L’agence de notation ouest-africaine WARA a publié, le 25 juillet 2017, son appréciation sur la santé financière de Coris Bank International/Burkina (CBI/BF). C’est la cinquième fois depuis la création de CBI en 2008 que WARA, l’une des deux agences agréées de notation financière sur le marché régional de l’UEMOA, émet son avis sur la situation financière de cette banque.
Bien avant la présente notation, la dernière avait été faite en juillet 2016. Il s’agissait, entre autres, de préparer l’introduction en bourse de CBI/BF. Une opération concrétisée à partir du 2 novembre 2016 sur le marché boursier de la Bourse régionale des valeurs mobilières (BRVM).
Cette 5e notation de CBI/BF constitue la toute première du genre, de par sa nature, depuis l’entrée en bourse de la banque.
La notation de long terme de CBI reste «BBB», en grade d’investissement, sur l’échelle régionale de WARA. C’est pareil que lors de la précédente notation en juillet 2016. Avis inchangé également au niveau de sa notation de court terme qui est «w-4». Selon les explications de l’agence, cette note reflète la croissance rapide de CBI qui a su se positionner comme une banque majeure au Burkina Faso.
La grande évolution dans cette 5e notation de CBI/BF se perçoit au niveau de la perspective. C’est-à-dire la projection quant à la future révision de la notation. «La perspective attachée à ces notations passe de stable à positive», indique WARA.
Simultanément, sur son échelle internationale, WARA affirme la notation de CBI rehausse sa perspective. Les notations de CBI deviennent alors iB/Positive/iw-6. En juillet 2016, ces notations sur l’échelle internationale étaient iB/Stable/iw-6. Le communiqué du 25 juillet dernier précisait que les notations de CBI restaient tributaires de la stabilité de l’environnement macro-économique du Burkina Faso. Partant de là, WARA justifie les notations de CBI et la perspective qui leur est attachée par le fait que «la banque a su se créer une place importante sur le marché bancaire burkinabè. La croissance de la banque se poursuit et son caractère innovant, combiné à une excellente gestion des risques, lui permet de se différencier de la concurrence. WARA estime que la solidité de la banque caractérisée par une forte capitalisation et une bonne rentabilité est un facteur positif de sa notation».
La notation financière ou notation de la dette consiste à donner «une opinion indépendante quant à la capacité et à la volonté (à court et moyen termes) d’un débiteur d’honorer, en temps et en heure, l’intégralité de ses obligations financières».
Elle reflète le niveau de crédit ou le niveau du risque autour de la solvabilité de l’entité (entreprise, Etat, collectivité) à laquelle on s’intéresse. Chaque agence élabore son échelle de notation et ses codes.
L’intérêt de la notation pour les entités qui s’y soumettent est donc de donner des informations et des indicateurs fiables à leurs partenaires. C’est une sorte de guide à l’investissement.
La notation est, par ailleurs, une exigence des marchés financiers, notamment la bourse. La plupart des entreprises qui se soumettent à la notation sont cotées en bourse ou préparent leur introduction.
Selon Landry Tiendrébéogo, l’analyste principal en charge, pour WARA, de la notation de CBI, «la notation de contrepartie de Coris Bank International ne bénéficie d’aucun facteur de support externe». Ce qui veut dire que les notes obtenues par la banque n’ont subi aucune influence (positive) venant d’un facteur extérieur. Ce sont donc des notes qui reflètent les réalités propres à la banque.
Parmi ces réalités, WARA indique que CBI, créé en 2008 de la transformation de «La Financière du Burkina», a connu une croissance rapide sur la période 2008-2013. Elle affiche à fin 2016 un total-bilan de 885,1 milliards de FCFA qui lui confèrent la première place sur treize banques au Burkina Faso. Détenu majoritairement par la holding du groupe (Coris Holding), CBI a fait son entrée officielle en bourse en fin d’année 2016 ; portant à trois le nombre des sociétés de droit burkinabè cotées à la BRVM. La banque possède une quarantaine d’agences en ville et en campagne.
Par ailleurs, la holding a entamé une diversification géographique dans la sous-région UEMOA qui a donné naissance à des filiales en Côte d’Ivoire, au Mali et au Togo et des succursales au Bénin et au Sénégal.
WARA précise que cette notation CBI est sollicitée et participative ; c’est-à-dire qu’elle fait suite à une requête en notation de la part de CBI, et que l’équipe dirigeante de la banque a pris une part active aux échanges avec les équipes analytiques de WARA.
Karim GADIAGA
Amélioration et détérioration de la notation
Selon WARA, une amélioration de la notation de CBI dépendra, entre autres, d’une amélioration de la notation du Burkina Faso ; ce qui parait peu probable à court terme; du gain significatif et durable de parts de marché au Burkina Faso, permettant ainsi à CBI d’asseoir son importance systémique sur le long terme, de la poursuite et de la montée en puissance de la diversification géographique de CBI, entamée dans la sous-région UEMOA avec des filiales bancaires déjà implantées en Côte d’Ivoire, au Mali et au Togo et des succursales au Bénin et au Sénégal, permettant ainsi à CBI d’être moins dépendant de son marché domestique à moyen terme.
Quant à l’éventuelle détérioration de la notation, elle serait la conséquence de l’inverse de ces mêmes situations.
Toutefois, WARA estime que la probabilité des scénarios favorables est supérieure à celle des scénarios défavorables à moyen terme ; ce qui signifie en d’autres termes que la notation actuelle de CBI contient davantage de possibilités de rehaussement que de risques d’abaissement.