Expliquer et sensibiliser les acteurs du secteur privé sur les avantages des Accords de partenariat économique (APE), tel était le but de l’atelier organisé les 28 et 29 octobre derniers par la Chambre du commerce à Ouagadougou. Deux jours durant, le contenu des APE a été expliqué afin que les opérateurs économiques en tirent les avantages et permettent sa mise en place.
«Nous avons organisé cet atelier afin de permettre aux opérateurs économiques de s’en imprégner et de prendre toutes les dispositions pour sa mise en œuvre et en tirer les opportunités.
Cet atelier était nécessaire car, longtemps, on a entendu parler que des inconvénients des APE. Toutefois, c’est un accord qui a des avantages pour l’Afrique», a expliqué Nazaire Paré, directeur général du commerce. Les pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) ont approuvé les APE avec l’Union européenne le 10 juillet dernier au cours de la 45e session ordinaire de la conférence des chefs d’Etat de la Cedeao à Accra. La Cedeao est ainsi la première région africaine à signer un tel accord avec l’UE. Cet accord prévoit la mise en place d’un accès libre aux marchés ouest-africains pour 75% des produits européens et un accès à 100% des produits africains aux marchés européens.
Lancé depuis 2002, le processus des APE a connu des divergences, notamment sur le financement et l’offre d’accès. Après de longs pourparlers, l’UE s’est engagée à accompagner les pays ACP (Afrique, Caraïbes, Pacifique) dans la mise en œuvre des APE. Les négociations pour la signature entre les deux parties ont repris de plus belle. Plusieurs points d’achoppement à la base de l’échec des négociations semblent avoir trouvé une issue favorable. Il s’agit entre autres de l’offre d’accès au marché de l’Afrique de l’Ouest. La nouvelle proposition faite par l’Afrique de l’Ouest sur le taux d’ouverture est de 75% de libéralisation.
Cette nouvelle proposition est acceptée par l’UE qui renonce au taux de 80% qu’elle souhaitait dans les négociations précédentes. Les deux parties ont également convenu d’un calendrier de libéralisation sur une période de 20 ans au lieu de 25 ans proposés auparavant par la sous-région. Autre point résolu, la suspension de la clause de non-exécution. Cette clause donnait le pouvoir à l’UE de prendre des sanctions à l’encontre de tout Etat de la Cedeao suite à des manquements dans l’application des traités sur les droits de l’homme, la bonne gouvernance, en matière de respect de l’Etat de droit, etc. La proposition consensuelle de rédaction trouvée renvoie aux dispositions de l’Accord de Cotonou que l’ensemble des Etats a signé et ratifié.
Cette approche évite le lien entre les préoccupations d’ordre commercial et politique que l’Europe voudrait établir. On cite également comme avancées : la révision de la clause de la nation la plus favorisée, la coopération dans le domaine de l’agriculture et de la sécurité alimentaire, la clause sur les pays ayant établi une union douanière avec l’Union européenne, le financement du Programme de l’APE pour le développement (PAPED), etc.
Concernant le financement du PAPED destiné à l’amélioration de la compétitivité de l’économie régionale et le renforcement du tissu de la production, les deux parties se sont accordées, selon les conférenciers, sur les besoins prioritaires couvrant l’industrie, l’agriculture, les infrastructures, l’énergie et le renforcement des capacités des acteurs non étatiques.
L’UE s’est donc engagée à un financement de 6,5 milliards d’euros au lieu de 15 milliards d’euros réclamés pour la période 2015-2020. Les responsables de la Chambre du commerce ont bon espoir quant à la bonne marche de cet accord, et espèrent l’adhésion de tous.
Germaine BIRBA
Devenir partenaire de l’UE
Les APE ont alimenté les débats des spécialistes du commerce. Certains étaient sceptiques quant à ses avantages pour les Etats africains qu’ils jugeaient moins armés pour attaquer le marché européen. D’autres par contre y voyaient un avantage et une amélioration des échanges.
Au final, l’UE a réussi à convaincre les pays africains. Cependant, pour pouvoir bénéficier des avantages de ces échanges, il faudrait résoudre le gros problème de l’Afrique. L’une des failles relevées est le sérieux problème de l’énergie, le manque de moyens pour le développement de l’industrie. Les gouvernements devraient donc redoubler d’effort à ce niveau afin que l’Afrique ne subisse pas les APE, mais qu’elle soit plutôt un partenaire commercial de l’UE.
Commission économique pour l’Afrique : deux indices pour mesurer le niveau de développement social
La Commission économique pour l’Afrique (CEA) a présenté le 29 octobre 2015 à Ouagadougou ses deux indices: l’Indice africain de développement social (IADS) et l’Indice de développement et des inégalités entre les sexes en Afrique (IDISA). Mettre en exergue l’impact des politiques sociales sur la réduction de l’exclusion humaine à travers le temps en Afrique, c’est le leitmotiv de la CEA en mettant en place ces deux indices. Le 1er, l’IADS, est un outil de prise de décision pour les Etats qui va permettre d’évaluer l’ampleur de l’exclusion humaine dans cinq domaines clefs du bien-être que sont la santé, l’éduction, l’emploi, les revenus et le mode de vie.
En ce qui concerne le 2nd indice, celui de développement et des inégalités entre les sexes en Afrique (IDISA), c’est un outil de planification du développement qui permet de mesurer les inégalités de genre en Afrique et d’évaluer la performance des gouvernements pour les combler. «Il va permettre de capter les inégalités entre les hommes et les femmes dans les domaines politique, économique et social pour renforcer l’autonomisation, la participation des femmes dans le développement de l’Afrique», a détaillé Iris Macculu. Elle a souligné que les deux indices ont été élaborés sur demande des pays africains et avec la complicité de ces pays. A la question de savoir s’il y a une garantie sur les chiffres et les résultats, la responsable de l’économie de la CEA rassure: «Contrairement à d’autres indicateurs globaux comme l’IDH, l’IADS, la CEA ne se focalise pas sur un classement, car cela est risqué. Ces indicateurs classent les pays sur des réalités différentes. Alors que l’exclusion, l’inégalité et la pauvreté sont des domaines complexes et on ne peut pas les classer en utilisant un seul chiffre. Au risque de faire un classement qui ne reflète pas la réalité»
Benjamine KABORE