Nommé le 21 janvier 2019, le Premier ministre Christophe Dabiré a prononcé, le 18 février 2019 devant l’Assemblée nationale, sa déclaration de politique générale. A l’issue de cette déclaration, les députés l’ont investi dans ses fonctions de Premier ministre comme l’exige l’article 63 de la Constitution.
Dans plusieurs domaines, Christophe Dabiré a annoncé qu’il comptait poursuivre les actions déjà engagées. Mais la situation nationale, marquée par la dégradation de la sécurité intérieure et l’effritement de la cohésion sociale, a été au coeur de son discours. Pour le Premier ministre, ces deux situations limitent la portée des effets et impacts des politiques publiques. En réponse à ces préoccupations, il compte articuler sa feuille de route autour des axes majeurs: «le devoir de relever les défis sécuritaires, l’exigence de pallier l’effritement de la cohésion sociale, l’obligation d’instaurer une gouvernance plus vertueuse, la nécessité de renforcer le développement du capital humain et la volonté de dynamiser l’économie nationale», a-t-il révélé.
Les réponses face au défi sécuritaire
Il constate que depuis 2015, les attentats meurtriers et la destruction des édifices publics, les enlèvements et prises d’otages, parfois suivis d’exécution sommaires, les assassinats de représentants de l’État, les attaques contre les unités des forces armées nationales, des forces de sécurité intérieure et paramilitaires sont autant d’actes ignobles qui mettent en péril la paix et la sécurité des biens et des personnes du pays.
Des attaques terroristes accentuées par la conjugaison de facteurs internes et externes tels que le maillage encore insuffisant du territoire national en services de sécurité, la faible implication des populations dans les stratégies de défense et de sécurité ainsi que la porosité des frontières nationales. Face à ce constat, le nouveau Premier ministre compte apporter des réponses «vigoureuses et diligentes» afin de «restaurer la paix, la sérénité et la quiétude dans la Cité».
Il invite tous les Burkinabè à l’union sacrée: «Je voudrais insister sur notre devoir de nous mobiliser comme un seul homme pour repousser l’ennemi commun», a-t-il indiqué. Tout en sollicitant l’appui de la communauté internationale dans la lutte contre le terrorisme, Christophe Dabiré n’a pas manqué de relever que «le Burkina Faso doit d’abord compter sur ses propres forces pour ne pas prendre le risque de s’abandonner dans l’indolence du sommeil sur la natte d’autrui et faire lâchement l’option de périr sans gloire».
Tout en luttant contre le terrorisme, il pense à construire et à consolider durablement les bases de la victoire certaine.
Pour y arriver, son gouvernement compte mettre en œuvre la loi de programmation militaire 2019-2023, améliorer le maillage du territoire en services de sécurité, renforcer la coopération militaire sous-régionale et améliorer la collaboration des Forces armées nationales et des forces de sécurité intérieure avec les populations.
Il a constaté que la dégradation progressive de la situation sécuritaire avait des conséquences sur le vivre ensemble des Burkinabè. C’est le cas des récents conflits communautaires comme celui de Yirgou.
La réponse de Christophe Dabiré réside dans la reconstitution du tissu social par l’accompagnement de la Justice pour qu’elle s’assume pleinement dans la résolution de ces problèmes, l’accompagnement des autorités coutumières et religieuses, la dotation en moyens matériel et financier du ministère de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et de la Cohésion sociale, pour rendre plus opérationnels les services déconcentrés de l’Etat, afin qu’ils puissent jouer pleinement le rôle de prévention et d’interposition en cas de besoin.
Sur le point précis de la Justice, le Premier ministre estime que son fonctionnement en toute indépendance et en toute responsabilité est un gage pour enrayer l’incivisme, combattre l’impunité et protéger les droits humains. Dans les domaines sociaux, il compte poursuivre les politiques de promotion de l’accès aux services sociaux de base: santé, éducation, protection sociale, etc., en faveur de toutes les couches de la société. C’est le cas de la gratuité des soins de santé maternelle et infantile, élargie au dépistage des cancers féminins et aux soins d’urgence, en améliorant la gouvernance en la matière, l’accroissement de l’offre éducative dans tous les ordres d’enseignement et l’amélioration de sa qualité par la normalisation des écoles de moins de 6 classes et la résorption du phénomène des écoles sous paillotes, la construction d’infrastructures, etc. La construction de nouveaux forages, l’accélération de l’exécution des programmes de logements sociaux et économiques et la viabilisation des sites déjà construits, l’amélioration de l’insertion professionnelle des jeunes diplômés, la réduction du sous-emploi de la main-d’œuvre rurale, la promotion de l’autonomisation économique de la femme, etc.
Le gouvernement s’engage à porter à 15%, dans le moyen terme, la part du budget de l’Etat transférée aux collectivités. A l’issue de son discours, 84 sur 127 députés ont donné leur quitus au Premier ministre de mettre en œuvre son programme.
Elie KABORE
Trêve sociale durable et négociations gouvernement/syndicats
Dans sa déclaration de politique générale, le Premier ministre a rappelé l’appel du président du Faso dans son message du 31 décembre 2018, pour que s’instaure dans notre pays, une trêve sociale durable.
Pour ce faire, il est indispensable que le gouvernement et les partenaires sociaux renouent les fils du dialogue et de la concertation. «J’invite cependant les organisations syndicales à se départir de toute surenchère dans leurs revendications pour donner plus de chance de réussite à la mise en œuvre des engagements que nous prenons ensemble», a indiqué Christophe Dabiré.
Il a salué toutes les organisations syndicales qui ont accepté de suspendre leur mot d’ordre de grève dans le sens de l’appel du président du Faso et toutes celles qui se sont inscrites dans la dynamique du dialogue social. A ce titre, il m’engage à réactiver le cadre de concertation gouvernement/syndicats, dont une des sessions sera convoquée très prochainement.
Accompagnement des entreprises et énergie
Afin d’accompagner les entreprises et l’entrepreneuriat, le Premier ministre compte mettre en place des zones économiques spéciales, promouvoir des incubateurs d’entreprises et d’instruments d’appui aux exportations, appuyer les entreprises en difficulté et mettre en place des instruments de financement des entreprises. Dans le secteur de l’énergie, il a annoncé le développement du mix-énergétique à travers la promotion des énergies renouvelables, la construction de centrales solaires en y adjoignant de plus en plus le stockage, la réalisation des centrales thermiques et hydroélectriques, le développement des réseaux d’interconnexion capables d’offrir de l’énergie à moindre coût avec les pays de la sous-région, etc.