La BCEAO a publié, le 27 janvier 2020, son rapport semestriel sur les risques inhérents aux services innovants de monnaie électronique. Ce document s’inscrit dans le cadre de la surveillance des activités de monnaie électronique et de transfert rapide d’argent dans l’UEMOA, au cours du premier semestre de l’année 2019. Quels sont les faits marquants du marché ? Qu’en est-il de la sécurité des dispositifs d›émission de monnaie électronique ?
583,36 millions de transactions. C’est le nombre de transactions via les comptes de monnaie électronique au premier semestre 2019. Ce nombre représente un montant de 6.203,20 milliards F CFA, contre 430,74 millions de transactions pour une valeur de 5.345,90 milliards de francs au second trimestre 2018. Il en ressort une augmentation de 35,43% en volume et de 16,04% en valeur des transactions électroniques entre le 1er semestre 2018 et le 1er septembre 2019. A l’instar des précédents semestres, les transactions transfrontalières sont portées par les corridors impliquant le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire et le Mali et s’expliquent essentiellement par : les effets de la campagne agricole du café-cacao en Côte d’Ivoire et la diversification de l’offre de services. L’analyse détaillée des transferts intra-UEMOA en émission et en réception montre que la Côte d’Ivoire demeure le principal émetteur de transferts avec 61,60% de la valeur totale des transactions sous-régionales, tandis que le Burkina Faso se positionne comme le principal récepteur avec 54,28% des transferts. Ainsi, sur la période sous-revue, la répartition de la valeur des transferts intra-UEMOA par corridor met en évidence les principaux corridors ci-après qui concentrent plus de 79,47% des opérations: Côte d’Ivoire-Burkina Faso: 51,62%; Côte d’Ivoire-Mali : 17,42% ; Mali-Burkina Faso : 10,43%.
Dans ce rapport, la BCEAO a répertorié les incidents techniques à fin juin 2019. Ainsi, 41.894 cas de fraudes estimées à 578 millions FCFA, contre 151.077 fraudes pour une valeur de 114 millions FCFA à fin décembre 2018 ont été enregistrés. Ces fraudes concernent essentiellement l’établissement de monnaie électronique Orange finances mobiles Sénégal (OFMS) qui a répertorié 41.893. Outre les types de fraudes classiques présentés dans le rapport, deux nouveaux modes opératoires ont été détectés. Il s’agit de l’arnaque par hypnose et de la fraude par vol du téléphone du distributeur. Pour le premier cas, le fraudeur intercepte un client et entame des discussions avec lui dans le but de l’amener à lui délivrer son code secret Orange Money ainsi que ses éventuels biens matériels. Dans le second cas, le fraudeur se rend au niveau d’un point de service et échange le téléphone du distributeur contre un similaire. Connaissant le code secret du distributeur, il effectue des transferts frauduleux vers des comptes Orange Money personnels.
NK
Malversation à Orange Money Côte d’Ivoire
Autre cas de fraude, il ressort que l’établissement Orange Money Côte d’Ivoire (OMCI) a informé la Banque centrale d’une fraude survenue sur ses comptes internes en juin 2019. La malversation résulterait de deux intrusions sur la plateforme de l’établissement par deux personnes non encore identifiées, qui ont usurpé les habilitations d’utilisateurs internes pour initier et valider des transactions. Les fraudeurs ont pu, par ce biais, transférer des Unités de valeurs électroniques (UVE) des comptes internes de OMCI vers des distributeurs et des clients finaux qui ont effectué des retraits au niveau des Guichets automatiques de banque (GAB).
Selon les premières investigations menées par OMCI, 6 comptes de distributeurs et 415 comptes de clients finaux ont été affectés par la fraude. Toutefois, le préjudice financier subi, soit 449 millions de francs CFA, concerne exclusivement OMCI, les avoirs des usagers auprès de l’établissement n’ayant pas été affectés.