Il va falloir attendre encore pour avoir des réponses précises aux principales interrogations sur le processus du renouveau de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI-BF). Difficile aujourd’hui de dire à quel moment prendra fin le mandat de l’organe transitoire à la tête de l’institution, ni de dire quel sera le contenu définitif des nouveaux textes après la relecture. Le mandat de 6 mois des membres de la délégation, mis en place après la dissolution de l’Assemblée consulaire en décembre 2014, devait prendre fin en juin dernier. Ce mandat avait été prorogé jusqu’au 31 octobre 2015, sans que la date de la tenue des élections consulaires ne soit pour autant communiquée.
L’avènement du putsch avorté de l’ex-Régiment de sécurité présidentielle a contribué à créer plus d’incertitude sur le calendrier.
Une chose est désormais sûre : la nouvelle Assemblée consulaire ne pourra être mise en place qu’en 2016; probablement après l’installation du nouveau pouvoir exécutif issu de la présidentielle du 29 novembre prochain. Nonobstant cette absence de date précise sur la fin du mandat de la délégation spéciale, le processus de relecture des statuts de la CCI-BF, confié à l’expert Benoît Ouattara, ancien Directeur général de la Chambre de commerce et ancien ministre en charge du Commerce, a débouché sur un document. C’est ainsi que le Conseil des ministres du jeudi 22 octobre 2015 a adopté un rapport relatif à la relecture des statuts de la CCI-BF. «Des nouveaux statuts qui visent à assurer une meilleure représentativité de la Chambre de commerce dans les milieux d’affaires et à garantir un choix démocratique libre et transparent des membres consulaires ainsi que ceux du bureau consulaire», indique le communiqué du gouvernement, qui ajoute par ailleurs que ces nouveaux statuts permettront à la CCI-BF de remplir convenablement ses missions.
Pour le moment, le contenu des textes n’est pas rendu public. En attendant cette officialisation, il faut rappeler que le projet de textes présenté par l’expert, en fin juillet dernier, était loin de faire l’unanimité. Par la suite, les membres du « Collectif des professionnels pour une Chambre de commerce assainie », à l’origine des manifestations ayant conduit à la dissolution de l’Assemblée consulaire, étaient sortis «déçus» de la rencontre sur l’amendement de ce projet de textes. La plupart de leurs amendements avaient été rejetés. Le contenu des textes a-t-il été revu entre-temps ? La version officielle des textes à venir nous le dira. Par ailleurs, comme le fait savoir le communiqué du gouvernement relatif à l’adoption des nouveaux statuts, le processus de reformatage de la CCI-BF semble avoir seulement mis l’accent sur les questions du mode de désignation des futurs représentants. De ce fait, les prochaines élections consulaires pourraient être plus ouvertes. Elles pourraient également accoucher d’une représentativité mieux équilibrée mais cela suffira-t-elle pour le renouveau attendu ? Ce n’est pas seulement parce que les têtes qui composaient les anciennes instances de la CCI-BF ne plaisent pas à leurs détracteurs que sa dissolution été demandée. Dans le désaveu, il y avait aussi les comportements et les pratiques dans la gestion de l’institution. Va-t-on seulement se limiter à élire des nouveaux représentants pour leur permettre de reproduire les mêmes actes que leurs prédécesseurs ? Quid alors de la transparence réclamée dans la gestion même de la Chambre de commerce? Au-delà des questions de désignation des représentants, le renouveau de la CCI-BF devrait créer les conditions d’une gestion plus transparente de tout ce qui relève de cette institution. Autrement, ce processus laissera un goût d’inachevé.
Karim GADIAGA
Plusieurs infrastructures clés aux mains de la CCI-BF
Dans son rôle d’investisseur institutionnel, la CCI-BF réalise des infrastructures et équipements pour soutenir le milieu des affaires. C’est le cas des entrepôts sur les ports maritimes et dans certaines villes stratégiques pour les commerçants, des magasins, des chambres froides, des parkings, des hangars de fret, des terre-pleins, des terminaux à conteneurs, des gares routières, des hôtels (Hôtel OK INN), etc. Les infrastructures et équipements classés selon 3 services (les services des véhicules, le service du fret, les services aux prestataires logistiques). La plupart de ces infrastructures constituent des passages obligés pour les importateurs et génèrent des recettes. Selon les commerçants, ces infrastructures ont un impact considérable sur le prix de revient des produits issus de l’importation. Cette situation se ressent à la fois sur les marges du commerçant importateur et sur les consommateurs.
Comment ces infrastructures sont-elles gérées? Combien génèrent-elles par an? Qui fixe les règles de gestion ? Selon les membres du Collectif, «il n’y a jamais eu de transparence sur ces questions et aucun bilan n’a été produit sur la gestion». C’est une situation qui échappe à tout contrôle extérieur. Le gouvernement a-t-il prévu des mécanismes pour soumettre cette gestion à la transparence? Les enjeux sont pourtant très importants.