La Tunisie est bien décidée à accroitre ses échanges commerciaux avec le Burkina et aussi avec les autres pays de l’Afrique de l’Ouest. Une volonté qui passe, à la fois, par la recherche de nouvelles opportunités d’investissements, l’élargissement de son marché et l’établissement de nouveaux partenariats d’affaires. C’est dans le but de réaliser ces ambitions que le premier ministre Youssef Chahed a effectué une visite d’amitié et de travail à Ouagadougou les 4 et 5 avril 2017. Sa toute première ministre visite au Burkina depuis sa nomination en août 2016. Il était accompagné d’une forte délégation d’hommes d’affaires qui ont participé, dans la matinée du 5 avril, au forum économique tuniso-burkinabè, aux côtés de leurs homologues locaux.
L’ouverture du forum présidée par les chefs de gouvernement des deux pays a permis à chacun de présenter la vision et les opportunités de son pays.
Pour Youssef Chahed, la Tunisie est véritablement engagée à renforcer les liens commerciaux qu’elle entretient déjà avec le Burkina. Pour ce faire, elle a entrepris de créer les conditions favorables à la circulation des biens et des personnes entre les deux pays. Le premier acte majeur dans ce sens concerne la suppression du visa d’entrée en Tunisie pour les Burkinabè. Réciproquement, le Burkina observe la même mesure.
Un autre facteur qui favorise les mouvements entre la Tunisie et le Burkina, ce sont les liaisons aériennes assurées par Tunis Air. Depuis 2013, la compagnie aérienne tunisienne est arrivée dans le ciel burkinabè et assure trois vols hebdomadaires entre les deux pays. Un important symbole d’intégration.
Le dernier acte majeur de la Tunisie en direction du Burkina, c’est l’ouverture à Ouagadougou de son ambassade. Cette ambassade, fonctionnelle depuis un mois, a été officiellement inaugurée le 5 avril par le chef du gouvernement tunisien et son homologue burkinabè.
Au profit des hommes d’affaires, l’ambassade de Tunisie au Burkina abritera un bureau de liaison et d’informations entre les deux pays.
Au cours du forum économique du 5 avril, la délégation d’hommes d’affaires tunisiens a eu droit à une présentation des opportunités d’investissements au Burkina. Le film « Investir au Burkina » réalisé par l’Agence pour la promotion des investissements au Burkina (API-BF) a été projeté à leur intention. A la suite, ils ont pu poser des questions précises sur l’environnement juridique, les mesures de facilitations et les autres conditions en matière d’affaires. Bien avant cette séance vidéo, le Premier ministre Paul Thiéba était revenu, dans son discours d’ouverture, sur les opportunités spécifiques offertes par le PNDES. Le chef du gouvernement burkinabè a notamment insisté sur l’axe trois du Plan qui mise sur la transformation structurelle de l’économie. Laquelle transformation structurelle s’est fixé, entre autres défis, la transformation des produits de l’agriculture via l’industrie. Les Tunisiens ont été invités à participer à ce défi majeur.
Sur le chemin de la reconstruction de son économie après la révolution de décembre 2010 -janvier 2011, la Tunisie a placé le Burkina parmi les cibles privilégiées pour développer les affaires. Dès lors, des hommes d’affaires tunisiens n’ont cessé de séjourner au Burkina. C’était le cas déjà en avril 2013 où une mission d’hommes d’affaires tunisiens conduits par le Centre de promotion des exportations (CEPEX) était venue en prospection au Burkina. Par la suite, il y a eu le Forum Africallia 2014 lors duquel la Tunisie, pays invité d’honneur, était arrivée avec une délégation de 75 participants.
A l’occasion de la présente visite conduite par le chef du gouvernement tunisien, des accords de coopération entre des institutions représentatives des milieux d’affaires tunisiens et la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina ont été signés.
Karim GADIAGA
Un volume d’échanges en déca des attentes
D’après la CEPEX, en 2013, le Burkina Faso était le 42e client de la Tunisie à l’échelle internationale, la 13e destination africaine des exportations tunisiennes et son 7e client en Afrique subsaharienne. En direction du Burkina, la Tunisie exporte des produits dans les domaines de l’agroalimentaire (pâtes alimentaires, margarine,…), des Industries mécaniques et électriques (IME), ainsi que des services (enseignement, services de soins…). En 2012, la valeur des exportations tunisiennes vers le Burkina a atteint 2,9 millions de Dinars tunisiens et les principaux produits exportés en 2012 étaient les eaux minérales, les constructions, les câbles, les conducteurs isolés pour l’électricité, les conserves de poissons. A l’inverse, la Tunisie importe du Burkina du coton non transformé, des graines et des fruits oléagineux.
De 2011 à 2012, les échanges entre les deux pays ont augmenté de 66,9%. A l’occasion du forum du 5 avril 2017, Youssef Chaheda indiqué que ces échanges ont quasiment doublé sur les cinq dernières années. Cependant, le niveau reste faible. C’est cette situation que les deux pays souhaitent inverser.