La marche de protestation et de remise de mémorandum au Haut-Commissaire de la province de Tuy que la coordination des associations socioprofessionnelles et de la jeunesse du Tuy comptait organiser le 24 février 2017 n’a pas eu lieu. Elle a été interdite par la police. Le mémorandum portait sur les préoccupations des membres de la coordination par rapport aux retombées de la société minière Houndé Gold sur la localité. Cette société est en train de construire la mine qui entrera en production d’ici la fin de l’année. Au titre de l’emploi local, la coordination des associations socioprofessionnelles et de la jeunesse constate que sur 57 chauffeurs recrutés par la mine, 11 sont de Houndé, soit un taux de 19%. Pourtant, plus d’une quarantaine de jeune de Houndé s’est formée à ses frais, autour de 500.000 FCFA en conduite d’engins lourds dans les centres de formation. Leur inquiétude pour le recrutement des mécaniciens est toujours d’actualité. En effet, sur 14 mécaniciens recrutés par la mine, 2 sont de Houndé, soit un taux de 14%. La coordination souhaite surtout que les personnes affectées par l’installation de la mine soient prises compte dans les différents recrutements.
A propos de la fourniture locale de biens et services, la coordination propose d’appliquer un quota dans le recrutement des prestataires locaux comme cela l’a été sur les marchés de construction du site de relocalisation des personnes affectées.
L’association des bouchers qui fait partie des organisations membres de la coordination plaide pour que l’entreprise sous-traitante pour la restauration des employés de la mine puisse commander la viande auprès d’eux. Les membres de cette association rappelle qu’un partenariat était presque conclu à ce propos, mais ils attendent sa mise en œuvre. Pour une question de transparence, les commerçants de Houndé demandent à la mine et à ses sous-traitants de communiquer la liste de tous ses fournisseurs des marchandises. Quant aux couturiers de Houndé, ils plaident pour l’établissement d’un partenariat avec la mine et à ses sous-traitants pour la confection des tenues. La tension est vive à Houndé entre la coordination et la société minière Houndé Gold. Au milieu des 2 protagonistes, se trouvent les autorités locales et nationales. En fin janvier, un sit-in devant la mine a été reporté après que le ministre en charge des Mines d’avant le remaniement ministériel, Alfa Oumar Dissa, a promis de venir s’entretenir avec les jeunes de Houndé sur leurs revendications. La rencontre a eu lieu le 11 février 2017 à Houndé pour tenter de désamorcer la crise. Dans son intervention, il a laissé entendre que le Code minier en vigueur actuellement prend en compte les insuffisances des Codes précédents en matière de responsabilité sociale et d’économie autour de la mine, notamment l’employabilité. Poursuivant son propos, il a affirmé que l’économie nationale et locale profite plus de la fourniture des biens et services que des taxes. Il a fait référence aux fonds minier de développement local financé, entre autres, par 1% du chiffre d’affaires des sociétés minières, alors que les autres pays sont à 0,5%. Les recettes générées par ce fonds doivent servir au développement local. Pour la formation, il a informé que la mine va proposer une stratégie avec une discrimination positive pour les jeunes de Houndé. Le ministre a mis en garde ceux qui pensent que la mine doit recruter 100% de ses employés sur place. «C’est mettre le feu au Burkina, puisque la mine doit collaborer avec des entreprises qui ont des normes techniques à respecter. Si une mine se sent toujours perturbée, elle va fermer», a martelé le ministre qui a conclu son propos en rappelant l’existence des cadres de concertation qui regroupent toutes les couches sociales. «Sur d’autres sites miniers, le dialogue et la concertation ont porté leurs fruits», indique-t-il.
Elie KABORE
Fonds minier de développement local: le remaniement retarde son opérationnalisation
Alfa Oumar Dissa a informé lors de son intervention le 11 février 2017 que dans la troisième semaine du mois de février, une rencontre devait regrouper les gouverneurs, les maires, les entreprises minières, des organisations de la société civile, les ministères d’Administration territoriale, de l’Environnement, des Finances autour de l’opérationnalisation du fonds minier de développement local dont le décret d’application a été signé en fin janvier 2017.
Ce texte d’application prévoit la mise en place d’un comité local pour la gestion du fonds. Cette rencontre n’a pas pu se tenir à cause du remaniement ministériel intervenu le 20 février 2017 et qui a consacré l’éclatement du ministère de l’Energie, des Mines et des Carrières en 2 ministères. A quand la tenue de cette rencontre par le nouveau ministre des Mines et des Carrières, Idani Oumarou, qui serait en train de mettre en place son cabinet ?