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Obligations assimilables du Trésor : Désordre sur le marché financier

Le 23 mai dernier, le Burkina Faso lançait un avis d’appel d’offres pour des obligations assimilables du trésor de maturité 3 ans et 5 ans. Le montant de la mise en adjudication a été fixé à de 20.000 millions de FCFA, soit pour un total de 20 milliards de FCFA. L’opération prévue pour le 30 mai dernier avait pour but de mobiliser l’épargne des personnes physiques et morales en vue d’assurer la couverture des besoins de financement du budget de l’Etat-gestion 2018. Depuis le début de l’année, le pays s’est tourné vers le marché financier régional pour combler le déficit de 423 milliards de FCFA du budget 2018. Une partie de ce montant est prévue pour être levée sous la forme d’émissions de Bons assimilables du Trésor (BAT) ou d’Obligations assimilables du Trésor (OAT). Ce n’est pas la première opération du Burkina pour cette année 2018, selon le récapitulatif des émissions de titres publics de l’UMOA-titres, l’agence régionale d’Appui à l’émission et à la gestion des titres publics au sein de l’UMOA (AUT). Il s’agit de la 8e sortie sur le marché financier en cette année 2018. Il est prévu pour le Burkina une levée de 580 milliards de FCFA, repartie sur 4 trimestres. Un processus qui permettra au marché financier régional de lui «prêter» en moyenne 145 milliards de FCFA par trimestre.

Une opération interrompue

Deux jours, soit le 25 mai, l’Etat burkinabè annonce l’annulation de ces obligations assimilables du Trésor. «L’agence UMOA-Titres porte à la connaissance des investisseurs de l’Union que l’Etat du Burkina a décidé de surseoir à l’émission simultanée des Obligations assimilables du Trésor de maturité trois (3) ans et cinq (5) ans et d’un montant de vingt (20 ) milliards de FCFA, initialement prévue le mercredi 30 mai 2018», peut-on lire sur le site web de l’UMOA-Titres. Qu’est-ce qui explique un tel revirement de situation quand on sait que le pays cherche à combler le déficit de son budget 2018 ? Plusieurs hypothèses sont avancées, dont la plus plausible est que ces obligations assimilables aux bons du Trésor font doublon avec l’emprunt obligataire en cours. En effet, l’on se souvient que rien que le 15 mai dernier, le Directeur général du Trésor et de comptabilité publique lançait un emprunt obligataire par appel public à l’épargne d’un montant de 75 milliards de FCFA dans le but de compléter le budget national. Prévu pour 5 ans, cet emprunt obligataire a un taux de 6,5%.
Des conditions qui sont un peu moins favorables que celles de la dernière opération du Burkina Faso sur le marché financier. Les obligations assimilables aux bons du Trésor qui ont été annulées couraient pour 3 et 5 ans, avec des taux de 6 et 6,2%, dans des délais plus courts. Une offre un peu plus alléchante qui aurait détourné les souscripteurs de l’emprunt obligataire publique dont le montant recherché est plus élevé.

NK


Trop gourmand

S’il est vrai que le recours au marché financier a beaucoup d’avantages pour le pays émetteur, c’est un processus qui requiert tout de même une certaine maîtrise. Avec l’annulation des obligations assimilables aux bons du Trésor qu’il a lancées, le Burkina écorche son image et montre une certaine «gourmandise». Une image qui peut nuire à sa crédibilité si ce genre d’actes est répété. En début d’année, il était prévu que le pays lancerait 2 emprunts par trimestre sur le marché financier. Le montant recherché était de 580 milliards de FCFA au total. En deux trimestres, le pays est sa 8e sortie sur le marché financier. Le MINEFID et la DGTCP devraient pouvoir mieux coordonner ces appels publics à titres ou à l’épargne, d’autant plus que des sociétés de gestion expérimentées existent sur la place de Ouagadougou.

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