ENVIRON 70% d’Africains dépendent du secteur agricole pour leur emploi et leur subsistance. Cependant, les rendements agricoles, qui sont encore inférieurs à ceux des autres régions en développement,
ont stagné pendant de nombreuses années, maintenant des millions d’agriculteurs africains dans une situation de précarité. C’est en substance le contenu de la revue de la Banque africaine de développement (BAD), édition 2016, sur l’efficacité du développement dans le domaine de l’agriculture. Dans ce rapport publié en janvier 2017, la BAD révèle que l’Afrique doit faire mieux, car le constat est amer. Le endement des cultures céréalières des pays africains à faible revenu ne s’élève qu’à 1,3 tonne par hectare, soit la
moitié du rendement de l’Inde et seulement le quart du rendement atteint par la Chine. La productivité est freinée par une exploitation fragmentée et souvent précaire des terres, par un manque d’accès au financement et par l’adoption tardive de nouvelles technologies et de modèles commerciaux innovants. Les exploitations agricoles africaines n’utilisent aujourd’hui qu’un vingtième du volume d’engrais utilisé dans les pays d’Asie et d’Amérique latine. L’irrigation est un autre facteur clé: en Afrique, seuls 6% des terres cultivées sont irriguées, alors qu’elles participent à hauteur de 38% à la production agricole du continent. Les infrastructures rurales de transport restent sous développées, seuls 35% d’Africains
bénéficient d’un accès à une route praticable en toute saison. Les conséquences pour les agriculteurs sont un accès limité aux intrants agricoles et des coûts d’accès aux marchés plus élevés. L’insuffisance
des installations de stockage post-récolte ainsi que des méthodes de traitement inefficaces entraînent la perte de 30 à 40% de chaque récolte. L’Afrique est confrontée à une série d’obstacles à l’exportation de ses produits agricoles. La plus grande partie des produits agricoles cultivés en Afrique est consommée en Afrique. Pour la BAD, l’insécurité alimentaire est en déclin, mais l’Afrique reste vulnérable à la fluctuation
des prix mondiaux des denrées alimentaires et à d’autres chocs. Depuis que 18 pays ont atteint l’Objectif du millénaire pour le développement relatif à la famine, l’insécurité alimentaire en Afrique a diminué. Mais 37 pays sont encore confrontés à des déficits alimentaires et un quart de la population africaine ne jouit toujours pas d’un accès fiable à la nourriture.
NK