Comme il fallait s’y attendre, les acteurs du monde des affaires ont des attentes différentes d’avec celles du gouvernement. C’est ce qui nous a été donné de constater le 28 septembre 2020 à la Maison de la culture Anselme Titiama Sanon, à la faveur de la rencontre annuelle Etat/secteur privé. Selon les porte-paroles des différentes faîtières, l’Exécutif ne fait pas assez pour l’émergence d’un secteur privé dynamique, compétitif et prospère. Faux, rétorque le Premier ministre, qui a rappelé que cela faisait 20 ans que le gouvernement est attaché au dialogue constructif et nécessaire pour trouver des solutions structurelles aux problèmes qui entravent le développement du secteur privé. Pour Christophe Marie Joseph Dabiré, il n’y a pas de doute que le secteur privé est le moteur de l’économie nationale. S’ils ne parlent pas le même langage pour ce qui est de leurs préoccupations, les hommes d’affaires et les acteurs du secteur informel épousent le même sentiment sur la commande publique, thème de la rencontre. Ils estiment que le gouvernement ne les priorise pas dans la commande publique, pire, que « l’Etat est un mauvais payeur ». Ils martèlent sur le fait que les décaissements se font en retard. Une fois de plus, le locataire de la Primature et ses ministres ont battu en brèche ces arguments. Selon le Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique, beaucoup d’efforts ont été faits dans les décaissements. Aujourd’hui, soutient-il, les paiements se font après toutes les vérifications en 47 jours. Pour une meilleure accessibilité des documents en vue de postuler à la commande publique, l’Etat envisage d’ici fin 2021, leur dématérialisation. Quant à leur faible accès aux marchés publics, les ministres présents ont, preuve à l’appui, démonté cet argument. Eric Bougouma a mentionné qu’au titre des appels d’offres lancés par le ministère des Infrastructures, 691 entreprises burkinabè avaient bénéficié des marchés publics, contre 26 entreprises étrangères. Aussi, au ministère en charge de l’agriculture, près de 600 entreprises burkinabè ont bénéficié des marchés publics.
La commande publique constitue 60% des flux financiers de l’Etat vers le secteur privé
De l’avis du ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat, Harouna Kaboré, ces différentes statistiques sont la preuve concrète que les entreprises nationales gagnent des marchés publics. Le gouvernement leur reproche, toutefois, leur manque de professionnalisme sur les marchés publics. Pour la ministre déléguée à l’Aménagement du territoire, Pauline Zouré, les acteurs manquent énormément de ressources humaines qualifiées dans ce domaine spécifique. Ce qui a amené le chef du gouvernement à dire que le thème « Le rôle de la commande publique dans la promotion du secteur privé » est à propos. C’est ainsi qu’il a recommandé un système de commande publique efficient, basé sur la transparence et la non-discrimination, qui peut non seulement garantir l’utilisation optimale des ressources publiques, mais constituer également un puissant instrument de développement du secteur privé. Le président de la délégation régionale des Hauts-Bassins de la Chambre de commerce, Lassiné Diawara, a, quant à lui, rappelé que la commande publique constituait 60% des flux financiers de l’Etat vers le secteur privé ». o
Ambèternifa Crépin SOMDA