Editorial

Insurrection

Cette semaine sera marquée par une nouvelle commémoration : celle des journées du 30 et 31 octobre 2014. Les députés de la IVe République, ce jour-là, se préparaient à voter la loi modificative de la constitution afin de permettre au président Compaoré de se présenter à nouveau après ses deux mandats légaux.
Une déferlante humaine contestatrice s’est donc abattue sur l’Assemblée nationale; mettant ainsi fin, dans une violence inouie, à cette tentative de modification de l’article 37. Ainsi, Blaise Compaoré et certains de ses proches ont dû s’exiler afin d’échapper à ce qui était devenu par la suite une vindicte populaire avec sa cohorte de casses et de destructions de biens. Cette Révolution a laissé sur le carreau de nombreuses vies humaines, fait de nombreux blessés, affaibli l’économie du pays et généré un attentisme de la part des investisseurs. Mais, à ce jour, les victimes et leurs parents attendent toujours de solder ce passif par la justice et des dédommagements. Et il en est de même des entreprises sinistrées qui n’ont pratiquement plus d’interlocuteurs. Les nouvelles autorités sont sur la brèche pour recoller les morceaux d’un pays écartelé entre sa soif de justice, le souci de maintenir la cohésion nationale et surtout l’impératif d’une relance urgente de son économie dévastée. A ce triple niveau, cependant, il reste encore à faire pour satisfaire les attentes. Certes, le gouvernement travaille à la relance économique à travers un PNDES, mais celui-ci a du mal à tracter les wagons à sa vitesse de croisière. Quant à la justice, elle prend tout son temps pour vider ces dossiers emblématiques. Tout cela renforce les attentes et alourdit l’atmosphère nationale.

Abdoulaye TAO

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