L’année 2018 a été rude dans le secteur industriel, obligeant les acteurs du secteur à interpeller le gouvernement sur ses responsabilités en termes de régulation du marché et de respect des règles qui régissent le commerce dans le pays.
Le coup de gueule est venu des producteurs d’huile et de sucre qui font fassent régulièrement à la mévente de leurs produits. Les causes sont connues: la faiblesse de la régulation des importations et la fraude.
Cette interpellation a amené le gouvernement à réagir. Et le ministre du Commerce, de l’Industrie et de l’Artisanat en charge du dossier a pris un certain nombre de mesures conjoncturelles et structurelles.
Les mesures conjoncturelles visaient à faciliter l’écoulement des stocks de sucre et d’huile détenus par les producteurs en mettant face à face producteurs et distributeurs qui sont par ailleurs importateurs. Des engagements ont été pris et mis en œuvre avec des résultats (voir encadré).
Cependant, les producteurs attendent plus le gouvernement sur ses réponses structurelles.
Le pays compte une seule grande usine de production de sucre et une grappe de producteurs d’huile qui valorise ainsi les sous-produits du coton dont le pays est un gros producteur. L’enjeu est de créer un environnement qui permette à l’industrie locale de survivre et de se développer avec tous les bénéfices induits: création d’emplois, impôts, TVA, etc. Ce devrait être l’objectif des mesures structurelles prises par le gouvernement.
Elles sont au nombre de 5. Parmi elles, des mesures de régulation et des mesures de contrôle.
Au niveau de la régulation, le dispositif s’appuie sur le décret n°2018-0860/PRES/PM/MCIA/MINEFID du 05 octobre 2018 fixant la liste des produits soumis à autorisation spéciale d’importation (ASI) et à autorisation spéciale d’exportation (ASE). Ces autorisations seront délivrées, en principe, en tenant compte de la situation du marché national.
Ce décret est renforcé par un mécanisme de suivi des délivrances de l’autorisation spéciale d’importer. Au niveau du contrôle, le ministère du Commerce a mis en place la Brigade mobile de contrôle (BMC) qui quadrille le pays et dont les premiers résultats sont prometteurs.
Pour les producteurs d’huile, le passage à l’Agence burkinabè de normalisation (ABNORM) devient un passage obligé. Cette agence certifie la marque et la qualité des huiles mises en consommation sur le territoire.
Pour le sucre, l’Observatoire national de lutte contre la fraude est réactivé à travers des sessions régulières. L’année 2019 sera déterminante pour mesurer l’efficacité de ces mesures.
FW
Des mesures conjoncturelles
Des mesures prises pour l’écoulement du sucre
Les mesures conjoncturelles prises pour l’écoulement du sucre sont les suivantes :
l’intensification de la surveillance du marché et la lutte contre les spéculations et la hausse des prix ;
le lancement, le 30 avril 2018, d’une opération spéciale de contrôle de produits de grande consommation ;
la signature d’un protocole d’accord entre les distributeurs et la SN-SOSUCO et la mise en place d’un comité de suivi du respect des intentions d’achat ;
le relèvement de la valeur devant servir de base de liquidation du sucre importé.
Ces actions ont permis l’enlèvement d’importants stocks auprès de la SN-SOSUCO par les distributeurs signataires du protocole. A la date du 31 janvier2019, le stock de 31 000 tonnes de la campagne 2018 a été intégralement écoulé.
Des mesures prises pour l’écoulement de l’huile alimentaire
Les mesures conjoncturelles prises pour l’écoulement de l’huile alimentaire sont les suivantes :
les concertations avec les importateurs et distributeurs d’huiles en vue de stimuler l’écoulement des huiles alimentaires de production nationale ;
la régulation des importations des huiles alimentaires pour permettre aux unités nationales d’écouler leurs productions ;
l’intensification des actions de contrôle sur toute l’étendue du territoire national.
Ces mesures ont permis l’achat de plus de 240 000 bidons de 20 litres d’huiles alimentaires pour une valeur de plus de 3 milliards F CFA auprès de la SN-Citec par les distributeurs d’huile à la date du 04 février 2019. Pour l’ensemble des huileries, le stock est passé de 679 657 bidons de 20 litres en juillet 2018 à 82 401 bidons à la date du 6 février 2019. Il faut noter également, au titre des autres mesures conjoncturelles :
la saisie, entre autres, de 44 000 bidons de 20 litres d’huile raffinée et 94 460 litres d’huile brute ;
la fermeture de 44 unités de production d’huiles alimentaires irrégulièrement installées ;
le démantèlement de 6 presses artisanales.
Source : communiqué de presse MCIA