Dans le numéro 206 de L’Economiste du Faso, en cette même colonne, nous concluions à ceci à propos du dilemme dans lequel la Haute Cour de justice se trouvait face aux exceptions d’inconstitutionnalité soulevées par les avocats des membres du dernier gouvernement Tiao: «Le scénario idéal serait que les avocats se présentent aux côtés de leurs clients et demandent mordicus un renvoi en vue de régler définitivement les exceptions d’inconstitutionnalité soulevées. D’ailleurs, cela arrangerait tout le monde». Et nous sommes exactement dans ce cas de figure avec la décision rendue par le conseil constitutionnel qui conforte la position des accusés.
Ils ont une chance sur deux de voir leur procès renvoyé aux calendes grecques, le temps que la Haute cour de justice se refasse un lifting. Et d’ici là, il peut se passer beaucoup de choses. Du coup, la Haute Cour de justice se trouve dans une posture qui la décharge de toute forme de pression. Elle pourrait prendre sur elle ces décisions et demander au législateur de lui donner les moyens de bien faire son travail. Elle clouerait ainsi le bec à ses détracteurs qui voyaient en elle l’instrument d’un règlement de comptes entre politiciens de l’ancien et du nouveau régimes. Le seul vrai gagnant dans ce dossier est la justice avec grand «J», celle qui se met au-dessus de la mêlée pour servir rien que les intérêts du droit, pour le respect des droits de tout citoyen.
C’est tout à l’honneur des grands juges. Il reste maintenant à réparer les imperfections de la loi portant création, attribution, fonctionnement et composition de la Haute Cour de Justice. Tout dépendra de la vitesse à laquelle ce travail sera fait.
Abdoulaye TAO