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6e édition « Consommons local »: un mois pour construire des chaînes de valeur régionales compétitives

• Au-delà d’une simple exposition de produits

• Il s’agit de transformer les habitudes de consommation

• Afin de consolider une économie endogène et durable.

Abdoulaye Diop, président de la Commission de l’UEMOA.

Depuis 2019, les ministres en charge du commerce de l’Union économique et monétaire ouest- africaine (UEMOA) ont initié le mois du consommons local (MCL) dans les Etats membres.  La cérémonie officielle du lancement de la 6e édition du « Mois d’octobre, mois du consommer local » a eu lieu le mercredi 1er octobre 2025, au siège de la Commission, à Ouagadougou.
Plus qu’un simple évènement commercial, le mois du consommer local est devenu un rendez-vous annuel de réflexion sur le modèle de développement économique, ainsi que sur les voies de la transformation structurelle des économies des Etats membres. Le thème retenu cette année, « Consommer local, facteur de développement des chaînes de valeur régionales compétitives de l’UEMOA », invite d’ailleurs les différents acteurs à franchir un nouveau palier dans cette approche. Il ne s’agit plus seulement de promouvoir leurs produits locaux, mais de comprendre comment leur consommation peut devenir le moteur d’une transformation économique profonde et durable, en adéquation avec les orientations du Plan stratégique de la Commission de l’UEMOA sur la période 2025-2030, « Impact 2030 ». « Chaque achat d’un produit transformé localement contribue à renforcer l’écosystème productif de notre Union, à créer de l’emploi et à générer des recettes fiscales pour nos États et permet de faire face à la rareté des ressources extérieures », a précisé Abdoulaye Diop, président de la Commission.

Seydou Ilboudo, Conseiller technique du ministre en charge du commerce, a rappelé que le Burkina Faso était l’un des premiers pays à encourager et à mettre en œuvre le consommer local, à travers le slogan « Consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons » du Président Thomas Sankara.

Rappelant que le Burkina Faso est l’un des premiers pays à encourager et à mettre en œuvre le consommer local, à travers le slogan du Président Thomas Sankara, « Consommons ce que nous produisons et produisons ce que nous consommons », le porte-parole du ministre en charge du commerce a salué cette initiative qui met en lumière le génie des opérateurs économiques et la qualité des produits de l’industrie de la région. « Le consommer local ne doit cependant pas être perçu comme une simple exposition de produits. Il doit être également un cadre de réflexion sur les enjeux et les défis économiques du moment », a souhaité Seydou Ilboudo, Conseiller technique du ministre. « Le marché régional, fort de plus de 144 millions de consommateurs, constitue un atout majeur. C’est en choisissant de consommer local que nous soutiendrons nos producteurs, encouragerons l’innovation de nos entrepreneurs et renforcerons notre souveraineté économique face aux incertitudes mondiales. Consommer local aujourd’hui, c’est investir dans l’emploi de demain », a soutenu Adama Ouédraogo, au nom de la Chambre consulaire régionale de l’UEMOA, à la cérémonie.

Les officiels à l’issue de la cérémonie. (Ph: Yvan SAMA)

Les actions futures de la Commission seront essentiellement axées sur le développement de filières prioritaires de la phase pilote portant sur le coton-textile, le riz et l’engrais-phosphate. L’UEMOA dispose de l’une des productions cotonnières les plus importantes au monde, alors qu’elle importe massivement des produits textiles et d’habillement. Le développement d’une chaîne de valeur coton-textile-habillement compétitive à l’échelle régionale pourrait donc créer des milliers d’emplois, réduire la dépendance vis-à-vis des importations et valoriser la production locale.
Il en va de même pour la filière riz, aliment de base de nos populations, mais essentiellement importé, malgré nos potentiels agricoles. Le développement d’une filière riz compétitive, de la production à la commercialisation, en passant par la transformation, nécessite un changement des habitudes de consommation et une valorisation des variétés locales. La filière engrais-phosphate illustre également cette logique, car le sous-sol de l’UEMOA contient d’importants gisements de phosphates, matière première essentielle à la production d’engrais. Le développement d’une industrie régionale d’engrais contribuerait non seulement à réduire les coûts de la production agricole, mais aussi à rendre la souveraineté alimentaire effective dans la région.
Dans la phase d’accélération et de consolidation de la mise en œuvre de son nouveau Plan stratégique, Impact 2030, la Commission a prévu le développement d’autres filières autour des céréales (maïs, mil et sorgho), des tubercules, des produits agroforestiers (anacarde), des oléagineux (soja, palme, arachides), des protéines animales (élevage, pêche, aquaculture), des industries culturelles et créatives, des services environnementaux, etc. Pour Abdoulaye Diop, Ces exemples démontrent à suffisance que consommer local ne relève pas seulement d’un patriotisme, mais constitue un acte économique rationnel qui participe à la construction de chaînes de valeur régionales robustes. « Choisir de consommer local, c’est choisir de soutenir un modèle de développement endogène, inclusif et durable. C’est choisir de faire de l’UEMOA un espace économique et monétaire durablement intégré, paisible et prospère, ouvert sur l’Afrique, avec une position stratégique consolidée dans le monde », a-t-il dit.
Moumouni SIMPORE

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