En mars 2020, la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF) a mené une enquête préalable sur l’«Evaluation des impacts de la maladie du Coronavirus sur des segments de l’économie burkinabè et propositions de mesures d’accompagnement ». Lequel rapport a servi, parmi les aides, à la décision au président du Faso lors de l’annonce des mesures fiscales prises le 2 avril 2020 pour soutenir le secteur économique. 602 entreprises dont 80% à Ouagadougou et 20% à Bobo-Dioulasso et plus de 200 associations et groupements professionnels du secteur privé ont été consultés dans le cadre de cette étude qui a eu lieu le 25 mars 2020.
En parcourant le document, on se rend compte que les quatre derniers jours d’activités avant le démarrage de l’enquête, à savoir les 21, 22, 23 et 24 mars 2020, qui coïncident avec l’application des mesures du couvre-feu, de fermeture des frontières et autres restrictions concernant les établissements accueillant du public ont été éprouvants pour les acteurs. Le chiffre d’affaires à cette date avait commencé à chuter.
Les enquêteurs soulignent que la baisse de l’activité est particulièrement observée dans des activités comme l’exploitation des salles de ciné (-96%), les boutiques et super marchés (-95,2%), les boîtes de nuit (-94,7%), les salles de spectacles (-87,2%), les salles de jeux et d’argent (-86, 1%), les restaurants et kiosques (-80,1%), les maquis, bars et buvettes (-74,5%). Autre information que révèle le rapport, en dehors des boutiques et super marchés, les données de l’enquête montrent que tous les autres secteurs d’activités envisagent une dégradation de leur situation avec l’entrée en vigueur des mesures supplémentaires. Ainsi, le chiffre d’affaires moyen journalier des entreprises est passé de 606.831 francs CFA à 79.359 francs CFA, soit une baisse de 86,9%.
Dans cette tendance, cela correspondrait, en moyenne, à une perte d’environ 13,6% du chiffre prévisionnel de 2020 des entreprises, chaque mois.
Impact sur les emplois
Face à la réduction du niveau de leurs activités, de nombreuses entreprises n’excluent pas l’éventualité de se séparer de certains de leurs employés. En effet, sur ce sujet, 98,04% des entreprises disent tendre vers une révision à la baisse du nombre de leurs employés permanents tout en se refusant systématiquement le recours à des employés temporaires.
Globalement, il ressort des données de l’enquête que les réductions d’effectifs envisagées en cas d’enlisement de la situation dépasseraient la moitié. Elles seraient en moyenne de (5,7) employés sur un effectif moyen de (8,5).
L’analyse des réductions moyennes des effectifs par secteur d’activités montre que les secteurs les plus affectés par les réductions d’effectifs sont les maquis, bars et buvettes, les vidéoclubs, les boîtes de nuit, les restaurants et kiosques et les sociétés de transports.
Impact sur les approvisionnements
Les entreprises enquêtées affirment avoir déjà réduit ou affirment envisager une réduction des commandes de marchandises ou de matières premières auprès de leurs fournisseurs habituels. La conséquence directe de cette situation est la baisse du niveau d’activité. Plus de 61% des entreprises envisagent une réduction de plus de 50% des commandes adressées à leurs fournisseurs et près du quart, une réduction de plus de 80%. Depuis le 3 juin 2020, une des dispositions sanitaires, notamment, le couvre-feu, a été levée par décret présidentiel. Nul doute que cela est un « ouf de soulagement » qui va permettre aux activités de nuit et connexes de souffler.
Ambèternifa Crépin SOMDA
Encadré:
Impacts sur le secteur du transport routier
Ce point résulte d’une contribution de la Fédération nationale des acteurs du transport routier (FENAT), qui présente les caractéristiques suivantes :
– Une organisation de 23 sociétés de transports membres ;
– Un effectif de 3 500 emplois directs ;
– Un parc de plus de 800 autobus ;
– Un encours global de prêts auprès des banques (à évaluer plus finement) qui pourrait atteindre les 10 milliards FCFA ;
– Un chiffre d’affaires global annuel compris entre 40 milliards et 55 milliards FCFA;
– Une contribution au PIB entre 22 milliards et 30 milliards FCFA en termes de valeur ajoutée produite ;
Les conséquences de la crise sont considérables pour les acteurs, avec :
– Une perte mensuelle de chiffre d’affaires comprise entre 3,3 milliards et 4,6 milliards FCFA ;
– Une contribution à l’économie nationale (PIB) compromise, entre 1,8 et 2,5 milliards FCFA, en termes de valeur ajoutée ;
– Une masse salariale mensuelle de 333 millions à 460 millions FCFA, compromise, avec ses répercussions sociales;
– Des impôts et taxes mensuels compromis de l’ordre de 43 à 60 millions FCFA ;
– Une incapacité à faire face aux échéances bancaires ;
– Une incapacité à faire face aux charges de fonctionnement ;
– Globalement, une exploitation comprise sur la durée de la crise.
Source : Document CCI-BF