Dans notre édition N° 152, nous publiions à la une «Nouveau Code minier: le fonds de développement local divise», et ceci au vu des difficultés prévisibles dans la mise en œuvre de la loi instituant ce fonds.
Le législateur burkinabè voulait en faire un véritable instrument d’accompagnement du développement local afin de conjurer la «malédiction de l’or» qui veut qu’après la mine les populations riveraines soient encore plus pauvres.
L’initiative est donc partie d’une bonne intention. Mais elle semble se heurter actuellement à la réalité du terrain, notamment les modalités pratiques de gestion de ce fonds. C’est une affaire de gros sous, et les sociétés minières ne voudraient pas mettre tous leurs œufs dans un même panier. D’où l’idée de scinder leur contribution de 1% en deux: une moitié virée au fonds et l’autre moitié gérée directement par les sociétés minières pour financer leurs actions de développement local.
En fait, on a l’impression que les sociétés minières font jouer le principe de précaution. Face à des populations de mieux en mieux informées et exigeantes, elles savent qu’elles seront désormais fortement sollicitées, et elles anticipent déjà sur les lourdeurs ou les défaillances du fonds pour avoir une marge de manœuvre en termes de financements directs. C’est de bonne guerre!
La question est de savoir si techniquement la suggestion de la Chambre des mines peut être intégrée au dispositif d’application de la loi sans porter atteinte à son esprit. Et pour cela, il faudra d’abord convaincre les OSC qui ont été à la pointe du combat pour la mise en place du fonds.
Elles n’ont confiance ni en l’Etat ni aux sociétés minières dans la gestion de cette manne à venir. Pourtant, il faudra bien trouver un mode opératoire consensuel. Sinon, autant dire adieu aux financements directs des communautés riveraines des mines.
Abdoulaye TAO