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Oumarou Kanazoé : Quel héritage reste-t-il de ses affaires?

Pionnier du secteur des BTP au Burkina, homme d’affaires non scolarisé en dehors de ses études coraniques, parti de rien pour devenir milliardaire, ancien président de la Chambre de commerce et d’industrie, ancien président de la communauté musulmane, Oumarou Kanazoé, né en 1927 à Yako et décédé le 19 octobre 2011, s’est tout simplement imposé au Burkina tout entier. Une notoriété qui s’étend même au-delà des frontières de son propre pays. Présenté comme un homme de dialogue et de paix, il jouissait d’une grande estime de la part de la population et des autorités nationales. Sur les derniers évènements que le Burkina a connus et dans la résolution des différentes crises de cette période de transition post-insurrection, Kanazoé ou encore OK, comme on l’appelait couramment, aurait certainement été sollicité, s’il était vivant. C’est dire à quel point l’homme a marqué ses contemporains. D’où la question de savoir ce que devient, 4 ans après, l’important héritage que Oumarou Kanazoé a laissé au Burkina. Que sont devenues, surtout, les affaires du « Vieux », notamment l’entreprise OK fondée en 1973 ? Quel est le sort réservé aux chantiers qu’il a laissés, notamment celui de la grande mosquée au quartier Ouaga 2000 ?

Au sein de la famille Kanazoé, il est difficile de trouver un interlocuteur parmi les héritiers pour aborder ces sujets. C’est le premier fils, le discret Mady Kanazoé, qui était le numéro 2 sous son père, qui continuerait à assurer la gestion l’entreprise familiale. Cette entreprise est restée pendant longtemps une référence nationale et même sous-régionale en matière de bâtiments, de travaux publics, d’aménagements hydro-agricoles et autres. Mais la situation est tout autre aujourd’hui. Avant même la disparition de son fondateur, l’entreprise OK avait beaucoup perdu de sa superbe. Son chiffre d’affaires avait grandement chuté. De 28,4 milliards de F CFA en 2010, il était passé à 23,2 milliards en 2011. Dès 2012, un an après le décès du Vieux, la baisse avait été plus radicale encore. Le chiffre d’affaires était descendu à 5,6 milliards de F CFA.
On apprend que l’entreprise OK continue à remporter et à exécuter des marchés, mais depuis la disparition de son créateur, la société n’a pas gagné de marché phare, ni au Burkina ni à l’étranger. L’influence du groupe a diminué.
Toutefois, il y a lieu de relativiser ce constat sur l’héritage des affaires de Oumarou Kanazoé. Cette situation dans laquelle OK paraît tourner au ralenti s’explique en réalité par le fait que les héritiers qui travaillaient tous au sein de l’entreprise familiale ont aujourd’hui opté pour la séparation. Chacun de la trentaine d’enfants de l’illustre opérateur économique (25 enfants, à en croire certaines sources) évolue désormais en solo, à la tête de ses propres affaires.
Cette répartition a donné lieu à une galaxie Kanazoé avec plusieurs sociétés aux performances intéressantes, détenues par les différents héritiers. Parmi eux, Djibril Kanazoé, PDG du Groupe Kanazoé, associant « les domaines du BTP, de la Préfabrication en béton, la promotion et location immobilière, le commerce, les prestations de services divers et de l’aéronautique », a bonne mine.
Les sociétés telles que Kanazoé et Frères orientée dans le BTP, Africa Motors dans la distribution automobile et Kanazoé Développement dans l’immobilier, appartiennent au Groupe Kanazoé de Djibril Kanazoé. Ce Groupe qui est également présent au plan sous-régional est crédité d’un chiffre d’affaires d’environ 25 milliards de F CFA en 2014. Il est présenté comme la première des entreprises de la galaxie Kanazoé.
De leurs côtés, les autres enfants de l’illustre Kanazoé ne sont pas moins brillants. En 2013, à l’occasion de la fête nationale, Aïssata Kanazoé était décorée Chevalier de l’Ordre du Mérite et avait décroché plusieurs marchés pour la réalisation d’infrastructures routières.

Joël BOUDA


 

De Yako à Ouaga

Né en 1927 à Yako dans la province de Passoré (au nord du Burkina Faso) d’une famille polygame, fils unique de sa mère et orphelin de père dès l’âge de douze (12) ans, il lui a fallu travailler très tôt pour subvenir non seulement à ses besoins personnels, mais aussi à ceux de sa très chère maman.
Après six années passées à l’école coranique, le petit Oumarou fait ses premières armes dans le tissage. Il se fait déjà remarquer pour son talent et sa persévérance. Ses cotonnades d’une qualité exceptionnelle se vendaient jusqu’au Mali et au Ghana. Des voyages qu’il n’hésitait pas dans un premier temps à y faire à pied.
Ensuite, en 1950, il investit ses premiers gains dans un petit restaurant à Yako. Ses affaires prospèrent et, en 1955, il achète son premier camion avec lequel il se lance dans le commerce des matériaux de construction, puis dans le transport en commun entre Ouagadougou et Abidjan. C’était le début d’une belle aventure car, 10 ans après, son parc était estimé à 100 camions faisant le lien entre Ouagadougou et Abidjan dans l’acheminement des marchandises et des passagers.
El Hadj Oumarou Kanazoé a fondé le plus important empire des BTP du Burkina Faso, l’entreprise Oumarou Kanazoé, en 1973.
Le 2 novembre 1995, il a été élu président de la Chambre du commerce et de l’industrie.
Pour marquer son attachement à la religion, l’homme des centaines de mosquées s’était engagé très tôt dans la construction bénévole des lieux de cultes pour les fidèles musulmans. C’est ainsi qu’à son actif on enregistre plus d’une centaine de mosquées construites, dont les grandes mosquées de Ouagadougou, de Pouytenga, de Yako, de Kaya et la plus grande mosquée du Burkina en chantier à Ouaga 2000. En reconnaissance de sa contribution à la construction de la nation, à la consolidation de la paix, au renforcement de l’unité, à la cohésion et à l’entente entre les peuples, à la défense du dialogue, de la tolérance, El Hadj Oumarou Kanazoé a été fait Commandeur de l’Ordre national en 2006, puis Grand Officier de l’Ordre du Mérite burkinabè en décembre 2008 par le président du Faso.
Source Groupe Kanazoé

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