Arrivés un peu avant 18 heures, il a nous fallu montrer patte blanche pour accéder à l’ancienne paierie de la France, sise sur l’avenue de l’Indépendance, à Ouagadougou. Pour nous qui avions eu la chance de voir la cour quelques heures plus tôt, nous pouvons, sans conteste, dire que le Comité d’organisation a mis les petits plats dans les grands pour que la soirée soit riche en couleurs.
Parmi les quelques personnes déjà présentes, nous reconnaissons quelques visages familiers avec qui nous conversons volontiers, debout dans ce jardin joliment éclairé où étaient disposées des tables garnies de boissons, d’amuse-gueules et autres petits fours.
Au fur et à mesure que les convives arrivaient, des petits groupes de discussions se formaient en attendant le début de la cérémonie. Lorsque Xavier Lapeyre de Cabanes, ambassadeur de France au Burkina Faso, prend la parole, c’est pour nous fixer sur l’objectif de l’évènement. «Nous souhaitons vous présenter un projet qui sera une réalité dans quelques mois», a-t-il commencé, expliquant qu’il s’agit de la concrétisation de la promesse faite par Emmanuel Macron, président de la République française, lors de sa visite le 28 novembre dernier, à l’université Ouaga I Pr Joseph Ki Zerbo.
En effet, ce jour-là, celui-ci avait promis la construction d’une Maison des jeunes à Ouagadougou; Maison qui allait réunir trois opérateurs: Campus France, agence dédiée aux étudiants burkinabè qui désirent étudier au pays de Charles de Gaule; France volontaires, à travers lequel plus de 800 volontaires français viennent au Burkina Faso pour des périodes de quelques semaines à deux ans, et l’IRD (Institut de recherche pour le développement) qui encadre, avec des partenaires (un réseau de 7.000 partenaires dans le monde), des jeunes en master, en doctorat et des chercheurs dans le cadre de stages et de missions. Elles avaient toutes, selon les explications, des raisons différentes de se regrouper pour permettre à leur public de se connaitre.
A la découverte d’idées intéressantes
Pour notre hôte, le nom du centre n’a pas été choisi au hasard. «La ruche va devenir un lieu collectif de bourdonnement d’idées», a-t-il justifié, souhaitant que le projet, qui répond aux attentes des autorités françaises et burkinabè, reçoive auprès du public un écho favorable. «C’est avec la participation de tous que cette Maison vivra et trouvera son sens», a souligné le plénipotentiaire qui, par ailleurs, a tenu à signaler qu’il ne s’agit pas pour le moment d’une inauguration, même si Campus France a déjà élu domicile dans le bâtiment. Considérant cette cérémonie comme celle de la pose de la première pierre, Xavier Lapeyre de Cabanes a déclaré que la véritable inauguration est prévue pour novembre prochain en présence d’un de leurs ministres qui viendra spécialement pour l’occasion. En faisant le tour du propriétaire, nous avons eu l’occasion de découvrir des projets on ne peut plus intéressants et novateurs. Il y a, par exemple, la bibliothèque nomade, présentée par Toudeba Bobelle, membre de l’association Face-o-sceno. Des rayons modulables (contenant des livres) ont été construits sur une moto-taxi pour aller à la rencontre des tout-petits afin de leur redonner le goût de la lecture.
L’autre innovation est sans conteste celle de Ouagagab, une initiative lancée en 2011 par Guiella Gildas pour accompagner les jeunes entrepreneurs travaillant dans la fabrication digitale et le développement de prototypes viables. Sur les quatre projets qu’a présentés le président de la structure, on peut retenir le Jerry School Faso, un ordinateur dont l’unité centrale a été montée dans un bidon d’huile. «L’idée, c’est de démystifier l’outil informatique aux yeux de nos jeunes frères. Nous récupérons tout ce qui est vieux comme matériel, et nous allons dans les écoles pour montrer aux enfants comment assembler ces pièces dans un bidon comme vous pouvez le voir», a expliqué le promoteur de Ouagalab.
Offres de «La ruche»
A l’occasion de cette soirée, Hélène Guéhenneuc, chargée d’innovations à l’IRD, a présenté dans les détails cette Maison des jeunes de Ouagadougou. De son exposé, on retient qu’en plus des services proposés par les trois opérateurs français, «La ruche» offre un espace tiers-lieu à l’étage pour rassembler les initiatives et les acteurs innovants du pays, mobiliser des experts aux compétences variées et complémentaires, favoriser l’accès au financement et contribuer à la réussite des projets novateurs.
«La ruche», c’est une surface de travail pour 25 personnes, une salle de réunions et de créativité réservable pour les structures, une terrasse libre d’accès avec cafétéria, un jardin et une cour pour accueillir des évènements (salon de l’emploi, soirée d’entrepreneurs) et un espace privatisable pour les occasions. Le centre offre une connexion internet haut débit grâce à un partenariat avec Orange, un réseau de professionnels accessibles, des formations à la demande des jeunes ou des entreprises et l’organisation d’activités comme les concours internationaux. Ce réseau de plus de 20.000 talents est également ouvert aux entreprises qui peuvent être des sponsors fondateurs à travers différentes formules: la recherche de visibilité, le besoin de conseils et d’espace et enfin les soirées pour mettre en avant leurs activités.
«Pour soutenir cette jeunesse qui cherche à valoriser son potentiel, nous pouvons ensemble favoriser les interactions lors d’évènements, inspirer les jeunes avec des témoignages de réussite professionnelle et participer à leur insertion professionnelle. Vous pouvez être mentor ou inspirateur», a lancé Hélène Guéhenneuc, en signe d’invitation.
Z.S