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Coup d’Etat de septembre

8h30 à la Place de la nation. La plupart de ceux qui sont présents portent des T-shirt de leurs mouvements, associations, partis politiques ou des tenues d’école. Le regard vide, les yeux rouges, ils attendent tous les porte-chars transportant les dépouilles de martyrs :«Nous sommes venus rendre hommage à nos frères qui sont tombés sous les balles assassines de Diendéré. Nous souhaitons qu’ils reposent en paix et que justice leur soit rendue», a laissé entendre Aziz Nikiéma, foulard noir sur la tête.

9h00, arrivée des politiques, des membres du gouvernement, du corps diplomatique. Et l’ancien ministre, Auguste Denise Barry, fortement acclamé. Puis le président du CNT, Cheriff Sy, le Premier ministre Yacouba Isaac Zida ont droit aussi aux ovations. Le public commence à s’impatienter. On assiste à l’éternel querelle entre journalistes et organisateurs d’évènements. «Les journalistes derrière les barrières svp», s’écrit l’un d’entre eux.
9h59mn. Michel Kafando, président du Faso, vêtu d’un costume noir, une chemise bleue, une cravate sombre fait son apparition sur la Place de la révolution sous un tonnerre d’applaudissements. Il se dirige vers les familles des victimes. Il leur rend hommage avant de rejoindre la tribune officielle.
10h03mn. Arrivée du porte-char, la foule se déchaine sur les barrières, chacun veut voir. On procède à l’alignement des cercueils couverts chacun du drapeau national. C’est dans un silence de mort que la cérémonie commence. Le président du Faso, Michel Kafando, est invité à se recueillir devant les dépouilles. Place ensuite à l’hymne national, chanté en cœur par la foule. Trois aumôniers, un catholique, un musulman et un protestant, ont dit la prière œcuménique. Ils ont prié pour le repos des âmes des martyrs et ont appelé l’assistance au pardon et à la réconciliation. Le représentant des familles éplorées, Patrice Bazié, d’une voix nouée et tremblante, prend la parole pour livrer son message : « Le peuple a fait un serment depuis l’insurrection populaire que plus rien ne sera comme avant», a-t-il affirmé. Pour lui, l’hommage que mérite les martyrs, c’est la justice : «Le plus grand hommage que l’on puisse leur rendre, c’est d’abord la justice, ensuite la justice et enfin la justice», a-t-il soutenu. Il a ensuite décliné l’identité des 14 martyrs, appuyé par des cris de la foule: «Justice, justice». Le ministre en charge de l’Administration territoriale, Youssouf Ouattara, au nom du gouvernement, a promis que justice sera rendue aux martyrs. Il a demandé une minute de silence pour les «héros». «30 et 31 octobre 2014-17 septembre 2015, en moins d’une année, la nation burkinabè est à nouveau frappée par la perte des fils et filles sur le champ de bataille pour que notre pays retrouve la paix et la démocratie.
Au nom de la nation burkinabè, le gouvernement rend un hommage particulier à ces personnes qui ont sacrifié de leur vie pour faire échec au coup d’Etat», a déclaré le représentant du gouvernement. Après son intervention, le maitre de cérémonie a invité les présidents d’institution, le président du Faso, les membres du gouvernement à s’incliner une dernière fois devant les dépouilles et ensuite, c’est le tour des parents des victimes, des autorités militaires et paramilitaires et des chefs de partis politiques. Les téléphones et autres appareils en main, chacun essaie à sa manière d’immortaliser l’évènement. 11h 14mn, c’est le départ pour le cimetière de Gounghin. A pied, à moto, dans et sur des véhicules, la foule accompagne les «héros» vers leur dernière demeure.
J. Benjamine KABORE

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