En prélude à la rencontre Etat/Secteur privé qui se tiendra les 26 et 27 novembre 2018 dans la capitale économique de notre pays, Bobo-Dioulasso, les acteurs du secteur privé de la région des Cascades se sont retrouvés le 29 octobre 2018 à Banfora pour discuter de leurs préoccupations.
La rencontre au niveau régional Etat/ Secteur visait selon le gouverneur à recueillir les préoccupations du secteur privé en vue d’apporter des éléments de réponses au niveau régional. Des préoccupations qui n’auraient pas eu de réponse à ce niveau, deux principales en lien avec le thème principal «Secteur privé et défis de la transformation industrielle et artisanale», devraient être retenues en vue d’être discutées lors des rencontres sectorielles.
S’exprimant donc sur leurs préoccupations de l’heure, les participants à la rencontre de Banfora ont dit qu’ils éprouvent des difficultés à avoir accès aux financements. Ils ont également évoqué le coût élevé des facteurs de production comme l’électricité et les hydrocarbures tout en déplorant la rupture récurrente de la fourniture d’électricité et les difficultés d’accès au réseau de la SONABEL.
Les difficultés d’accès au marché public pour les petites entreprises, la mévente du sucre de la SN SOSUCO, l’état déplorable des routes qui rend difficile l’accès aux matières premières, la prise en compte de restaurateurs de la région dans la gestion des cantines scolaires, sont autant de préoccupations qui ont été soulevées.
Aussi, les acteurs du privé de la région des Cascades souhaitent-ils la réduction de la pression fiscale, l’application pure et simple des textes pour enrayer la concurrence déloyale. En outre, ils ont demandé le renforcement de l’infrastructure qualité et du dispositif de contrôle afin de
lutter efficacement contre la fraude et la contrefaçon. Le renforcement de la sécurité pour plus de sérénité dans l’exercice des activités économiques, l’accompagnement à la mise en place de petites unités de transformation du riz local et des fruits et légumes dans les localités à fort potentiel sont vivement souhaités par le monde des affaires des Cascades, qui par ailleurs, estime que l’organisation de voyages d’études et l’incitation à participer à des foires nationales et internationales peuvent renforcer leurs capacités.
A ces préoccupations soulevées, le gouverneur Joséphine Apiou Kouara/ Kaboré, appuyée par les techniciens du Ministère de l’industrie, du commerce et de l’artisanat a apporté des réponses. Pour la préoccupation de la SN SOSUCO relative à la mévente de son sucre, le gouverneur a rappelé qu’il est imposé aux importateurs de sucre d’enlever une certaine quantité de sucre au niveau de la nationale avant toute importation et ce selon la règle du 1 pour 3.
Le ministère pour sa part a invité la SN SOSUCO à signaler toute fraude afin de permettre aux services techniques du département de jouer leur rôle. Pour ce qui est de l’accès au zone de production, il a été indiqué aux participants qu’au regard de l’état défectueux des routes dans la région des Cascades, un recensement de celles dégradées a été fait et devra déboucher sur la mise en œuvre d’un programme d’urgence d’entretien. De plus, il est prévu le bitumage de plusieurs axes dont celui Banfora-Sidéradougou-Gaoua.
Des différentes préoccupations qui ont été soulevées par les acteurs économiques des Cascades, deux d’entre elles, en lien avec le thème national, qui est «valorisation des produits locaux: enjeux, défis et perspectives», n’ont pas trouvé de réponse au cours de cette rencontre.
Elles ont été retenues pour être reversées au niveau des rencontres sectorielles qui auront lieu à Bobo les 26 et 27 novembre 2018. La première a trait à l’augmentation de la valeur de référence de certains produits importés afin de protéger les entreprises locales. Sur cette question, le DG de la SN SOSUCO, Mouctar Koné, s’est longuement expliqué. Prenant le cas du sucre qu’il maitrise le plus, il a dit que l’Etat a fixé pour valeur de dédouanement du sucre importé 190.000 F CFA la tonne.
Ce qui, selon lui, est nettement inférieur au prix réel du sucre sur le marché. Et en fixant donc la valeur de la tonne à un tel montant, a martelé monsieur Koné, l’Etat renonce délibérément à ses taxes. C’est pourquoi, pour eux, il y a comme une subvention déguisée qui est accordée au sucre importé. Toute chose qui rend ce sucre beaucoup moins cher que le sucre national. «Pourtant, à valeur égale, le sucre importé est loin de pouvoir concurrencer notre sucre», a conclu le DG Koné.
La seconde préoccupation quant à elle se rapporte à l’accompagnement à la mise en place de petites unités de transformation et de conservation des produits locaux dans les localités à fort potentiel et la mise à la disposition des acteurs d’équipement de production et de conservation ainsi que la formation des acteurs.
Sy Amir LOOKMAN