Bientôt, la baguette de pain de 180 grammes ne coûtera plus 130 F CFA, mais plus. On ne sait pas encore dans quelle proportion, puisque cela fera l’objet de discussion avec le ministère en charge du Commerce. Cette hausse sera la résultante probable des échanges sur la convention collective regroupant les travailleurs et les employeurs du secteur de la boulangerie, sous l’égide du ministère du Travail.
Les négociations sont en cours depuis mars 2015 et visent la revalorisation du traitement salarial des travailleurs du secteur de la boulangerie. Cette revalorisation salariale, si elle est obtenue, conduira à une hausse des prix du pain comme l’a signifié Augustin Bambara, directeur des affaires juridiques de l’entreprise Rimon Hajjar, propriétaire des boulangeries Wend Konta : «Depuis plusieurs mois, employeurs et employés du secteur de la boulangerie sont en pleine négociation. Cette hausse salariale va conduire inéluctablement à une hausse des prix de la baguette de pain. Nous n’aurons pas le choix car déjà les employeurs ont du mal à joindre les deux bouts avec les prix actuels qui sont fixés depuis plus de 20 ans. Durant toute cette période, beaucoup de choses ont changé et les prix des matières premières ont augmenté. La revendication salariale est l’une des causes de grèves dans notre secteur. Elle est tout à fait justifier et nous la comprenons. Pour cela, il va falloir que les consommateurs fassent un sacrifice car nous sommes déjà au bout du rouleau avec les prix des matières premières».
Le prix du pain est resté planché depuis plusieurs années.
La dernière augmentation officielle date 1996, portant ainsi le prix du pain à 120 F CFA. En 2008, suites aux revendications et plaintes des employeurs et employés du secteur, le Gouvernement a accepté une hausse de 10 F CFA, portant le prix à 130 F. Le pain est depuis quelques années la source de nombreux conflits.
Employeurs comme employés haussent parfois le ton. Les uns se plaignant de ne pouvoir épuiser leurs charges à cause de la hausse des prix de la matière première, les autres revendiquant une hausse salariale. En 20 ans, le prix de la tonne de blé est passé de 200.000 à 400.000 F CFA. Mais la question du pain étant assez sensible car étant un produit de grande consommation, le Gouvernement hésite à plancher sur le sujet. Conséquence, de nombreuses grèves ont été lancées ces dernières années par le bureau syndical de la Fédération des boulangers et pâtissiers du Burkina (Fnbp-B) qui réclame une augmentation de 75% des salaires.
Selon ses membres, les employés sont parfois lésés et certains sont payés en deçà du Smig, comme le confirme Souleymane Sawadogo, employé d’une boulangerie : «Nous touchons des misères en tant qu’employés de boulangerie, et pourtant nous bossons très dur et à toutes les heures. Nous avons besoin d’une revalorisation salariale car la vie est de plus en plus dure». Le secteur de la boulangerie emploie plusieurs milliers de personnes de façon directe et indirecte. Selon les statistiques de la plus grande chaine de boulangeries du Burkina, Wend Konta, elle emploie plus de 2.500 personnes de manière directe et fait travailler plus 40.000 autres de manière indirecte.
En moyenne, les Burkinabè consomment 600.000 baguettes par jour selon les statistiques de l’Union des fondateurs des boulangeries du Faso (Ufbf). Une éventuelle hausse des prix pourrait être mal perçue par la population qui déjà se plaint de la cherté de la vie. En attendant, les boulangeries ne manquent pas d’ingéniosité pour appâter leurs clients. En plus du format officiel de la baguette de pain qui est de 130 F CFA la miche de 180 g, les boulangeries proposent des baguettes de 200 g et 400 g vendues à 150 et 300 F CFA. Force est d’ailleurs de constater que les clients achètent beaucoup plus ces formats dans les boulangeries.
La raison évoquée est surtout la difficulté d’avoir de la monnaie. «Lorsque nous achetons le pain de 130 F CFA, nous sommes toujours confrontés au problème de monnaie. Pour pallier donc cela, nous préférons acheter le pain de 200 g qui est à 150 F CFA. Il est plus gros d’ailleurs», explique un client. Pour le moment, les prix restent inchangés. Mais d’ici la fin de l’année, l’annonce pourrait être faite par le ministère en charge du Commerce. A combien les consommateurs vont-ils désormais acheter leur pain ? La réponse ne saurait tarder après les conclusions de la convention collective sectorielle.
Germaine BIRBA
Des boulangeries plus modernes
Depuis quelques années, les boulangeries du Burkina Faso ont un nouvel aspect. Plus modernes et plus accueillantes. Les responsables de boulangerie ont décidé de jouer la carte de la séduction auprès des consommateurs. Les boulangeries traditionnelles ont fait place à un nouveau design avec des cadres chaleureux et un supplément de viennoiseries, mais aussi des cafés-terrasses pour ceux qui désirent prendre sur place leur petit déjeuner. Cette approche markéting répond à un besoin exprimé par les clients qui désirent avoir plus de choix, mais aussi un cadre agréable et convivial, explique un responsable. Çà et là, des rénovations de boulangeries sont faites pour emboîter le pas aux boulangeries «La baguette du Faso».