Les 13 et 14 septembre 2018, la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF) a marqué une halte dans ses activités quotidiennes pour célébrer son 70e anniversaire. Cet anniversaire a constitué une occasion pour les opérateurs économiques d’évaluer le chemin parcouru par la faitière du secteur privé au Burkina Faso. Cette réflexion a été faite à travers un colloque qui a réuni plus de 300 hommes d’affaires autour de la thématique suivante: «Le rôle et l’avenir des CCI et des organisations intermédiaires du secteur privé». Ce jubilé de platine a également constitué une occasion pour le président de la CCI- BF, Mahamadi Sawadogo dit Kaddafi, et ses collaborateurs de faire «l’état des lieux de l’entrepreneuriat» et d’établir «le répertoire du top 100 femmes entrepreneurs au Burkina Faso». Ces deux études ont été révélées le vendredi 14 septembre 2018 à Ouagadougou à l’occasion du forum sur l’innovation en faveur des femmes chefs d’entreprises. Du répertoire, le constat qui se dégage est que le secteur privé au Burkina Faso n’est plus l’apanage des seuls hommes. Ceux-ci, majoritaires dans le domaine, sont désormais titillés, voire talonnés, par des femmes qui osent s’aventurer dans ce secteur dit «risquer». Un risque qui, à la fin, se révèle payant, quand on jette un coup d’œil sur leurs chiffres d’affaires comptabilisés en fin d’année 2016. A travers ce répertoire établi en 2016 par la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina Faso (CCI-BF) sur la base de leurs performances financières déclarées, 100 femmes sortent du lot avec des chiffres d’affaires allant de 200 millions à plus de 17 milliards de FCFA. Pour ce qui est du top 10, le chiffre d’affaires varie de 1 à plus de 17 milliards de FCFA.
«Elle débute avec 300 FCFA pour finir aujourd’hui avec plus de 17 milliards de FCFA»
Toujours à partir de ce répertoire, on constate que le secteur d’activités dans lequel ces femmes entrepreneurs évoluent est varié et diversifié. Elles se recrutent, entre autres, dans le commerce, les jeux de hasard, le transport de marchandises, les services de communications, les produits pétroliers. La crème de ces femmes qui participent au développement du secteur privé est l’opératrice économique Hadja Mamounata Velegda, PDG du groupe Velegda. Elle s’illustre particulièrement dans l’import/export de produits du cru et des céréales (amandes de karité, sésame, arachide, etc.) et les céréales locales (mil, sorgho, maïs, niébé, etc.) qui constituent la principale activité du groupe. Le groupe Velegda procède aussi à l’importation des produits manufacturés tels que les huiles alimentaires, les pâtes alimentaires, la farine, le sucre, les aliments pour bétail… Evoluant dans le secteur d’activités de commerce en gros et de produits agricoles, elle a réalisé un chiffre d’affaires de 17.749.744.347 FCFA en 2016, selon ledit rapport. En plus de créer de la richesse, celle qu’on appelle affectueusement «Hadja» permet à son groupe de créer des emplois. C’est ainsi qu’aujourd’hui elle est à la tête d’une entreprise qui compte plus d’une centaine d’employés. Hadja Mamounata Velegda est originaire de Koupéla, localité située à 200 km de la capitale. Celle qui dit avoir débuté son commerce avec la somme de 300 FCFA dans les années 1980 en vendant des galettes est aujourd’hui à la tête d’un empire dont la notoriété dépasse les frontières du Burkina Faso. Au regard de sa contribution à l’économie nationale en termes d’impôts et de taxes reversés à l’Etat, elle et les 9 autres «amazones» ont vu leurs mérites récompensés par leur maison-mère qu’est la Chambre de commerce, le 14 septembre 2018, à Ouagadougou. En rappel, la CCI- BF a été créée en 1948.
Rachel DABIRE
Création formelle d’entreprise par les femmes: un taux de 21% (2015)
A la faveur du forum sur l’innovation en faveur des femmes chefs d’entreprises, la CCI- BF a commandité une étude qui porte sur « l’état des lieux de l’entrepreneuriat féminin ». De ce document, il ressort que le taux des femmes burkinabè qui osent entreprendre est encore très faible. Citées comme les plus entreprenantes dans le monde (30,2% en Equateur), l’étude révèle cependant qu’il n’y a que 21% de créations d’entreprises formelles qui sont faites par les femmes. Face à cette situation peu reluisante, le ministre de la Femme, de la Famille et de la Solidarité nationale, Hélène Marie Laurence Marshall, a laissé entendre que le gouvernement met en œuvre des actions stratégiques multiformes pour faire passer le taux des femmes propriétaires d’entreprises de 21% en 2015 à 50% en 2020. En attendant, la CCI- BF a décidé de mettre en ligne le site web www.femme-entreprendre.bf pour les femmes qui souhaitent obtenir toute information dans le domaine de l’entrepreneuriat.