreuses du col de l’utérus ;
– Femmes âgées de 25 ou plus pour l’examen physique des seins ;
– Cibles pour la gratuité des prestations de planification familiale
Femmes en âge de procréer ;
– Adolescents/jeunes scolarisés et non scolarisés ;
– Hommes ;
– Groupes spécifiques (travailleurs et travailleuses de sexe, personnes en milieu carcéral, personnes en situation de handicap, personnes en situation d’urgence humanitaire, les orpailleurs).
Encadré
Connaissance de la mesure
Le Burkina Faso enregistre un faible niveau des indicateurs de la santé maternelle et infantile et la faible couverture de la population en assurance maladie. Pour pallier ce problème, le pays a adopté des mesures de gratuité des soins au profit des femmes et des enfants de moins de 5 ans vivant au Burkina. C’était en Conseil des ministres du 2 mars 2016. La politique a effectivement démarré en avril 2016 avec l’adoption du décret n° 2016/PRESS/PM/MS/MATDSI/MINEFID du 29 avril 2016 portant gratuité des soins au profit des femmes et des enfants de moins de cinq 5 ans vivant au Burkina Faso. Elle a démarré dans la région du Sahel et s’est étendue progressivement pour couvrir l’étendue du territoire national en juin 2016 et est financée par l’Etat et ces partenaires techniques et financiers (PTF). Par la suite, le gouvernement, dans la même dynamique, a ajouté les services de planification familiale (PF) à la mesure de gratuité, d’où la politique de gratuité des soins et des services de PF. Cette politique de l’Etat offre gratuitement 5 biens et services aux populations concernées. Il s’agit des actes (consultations et interventions), les examens complémentaires (biologie, imagerie), le séjour hospitalier (mise en observation et hospitalisation), les médicaments et consommables médicaux et les évacuations des patients.o