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Corruption: L’élite dirigeante et l’argent

L’argent appartenant au peuple burkinabè donne-t-il des envies démesurées à l’élite dirigeante. (Ph : d’archives)

Certains Burkinabè sont-ils avides d’argent au point d’enfreindre toutes les valeurs morales pour l’avoir ? Nous sommes malheureusement tentés de répondre par l’affirmatif. Et pour cause, la dernière sortie médiatique du Procureur du Faso, Harouna Yoda, est assez édifiante à ce sujet. En effet, le 18 juin 2020, celui-ci a fait le point sur l’état d’avancement de 5 dossiers judiciaires.

Deux points communs lient tous ces dossiers. Primo, ces 5 affaires pendantes à la Justice ont trait à l’argent public. Secundo : elles sont liées à des autorités censées protéger le bien public (encadré). La course effrénée par le gain facile prend des proportions inquiétantes. Le plus surprenant, c’est l’élite dirigeante qui donne le mauvais exemple, « ministre » « Maire », « Directeur général », « sécurité présidentielle » … ça commence à irriter sérieusement l’opinion publique.

Des personnes censées gérer avec vertu les deniers publics en profitent pour priver le peuple de son butin. Contrairement à Goama et Minata qui remuent ciel et terre pour gagner leur pitance quotidienne de façon honnête, ces gens d’en haut ont déjà un salaire avec les différents émoluments qui vont avec. Alors, question à 5 FCFA, pourquoi se livrent-ils à ce jeu dangereux ?  Leur honneur et dignité n’en prennent-ils pas un coup ? Si ce n’est déjà fait. Censés être des exemples et des modèles pour la société, car ce sont des valeurs qui ont certainement prévalu à leur nomination, ils se mettent à piocher dans les caisses de l’Etat pour se construire une belle vie. Ils en amassent au point qu’ils ont du mal à justifier les montants colossaux dépensés. Ont-ils perdu le sens de l’intérêt général ? Pas impossible.

Les protecteurs devenus les bourreaux du peuple

Cette prédation du bien public est confortée par les nombreux rapports de l’ASCE-LC, du REN-LAC et de la Cour des comptes. Ces différentes structures, qui s’investissent dans la lutte contre la corruption chaque année, mettent à nu des pratiques peu catholiques dans les administrations publiques.  Le comble avec ces rapports publics, c’est que les services étatiques censés protéger le citoyen occupent les premières places : Douane, police, gendarmerie, Justice, etc.  Ces faits tendent à donner raison à l’ancien président de l’Assemblée nationale, Docteur Bognessan Arsène Yé, qui disait que la « morale agonise au Faso ». Malheureusement, cette course effrénée de l’élite dirigeante à l’enrichissement est en train de contaminer le peuple d’en bas. Lui aussi s’illustre négativement.  Aujourd’hui, les jeunes qui sont l’avenir de la nation préfèrent la courte échelle en se livrant à la prostitution, au vol, au banditisme, au maraboutage, le tout est d’avoir de l’argent pour s’acheter des mobylettes, des voitures ou être avec la plus belle fille du quartier. A titre illustratif, la semaine dernière, des jeunes ont tué une jeune dame enceinte à Ouagadougou, juste pour lui voler sa moto « Scooter ».

Des bons exemples de réussite existent

Fort heureusement que de nombreux Burkinabè, y compris dans l’élite dirigeante, ont acquis leur richesse à la sueur de leur front. Ceux-ci, sans grand bruit, ont construit une carrière professionnelle riche sans un blâme, n’en parlons même pas d’être alpagués par la Justice pour fraude financière. Bien mal acquis ne profite jamais, dit-on. Sinon, à cette allure, le pays des Hommes intègres pourrait, à l’avenir, se voir amputé du mot intégrité.o

Ambèternifa Crépin SOMDA

 

Encadré

Les 5 dossiers judiciaires, tous liés à « l’argent » du peuple

D’après le Procureur du Faso, la première affaire concerne l’ex- ministre de la Défense, Jean Claude Bouda, à qui la Justice reproche, entre autres, fausse déclaration d’intérêt et de patrimoine, de délit d’apparence, de blanchiment de capitaux dans la construction d’une villa à Manga dans son village natal, d’une valeur estimée à 350.000 millions FCFA.

La deuxième est celle ayant trait à 7 gendarmes du Groupement de sécurité et de protection républicaine (GSPR), qui ont établi de faux ordres de missions dont le montant est estimé à 5.334.000 FCFA. La troisième est celle qui touche l’actuel Directeur général de l’ACOMOD, qui a autorisé la passation de deux marchés publics au profit de son épouse, à travers un groupement de soumissionnaires. William Alassane Kaboré, actuel Directeur général adjoint des Douanes, lui, a du mal à justifier l’achat et la mise en valeur de 15 parcelles dans la ville de Ouagadougou dont le montant cumulé serait de 1.300.000.000 FCFA.

Selon la Justice, il tombe sous le coup des faits d’enrichissement illicite, de délit d’apparence et de blanchiment d’argent. La cinquième et qui a fait couler beaucoup d’encre est celle intitulée « Poursuite Judiciaire contre le Maire de Ouagadougou, des magistrats sollicitent 70.000.000 FCFA pour classer le dossier ». o

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