A la Conférence mondiale sur le climat (COP21), qui a ouvert ses portes le 30 novembre dernier à Paris pour deux semaines, l’Afrique a été fortement représentée. A l’importante délégation de la BAD, s’est ajoutée celle de la CEDEAO, l’UEMOA, le CILSS et la BOAD. Objectifs, défendre les intérêts de l’Afrique et des Africains.
La Banque africaine de développement, avec à sa tête son président, Akinwumi Adesina, a porté un message à cette conférence.
Pour lui, «les changements climatiques sont le plus grand défi de notre temps pour le développement. La COP21 présente une opportunité unique de relever ce défi. La voix de l’Afrique est cruciale si l’on veut garantir le succès de la COP21. Et la voix de l’Afrique se fera entendre». Selon M. Adesina, l’Afrique est particulièrement vulnérable aux changements climatiques et souffre déjà de ses pires effets. «Sans un accord mondial qui limite le réchauffement à 1,5 °C et accorde une aide supplémentaire à l’Afrique pour son adaptation, les progrès de développement durement acquis par le continent pourraient s’inverser».
Et la BAD de dresser la liste des risques climatiques aigus auxquels le continent aura à faire face.
En premier, la baisse des récoltes. Les changements climatiques vont probablement réduire les récoltes des principales céréales dans toute l’Afrique.
En Namibie, par exemple, les impacts climatiques sur l’agriculture pourraient réduire le PIB annuel de 1% à 6%.
Ensuite, les conditions météorologiques extrêmes vont augmenter, ce qui inclut des sécheresses très prononcées, des inondations, des stress thermiques et des cyclones tropicaux, les maladies et la malnutrition. Des événements extrêmes comme des inondations peuvent se combiner avec des changements à plus long terme comme l’élévation des températures, et favoriser la propagation de maladies infectieuses, déplacer les zones impaludées et exacerber la malnutrition. Les ressources en eau pourraient diminuer et jusqu’à 90 millions de personnes pourraient être menacées si la pluie diminue, à tel point que les ressources souterraines ne pourront pas se renouveler.
L’autre défi concerne les impacts sur la production d’énergie qui dépend de la force hydraulique. De même, l’élévation du niveau de la mer menacera les villes. La plupart des plus grandes villes africaines étant situées sur la côte, près de 10 millions de personnes pourraient être menacées par les inondations au Cameroun, au Mozambique, au Sénégal et en Tanzanie.
La dernière menace sur l’Afrique concerne la pêche. L’élévation de la température océanique et l’acidification de l’océan altèrent drastiquement les écosystèmes aquatiques. Cela met en danger la durabilité de la pêche et de l’aquaculture, ainsi que les moyens de subsistance des communautés qui dépendent de la pêche.
La région ouest-africaine n’est pas aussi en reste. En témoigne la mobilisation de la CEDEAO, de l’UEMOA, du CILSS et de la BOAD pour défendre l’adoption d’un accord ambitieux et juridiquement contraignant sur le climat, sur la base de la position commune africaine défendue par le groupe africain de négociateurs. Les différents ministres en charge de l’Environnement de ces représentations ont approuvé le 7 novembre à Dakar une déclaration commune. Dans cette déclaration, ces organisations sous-régionales réaffirment avec force «la grande vulnérabilité face au climat des pays de la CEDEAO, de l’UEMOA et du CILSS, et par conséquent la nécessité de mobiliser des financements dans le cadre de l’engagement des 100 milliards de dollars US par an pour une mise en œuvre réussie des grandes initiatives telles que la Grande muraille verte, l’Initiative africaine sur les énergies renouvelables et le Plan d’investissement climat du bassin du Niger».
NK