Le rapport Doing Business 2018 (DB/2018) révèle un nouveau recul du Burkina Faso dans son classement. Il s’agit d’une mesure de «la facilité à faire des affaires pour les petites et moyennes entreprises du monde». Ce rapport initié par la Banque mondiale, depuis 2003, est à sa 15e édition.
Le dernier a été rendu public le 31 octobre 2017. Le rapport DB/2018, qui considère les données, notamment les réformes sur la période comprise entre juin 2016 et juin 2017, positionne le Burkina au 148e rang mondial sur 190 pays concernés par l’étude. Dans l’édition précédente (DB/2017), le Burkina occupait la 146e place. Ce qui constituait déjà 3 places perdues, car en 2016 le pays avait enregistré un grand bon pour se classer 143e mondial. Entre juin 2015 et juin 2016, c’est en effet 6 places que le Burkina avait grappillées grâce à des réformes plus significatives que celles des dernières années. Cette 148e place pour le Burkina dans le rapport DB/2018 constitue donc une nouvelle contreperformance. En deux années consécutives, c’est au total 5 places qui ont été lâchées: 3 places entre juin 2015 et juin 2016 et 2 places entre 2016 et juin 2017. La faute à une absence de réformes significatives et variées sur les 10 indicateurs qui sont mesurés par les enquêteurs du programme Doing Business Better.
On note, en effet, qu’en dépit de l’ambition du Premier ministre Paul Kaba Thiéba, annoncée dans sa déclaration de politique générale en février 2016, «de hisser le Burkina dans le Top10 des meilleurs réformateurs de DB», des actes significatifs ont très peu ou pas été initiés dans ce sens. En dehors de la réforme qui a consisté, à partir de mai 2016, à rabaisser le capital minimum exigé à la création d’une SARL, de 100 mille à 5 mille F CFA, les lignes n’ont pratiquement pas bougé.
Au Burkina, les procédures liées à la «création d’entreprise», «l’obtention du permis de construire», «le raccordement à l’électricité», «l’obtention de prêts» restent moins souples, voire compliquées, pour les entrepreneurs.
De même, sur des critères comme «la protection des investisseurs minoritaires», «l’exécution des contrats», «le règlement de l’insolvabilité», «le commerce transfrontalier», «le paiement des taxes et impôts», «le transfert de propriété», le pays n’a pas travaillé ces dernières années à soigner les situations. Dans ces domaines, il n’y a pas eu d’actes véritables qui permettent de lever les lourdeurs et autres désagréments dans l’objectif de rejoindre les meilleures pratiques.
C’est cette situation léthargique ou de très faible évolution, au moment où les autres pays en Afrique et dans le monde travaillent à s’améliorer, qui explique cette régression du Burkina dans le dernier classement. Au sujet de «la création d’entreprise», par exemple, le rapport DB/2018 indique qu’il faut 3 procédures au Burkina, alors qu’il suffit d’une seule ailleurs (Nouvelle Zélande). Par ailleurs, sur le même critère, il faut 13 jours au Burkina et moins d’un jour là où c’est meilleur. Au Rwanda, par exemple, cela se fait en 5 procédures, mais en 4 jours.
Relativement au «raccordement à l’électricité», il faut 4 procédures et un délai de 169 jours au Burkina, alors qu’aux Emirats arabes Unis, il faut seulement 2 procédures et 10 jours pour être satisfait. Au Rwanda, cela se passe en 4 procédures et en 34 jours.
Sur la plupart des indicateurs mesurés par Doing Business, les scores du Burkina ont stagné sur la période considérée par le document. Là où des évolutions ont été notées, l’écart entre les scores de DB/2018 et DB/2017 n’a jamais dépassé 0,2 %. C’est très faible pour impacter positivement le résultat général.
La facilité à faire des affaires n’a pas vraiment avancé au Burkina. C’est au regard de cette situation générale du climat des affaires que le rapport DB/2018 a identifié l’indicateur de «obtention de prêts» comme un point que le Burkina devrait véritablement soigner pour booster les affaires.
De 2017 à 2018, ce critère essentiel n’a connu aucune évolution à même de changer le score du Burkina. C’est également sur cet indicateur que le pays enregistre l’un de ses plus bas scores (30/100). Le score le plus bas (29,42/100) est lié au «raccordement à l’électricité».
Comme dans le rapport DB/2017, le meilleur score du Burkina concerne le critère de «la création d’entreprise» (88,17/100). Sur ce critère pris de façon isolée, le Burkina occupe la 74e place mondiale sur les 190 pays.
Karim GADIAGA
Maurice est le mieux classé en Afrique
Au 25e rang du classement du Doing Business 2018 (DB/2018), Maurice affiche le meilleur score de toute l’Afrique subsaharienne. Quatre autres pays africains, notamment le Rwanda (41e rang), le Kenya (80e), le Botswana (81e) et l’Afrique du Sud (82e), tirent leur épingle du jeu en ce qui concerne la facilité à faire des affaires.
Les mal-classés africains sont la Somalie (190e rang), l’Érythrée (189e), le Soudan du Sud (187e) et la République centrafricaine (184e).
En Afrique de l’Ouest, le Ghana (120e) devance la Côte d’Ivoire (139e). Des pays comme le Sénégal (140e) et le Mali (143e), le Niger (144e) et le Nigeria (145e) sont également devant le Burkina. Avec leur classement résultant du DB/2018, certains de ces pays ont même dépassé le Burkina, alors qu’ils étaient derrière dans le DB/2017.
Les pays de l’Afrique de l’Ouest qui restent derrière le Burkina dans le DB/2018 sont la Mauritanie (150e), le Bénin (151e), la Guinée (153e), le Togo (156e), la Sierra Leone (160e), le Libéria (172e), la Guinée-Bissau (176e).