Le 2 mai dernier, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié un rapport sur les conséquences de la pollution de l’air sur les populations. Selon les statistiques de l’organisation, 9 habitants sur 10 respirent quotidiennement un air trop chargé de particules fines. Et cet air tue. Ainsi, 7 millions de personnes en meurent chaque année. Un total qui dépasse le nombre de morts cumulés du sida (1,1 million), de la tuberculose (1,4 million), du diabète (1,6 million) et des accidents de la route (1,3 million).
Face à ces chiffres, la pollution de l’air est désormais considérée par l’OMS comme un «facteur de risques majeurs» des maladies non transmissibles considérées comme étant à l’origine de 70 % des décès dans le monde.
Des facteurs de risques qui entrent dans 29% des morts par cancer du poumon, 25% d’accidents vasculaires cérébraux (AVC), 24 % d’infarctus et 43 % de maladies pulmonaires chroniques obstructives (broncho-pneumopathies, asthme…).
Les régions les plus affectées sont l’Asie du Sud-Est (dont l’Inde) et le Pacifique occidental (incluant la Chine), avec plus de 2 millions de décès chacune.
De plus, selon l’OMS, 91 % de la population mondiale sont exposés quotidiennement à un air contenant de «hauts niveaux de polluants». L’organisation recommande la limite annuelle de 10 µg/m³ en particules fines PM2, 5 (de diamètre inférieur à 2,5 micromètres).
«À l’instar de New Delhi, Pékin, Shanghaï, Lima ou Mexico, de nombreuses mégalopoles du monde entier dépassent plus de cinq fois ce seuil, alerte Maria Neira, la directrice du département de santé publique de l’OMS. Cela représente un risque majeur pour la santé des populations».
L’Afrique totalise près de 1 million de victimes. Les pays de l’arc méditerranéen oriental concentrent autant de morts que l’ensemble du continent européen: environ 500.000. Les Amériques s’en sortent le moins mal, avec tout de même plus de 300.000 morts par an.
Les enfants, premières victimes
Dans le rapport, l’OMS a indexé comme premières victimes de cette pollution de l’air les enfants. La pneumonie est la principale cause de mortalité chez les moins de 5 ans. A la suite des enfants, ce sont les femmes qui sont les plus vulnérables. Surtout, celles dans les pays en développement qui cuisinent encore avec des fours à charbon.
NK
Répondre à l’urgence
Pour convaincre un maximum de pays de déclarer la guerre à ce «tueur invisible», l’OMS organisera à Genève, du 30 octobre au 1er novembre, la première conférence mondiale sur la pollution de l’air et la santé. Mais, avant cela, en janvier dernier, le commissaire à l’environnement, Karmenu Vella, avait convoqué les ministres de l’Écologie de neuf pays (France, Allemagne, Royaume-Uni, Italie, Espagne, Hongrie, Roumanie, République tchèque et Slovénie) pour les presser de prendre rapidement des mesures capables de mieux protéger leurs citoyens. Faute de réponses adéquates, Bruxelles devrait bientôt mettre sa menace à exécution en renvoyant certains de ses États devant la Cour de Justice de l’Union européenne. Maintes fois reportée, la sanction est attendue avant la fin mai. Mais, d’autres régions du monde n’ont pas encore pris la mesure de l’urgence. À commencer par l’Inde. C’est ainsi que New Delhi a encore connu en novembre 2017 des pics de pollution culminant à 1.000 µg/m³.