En 2014, le Burkina Faso a payé des commissions d’engagement d’un montant de 322.821 Dollars US, soit 166,789 millions de FCFA, pour un seul prêt contracté en 2008. Ce qui est gênant dans cette affaire, c’est que ce prêt, destiné à un projet d’usine de transformation de tomates, n’a pas encore vu le jour. Cette révélation a été faite par le rapport 2015 de la Cour des Comptes rendu public en fin avril 2017.
Après ce constat, la Cour pointe du doigt l’existence de commissions. Dans certains cas, cette commission a été payée pour des emprunts qui ont été annulées. Ces informations mettent à jour certains dysfonctionnements dans la gestion de la dette publique. La Cour des Comptes a aussi relevé le non-respect des plafonnements annuels d’endettement fixés par les différentes stratégies. En effet, le plan d’endettement définit la limite maximale des emprunts que peut souscrire l’Etat.
Il est composé du montant des conventions déjà signées ou en cours de négociations, mais aussi du montant des nouveaux emprunts.
La Cour des Comptes dénonce le non-respect de ces plafonnements annuels. Par exemple, pour l’année 2014, sur une prévision de 227,64 milliards de FCFA, la réalisation s’établit à 151,55 milliards de FCFA, soit un taux de réalisation 66,7%.
Une autre incohérence a été relevée au niveau de la dette intérieure. A ce niveau, une discordance existe entre les données contenues dans la loi de finances 2014 et les données fournies par la direction de la dette publique.
Toujours à propos de la dette intérieure, la Cour constate qu’elle prend une trajectoire accentuant le risque de financement. Pour ce faire, le ministère des Finances a été prié de prendre les mesures nécessaires pour prévenir toute détérioration de la structure du portefeuille de la dette intérieure.
Elie KABORE
Le Burkina n’est pas surendetté
Depuis les indépendances, le Burkina mène une politique de mobilisation de ressources extérieures pour financer la faiblesse de l’épargne intérieure. A partir de 1991, des réformes dans le domaine de la dette publique ont été opérées, ce qui a conduit à une bonne maitrise de l’endettement public. Grâce à l’initiative Pays pauvres très endettés (PPTE), en 2002, et l’initiative d’allègement de la dette multilatérale en 2005, le stock de la dette publique a été fortement réduit. Mais avec la mise en œuvre de la Stratégie de croissance accélérée pour le développement durable (SCAAD), l’endettement a pris une tendance haussière due notamment à l’accroissement du volume des tirages sur des projets négociés. Selon les données de la direction de la dette publique, l’encours de la dette publique totale qui était de 687 milliards de FCFA en 2006 a atteint 1.935 milliards de FCFA en fin 2014, soit une augmentation de 134,16%. Malgré tout, le Burkina est à risque modéré de surendettement extérieur, mais il reste vulnérable aux chocs macroéconomiques. Une chute temporaire des exportations peut ramener les indicateurs de la dette publique au-dessus du seuil requis.