Le Comité de politique monétaire (CPM) de la BCEAO a tenu, le 21 septembre 2020, sa 3e réunion ordinaire au titre de l›année 2020. Au menu des échanges, les principales évolutions de la conjoncture économique internationale et régionale au cours du second trimestre de l’année. Il a été aussi question de conditions monétaires et de liquidité bancaire.
Ainsi, le rapport du CPM informe qu’au cours du 2e trimestre de l’année, la liquidité propre des banques de l’UEMOA s’est dégradée de 752,6 milliards F CFA, pour ressortir à -3.698,8 milliards F CFA.
Plusieurs raisons peuvent expliquer cette situation au niveau des banques de l’Union. En premier, selon le CPM, les sorties nettes de ressources via les transferts. D’un montant de 533,6 milliards F CFA, ces mouvements d’argent ont contribué à dégrader la trésorerie des banques.
Autre raison de la baisse de liquidité, les bons Covid-19. Les banques subissaient déjà les conséquences de la Covid-19. Le Conseiller spécial du Gouverneur de la BCEAO, Ismaël Dem, expliquait, au cours d’un webinaire en juin dernier, que les banques avaient dû faire face aux difficultés de la clientèle à assurer les échéances des prêts, aux besoins accrus de crédits de la part de la clientèle pour maintenir leurs activités, aux retraits de cash aux guichets des banques, liés au climat d’incertitude et enfin, au ralentissement de la collecte de l’épargne. Des difficultés qui ont entraîné une aggravation des besoins de liquidité sur le système financier de l’Union, selon M. Dem. Et ce, malgré l’injection de 4.750 milliards FCFA dans le système bancaire, le 30 mars 2020. Déjà victimes de l’impact du Coronavirus, les banques de l’UEMOA se sont ruées vers les « Bons Covid-19 ». Ces bons, d’une maturité de trois mois, émis sur le marché financier régional, avaient pour objectif d’aider les Etats membres de l’UEMOA à faire face aux dépenses immédiates liées à la lutte contre la pandémie. Un guichet spécial de refinancement a été ouvert par la BCEAO pour permettre aux banques de refinancer ces bons. Sur ce guichet spécial, les banques ont de la liquidité auprès de la Banque centrale pour une maturité de trois mois, à un taux fixe de 2,50%. Durant un mois, du 27 avril au 14 mai 2020, les 8 pays ont pu ainsi lever, grâce aux banques, un montant total de 1.172,630 milliards FCFA sous forme de Bons assimilables du Trésor (BAT) à 3 mois dénommé bons Covid-19. A la fin de l’opération, le solde des opérations bancaires avec les Directions des Trésors de l’Union est ressorti négatif à -284,6 milliards FCFA. Selon le CPM, ce solde négatif est en liaison avec leurs acquisitions de titres publics, notamment, les bons Covid-19. Au niveau des mouvements des billets, les versements effectués aux guichets des banques ont été plus importants que les retraits, induisant un solde positif de 65,6 milliards qui n’a toutefois pas pu compenser les effets négatifs de l’évolution des autres facteurs cités.
Des réserves consolidées
Pour couvrir leur déficit de trésorerie qui s’est davantage creusé durant le trimestre, les banques ont accru leurs demandes de liquidité auprès de la Banque centrale. Ainsi, au cours du trimestre, l’encours du refinancement a augmenté de 971,4 milliards pour atteindre 6.133,9 milliards. En conséquence de ces évolutions, la trésorerie bancaire s’est consolidée de 218,9 milliards au deuxième trimestre 2020, pour se situer à 2.435,1 milliards à fin juin 2020, contre 2.216,2 milliards à fin mars 2020.
Par ailleurs, les réserves obligatoires des banques sur la période de constitution allant du 16 mai au 15 juin 2020 sont estimées à 760,8 milliards. Au cours de la même période, les réserves constituées sont ressorties, en moyenne, à 2.167,6 milliards, dépassant de 1.406,8 milliards le niveau règlementaire minimum exigé. En comparaison avec la situation retracée dans le précédent rapport, soit la période de constitution allant du 16 février au 15 mars 2020, les réserves excédentaires ont augmenté de 374,5 milliards. Elles représentent 184,9% des réserves requises, contre 135,2% le trimestre précédent. o
NK
Encadré
Hausse de 86% des émissions sur le marché régional
Au premier semestre 2020, le montant global des émissions brutes sur le marché régional de la dette publique s’est élevé à 4.336,1 milliards, en hausse de 2.011,5 milliards ou 86,5% par rapport au premier semestre de l’année 2019. Les émissions nettes se sont établies à 2.746,1 milliards à fin juin 2020, contre 783,8 milliards un an plus tôt, en raison de la forte présence des Etats sur le marché financier régional, afin de lever des ressources pour la couverture de leurs besoins de financement liés à la lutte contre la pandémie de Covid-19.
Sur le compartiment des bons du Trésor, 53 émissions ont été réalisées pour un montant cumulé de 2.310,5 milliards, contre 44 émissions pour 1.083,2 milliards un an auparavant. Les maturités de 3 mois et 6 mois ont été les plus sollicitées avec 36 émissions d’une valeur globale de 1.916,4 milliards, dont 1.172,6 milliards de bons du Trésor dénommés “Bons Covid-19”, émis durant les mois d’avril et mai 2020. Les Trésors publics ont mobilisé, au cours des six premiers mois de l’année 2020, un montant de 2.025,6 milliards sur le compartiment des obligations, contre 1.241,4 milliards au premier semestre 2019. Les titres obligataires émis ont porté principalement sur les maturités de 3 ans et 5 ans, avec respectivement 42,4% et 30,5% des ressources collectées. 76 émissions ont été faites par adjudication pour 1.659,4 milliards et 4 par syndication pour un montant de 366,2 milliards. Les émissions par syndication ont été réalisées par les Trésors du Burkina (140,0 milliards), de la Côte d’Ivoire (110,0 milliards) et du Mali (116,2 milliards).o