L’ensablement est le problème majeur que connaissent les retenues d’eau du Burkina Faso. Utilisés pour promouvoir la maraicher-culture, l’amont des retenues et les lits mineurs se retrouvent vite détruits. Les textes édictés en matière d’occupation des berges des points d’eau ne sont pas respectés. Du coup, ces cours d’eau courent à leur perte. Et, après le lac Bam, c’est autour du lac Dem d’être ensablé. Cette étendue d’eau naturelle d’une superficie totale de 1.354 ha, entièrement localisée dans la commune de Kaya (chef-lieu de la province du Sanmatenga), est pourtant comptée parmi les 15 sites Ramsar au Burkina Faso. Un patrimoine naturel dont la survie est menacée. Fort de ce constat, le ministère de l’Eau et de l’Assainissement a chargé le bureau d’étude CINTECH de mener une réflexion sur la restauration et la protection du lac Dem. Le CINTECH devrait proposer un schéma d’aménagement de l’espace naturel du lac Dem. Le 24 avril dernier, le ministère de l’Eau a adopté le schéma d’aménagement proposé. La vision du CINTECH est de faire du lac Dem un pôle local de développement socioéconomique pour les populations. Pour ce faire, l’appui des populations est primordial. Et cette vision mise sur la sensibilisation des populations et leur appui pour l’exploitation rationnelle des ressources naturelles.
Le reboisement et l’introduction d’espèces végétales et fauniques menacées ou disparues, l’amélioration et la préservation de la capacité de stockage d’eau du lac à travers le désensablement et le rehaussement du niveau du lac, la réalisation de barrages sur les 4 principaux émissaires du lac, le désenclavement de la zone à travers la réalisation de pistes rurales et le bitumage de 75 km de route, l’aménagement d’équipements écotouristiques, l’amélioration de l’habitat pour favoriser la résilience des populations au changement climatique sont aussi au programme de la réhabilitation.
A en croire l’administrateur général du CINTECH, Marius Gagré, si ces différentes propositions sont mises en œuvre, le lac retrouvera son illustre d’antan. Le montant global prenant en compte toutes les activités contenues dans le plan est de 33.897.930.000 FCFA.
Les menaces qui pèsent sur le lac Dem
Plusieurs facteurs aussi bien climatiques qu’anthropiques minent la survie du lac. Au nombre de ces menaces, le bureau d’étude CINTECH a répertorié:
La surexploitation des berges du lac à des fins agricoles (maraichage surtout)
La dégradation de la végétation autour du lac, favorisant le ruissellement des eaux de pluies qui charrient des éléments solides vers le lac, source de son envasement progressif
L’usage de produits chimiques agricoles entrainant la pollution du lac
Le surpâturage aux abords du lac
La péjoration climatique (sécheresse et déficits hydriques chroniques)
La forte évaporation due à une augmentation de la température
L’exploitation de la ressource pour desservir la ville de Kaya en eau potable.
Tous ces facteurs sont à l’origine du comblement progressif du lac Dem. En effet, la superficie du lac est passée de 118,35 ha en 1992 à 561,08 ha en 2012. D’où une réduction de plus de 227 ha en 20 ans. «Si les apports en sédiments se poursuivent, à l’horizon 2040, le lac pourrait encore perdre environ 15% de son volume actuel», poursuit l’étude.
En termes d’occupation du lac Dem ; de 1992 à 2012 ; on observe une régression, voire une quasi-disparition des formations végétales naturelles (forêt, galerie, savane arbustive et herbeuse). Si cette tendance se poursuit, le lac Dem pourrait perdre toute sa végétation naturelle d’ici à l’horizon 2040, si rien n’est fait pour stopper et inverser cette tendance régressive.
NK