Dossier

Gestion du fret: Tensions aux ports du Ghana

Depuis un certain temps, de nombreuses difficultés émaillent l’évacuation du fret burkinabè transitant par les ports du Ghana et principalement celui de Tema. De l’avis des autorités du ministère des Infrastructures, du désenclavement et des transports, ce problème est né en grande partie de la confusion des missions des institutions burkinabè présentes sur la plateforme, du déficit d’informations justes au niveau des acteurs et de la faible communication entre eux.

Depuis longtemps, le principe de la répartition du fret burkinabè est appliqué sans accroc dans tous les autres ports de transit et étendu au Ghana en vertu de la clause de la nation la plus favorisée et qui est le même en œuvre au port de Tema. Cette clause prévoit pour le fret en transit 1/3 pour les transporteurs ghanéens et 2/3 pour les transporteurs burkinabè. En clair, 1/3 des marchandises passant par le port doit être transporté par le pays de transit et les 2/3 par le pays importateur, c’est-à-dire le Burkina Faso. Mais lors des contrôles effectués, il a été établi que les Ghanéens transportent plus que leur quota, soit environ 75% des marchandises burkinabè au détriment donc des transporteurs burkinabè.
La partie burkinabè avait jugé bon de faire le déplacement du Ghana pour arrondir les angles. A l’époque, elle avait pu convaincre les ports du Ghana qui ont même sortie une procédure pour harmoniser l’accès au fret du Burkina Faso. Le gouvernement burkinabè y a également accompagné les transporteurs burkinabè en septembre dernier. Les Ghanéens sont restés stoïques malgré toutes ces démarches. Du côté de l’Organisation des transporteurs routiers du Faso (OTRAF), ce comportement découle de la facilité avec laquelle les transporteurs ghanéens ont accès au fret burkinabè.Les transporteurs du Burkina ont donc voulu se faire entendre. Ils sont allés en phase de contrôle et tout véhicule qui n’est pas muni de bon de chargement délivré gratuitement par le Conseil burkinabè de chargeurs (CBC) est appréhendé. C’est ainsi que les documents administratifs de ces véhicules sont confisqués en attendant que les propriétaires aillent charger avant de venir répondre. Il y a un protocole d’accord entre l’OTRAF et les syndicats ghanéens dans lequel des sanctions sont prévues en cas de non-respect des dispositions sur le partage du fret. La phase est certes consacrée à la sensibilisation, mais la répression ne semble pas être loin. La détermination côté burkinabè est claire: plus question que la partie ghanéenne aille au-delà de son quota.
L’opération est déjà en marche depuis le 10 novembre et près de 70 véhicules ont été appréhendés à la date du 19 novembre 2015. Malheureusement, face au devoir de se conformer à la réglementation, l’OTRAF dit enregistrer beaucoup de réticences. On indexe, côté OTRAF, une complicité avec d’autres transporteurs installés au Burkina et les représentants des chargeurs installés dans les ports du Ghana. Des Burkinabè vivant à Tema auraient prêté le flanc et faciliteraient ainsi ce comportement de la partie ghanéenne. De tous les corridors accessibles aux transporteurs burkinabè (Côte d’Ivoire, Togo), c’est sur celui du Ghana que des problèmes subsistent. Si du côté des autorités portuaires du Ghana «les documents soumis par le Burkina sont très clairs et ne souffrent pas d’ambiguïtés», il y a que, sur le terrain, le quota établi est foulé aux pieds par les transporteurs ghanéens. Cette situation a donc commencé par produire ses vagues de tensions.
Les camions appréhendés et immobilisés seraient repartis de force au Ghana sans résistance de la partie burkinabè. On explique ce comportement burkinabè par la fragilité des frontières en cette période électorale au Burkina. Mais, de bonnes sources, l’Office national de sécurité routière (ONASER) pourrait se voir confier la tâche quand la situation se normalisera au Burkina. Notons que la procédure d’accès des camions ghanéens et burkinabè au fret burkinabè dans les ports va du dépôt de la déclaration du fret par le transitaire auprès du Conseil burkinabè des chargeurs, à l’émission du bon de chargement et du bordereau de suivi du transport routier. Dans cette situation, l’interlocuteur unique des autorités portuaires et des partenaires de la chaîne de transport (pour le compte du Burkina) est le CBC, pour les questions de transport et de gestion du fret, et la Chambre de commerce et d’industrie du Burkina pour les questions relatives au développement et à la gestion d’entrepôts du Burkina dans les ports.o
Alexandre Le Grand ROUAMBA


Proposition de la partie ghanéenne

Lors d’une rencontre entre les parties burkinabè et ghanéenne afin de trouver une solution au problème, le directeur général des ports du Ghana, Richard Anamoo, a formulé des suggestions à l’endroit de la délégation burkinabè.
Elles concernent notamment la nécessité de mise en œuvre d’un mécanisme permettant la rencontre de l’offre et de la demande de transport du fret burkinabè et la conclusion au Burkina de contrats de transport entre les importateurs burkinabè et les transporteurs ghanéens et burkinabè, avant d’envoyer les camions en zone portuaire pour charger.
Ce qui résoudra, selon lui, la quasi-totalité des problèmes actuellement rencontrés. Richard Anamoo a indiqué que dans le cadre d’un tel dispositif, il pourrait être envisagé d’émettre des bons de chargement électroniques ayant une validité transfrontalière.

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