Après deux semaines de sit-in, les travailleurs du Trésor sont prêts à en remettre une nouvelle couche cette semaine pour obtenir la satisfaction de leur plate-forme revendicative minimale de 16 points. Le 17 mai, le bureau du syndicat autonome des agents du trésor a annoncé un sit-in du 22 au 29 mai et, éventuellement, un arrêt de travail dans la première quinzaine de juin si les discussions n’avancent pas avec le gouvernement.
Le syndicat, dans une logique de maintenir la pression, prévoit à l’issue de ces sit-in un arrêt de travail illimité. Un durcissement du mouvement qui n’augure rien de bon. Au passage, le SATB a contredit le point des négociations annoncé par le porte-parole du gouvernement. Selon le syndicat, le gouvernement a annoncé 16 points d’accord sur 19.
Faux! rétorque le SG du SATB. Il y aurait des avancées sur 8 points, et sur 7 points, le gouvernement devrait revoir sa copie. Les 4 autres points sont confrontés à un blocage.
Sur le sujet, le gouvernement n’a pas tardé à réagir, le lendemain 18 mai 2017. Il précise par la voix du ministre en charge du Travail, Clément P. Sawadogo, que sur les 16 points en question les discussions peuvent aboutir à un accord; pour dire que le consensus n’est pas loin. Il reconnait cependant qu’il y a effectivement 4 points de blocage, où il serait difficile pour le gouvernement de trouver des solutions.
Le syndicat, tout en reconnaissant que les discussions ne sont pas rompues avec la partie gouvernementale, entend durcir cependant le ton, alors que son interlocuteur de son côté parle d’un climat de négociations apaisé mais critique ouvertement la manœuvre des syndicalistes qui abusent, à son goût, du sit–in. Pour le ministre du Travail, ce sont des arrêts de travail déguisés, avec les mêmes résultats que les grèves. D’un point de vue de Clément Sawadogo, les sit-in tels qu’ils se pratiquent par le SATB sont illégaux. Et si jusque-là il ne met pas en œuvre les sanctions, c’est dans le but de maintenir le dialogue avec les partenaires sociaux. Une façon de dire que si le syndicat persistait dans l’usage abusif du sit-in, le gouvernement pourrait sortir l’artillerie lourde également. Une sorte d’avertissement donc. Parce que le plus dur est à venir.
Comment concilier les deux positions sur certains points de blocage tels que le statut autonome et l’augmentation du taux d’indexation du fonds commun sur la trésorerie nette. Sur ces deux points, le niet du gouvernement est on ne peut plus clair.
Il dit avoir expliqué au syndicat qu’il se trouve dans l’impossibilité, pour des raisons objectives, de donner satisfaction à certains points de la plate-forme dont entre autres le statut autonome et l’augmentation du taux d’indexation du fonds commun sur la trésorerie nette. La raison est simple.
Le statut autonome est prévu par la Constitution; et en l’état, il est impossible au gouvernement de satisfaire cette revendication. Les statuts particuliers mis en œuvre jusque-là, affirme le ministre en charge du Travail, concernent les magistrats, les enseignants d’université, les paramilitaires, les auxiliaires de justice.
Sur le fonds commun, le syndicat demande le doublement du taux. Impossible selon le gouvernement qui craint de déséquilibrer tout le système. Même s’il se dit prêt à des aménagements, le gouvernement ne semble pas prêt à céder sur ce point, tout comme sur la question des primes.
On sait que ces deux sujets sont les véritables points d’achoppement des négociations actuelles. Le gouvernement a annoncé les limites au-delà desquelles il ne peut s’engager.
Et le syndicat a réussi une telle mobilisation de ses troupes que reculer maintenant serait un échec. Il faudra bien beaucoup de «compréhension et de retenue» dans chaque camp, afin d’éviter un bras de fer aux conséquences incalculables. Le gouvernement dit n’avoir pas encore évalué les conséquences de la grève. Il dit attendre la fin du mouvement, mais quand ?
FW
Mémoire en défense tardif du gouvernement
Il y a comme une sorte de logique de rivalité entre les corporations à propos des statuts particuliers et des revendications de fonds communs, selon le ministre du Travail qui est au cœur des négociations avec les syndicats de la Fonction publique. Il aurait reçu une dizaine de plateformes revendicatives dans ce sens. Il craint qu’avec cette inflation de revendications, le statut de la Fonction publique «n’explose».
D’où son appel aux syndicats à retirer le point sur les statuts particuliers de leurs plateformes, la question étant réglée selon lui par la Constitution.
Le statut particulier accordé aux magistrats est-il l’élément déclencheur de cette inflation de demandes des autres corps? Le gouvernement n’a pas répondu clairement à la question, mais estime que c’est un texte qui a été adopté sous la Transition, prévu dans la Constitution et qu’il n’a fait que prendre les décrets d’application.
Le gouvernement ne pouvait s’y dérober au risque de se voir traiter de remettre en cause des acquis. Surtout qu’il a été accueilli aux premières heures de sa formation par la grève des magistrats qui s’impatientaient. Il n’a donc fait qu’appliquer la loi. Indirectement, c’est un message aux autres corps que la porte des statuts particuliers est fermée.