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Armées nationales : Isaac Zida, futur général?

Il est désormais possible à un Lieutenant-Colonel de devenir Général au Burkina Faso sur décision du président du Faso. Ainsi en ont décidé les députés du Conseil national de la Transition (Cnt) après le vote le 4 juin 2015 de la loi portant statut général des personnels des Forces armées nationales et de la loi portant conditions d’avancement des personnels d’active des Forces armées nationales. Cette possibilité est assortie d’une condition. Le Lieutenant-Colonel doit avoir rendu d’éminents services à la Nation ou s’être illustré par des faits d’éclat en temps de conflit armé ou au cours d’une mission spéciale. A la lecture de ce passage de la loi, on se pose légitimement la question de savoir qui en seront les principaux bénéficiaires? Elle pourrait servir de récompense et de porte de sortie au plus célèbre des Lieutenants-Colonels du Burkina Faso, à savoir le Premier ministre actuel, Yacouba Isaac Zida. Ce dernier était face aux députés pour le traditionnel Discours sur l’état de la Nation.

Quel avenir pour Yacouba Isaac Zida après la Transition? Cet officier de l’armée burkinabè de 50 ans retournera-t-il au Régiment de sécurité présidentielle (Rsp) dont il était le numéro 2 jusqu’au départ de Blaise Compaoré? (DR)
Quel avenir pour Yacouba Isaac Zida après la Transition? Cet officier de l’armée burkinabè de 50 ans retournera-t-il au Régiment de sécurité présidentielle (Rsp) dont il était le numéro 2 jusqu’au départ de Blaise Compaoré? (DR)

Yacouba Isaac Zida venait de porter ses galons de Lieutenant-Colonel lorsqu’intervient l’insurrection des 30 et 31 octobre 2014. Avec la démission inattendue du président à l’époque, Blaise Compaoré, l’armée réussit à faire l’unanimité sur le choix de Yacouba Isaac Zida pour le remplacer. La pression pour que l’armée rende le pouvoir au civil monte. D’une part, au plan national, les partis politiques d’opposition et les organisations de la société civile refusent de voir un militaire à la tête de l’Etat.

D’autre part, la communauté internationale donne un ultimatum de deux semaines à l’armée pour rendre le pouvoir à un civil. Les concertations ont permis de choisir Michel Kafando, président du Faso, président de la Transition. Yacouba Isaac Zida lui passe le pouvoir au cours d’une cérémonie officielle. Michel Kafando remet en selle comme Premier ministre Isaac Zida en lui confiant en plus le ministère de la Défense et des anciens combattants. Le duo conduit depuis novembre 2014, tant bien que mal, le processus de la Transition devant conduire à des élections le 11 octobre 2015.
Quelle retraite pour ces deux personnalités après la date du 11 octobre 2015? Le président Kafando, du haut de 73 ans, a déjà déclaré qu’il retournerait dans sa ferme à la périphérie de Ouagadougou après les élections.
Par contre, son Premier ministre, Isaac Zida, officier de l’armée burkinabè, fêtera ses 50 ans le 16 novembre prochain (il est né le 16 novembre 1965). On le voit mal retourner au Régiment de sécurité présidentielle (Rsp) dont il était le numéro deux jusqu’au départ de Blaise Compaoré.
Cette nouvelle loi donne la possibilité au président Kafando de nommer Isaac Zida Général de l’armée burkinabè pour avoir réussi cette «mission spéciale» en contribuant à conduire le processus de la Transition. Les arguments ne manqueront pas au président Kafando pour le faire.
D’autres nouvelles dispositions sont contenues dans la nouvelle loi. Elles précisent que la disponibilité n’est plus autorisée aux militaires qui désirent entrer en politique. Ils doivent simplement démissionner de l’armée avant de le faire, pour ce qui concerne les gradés, et suspendre leur contrat avec l’armée pour les soldats.
Pour porter le grade de Colonel-Major, le prétendant doit porter celui de Colonel pendant 07 ans au lieu de 05 comme il était écrit dans la précédente loi portant conditions d’avancement.
La limite d’âge pour être admis à la retraite passe de 46 à 50 ans dans cette nouvelle loi. On note également que le temps à servir avant le mariage et des grossesses a été revu à la baisse dans tous les grades.

Joël Bouda


Une loi introduite sous l’ère Compaoré

Le projet de loi portant conditions d’avancement des personnels d’active dans les Forces armées nationales et celui portant statut général des personnels des Forces armées nationales ont été adoptés au cours du Conseil des ministres du 22 octobre 2014. Le Gouvernement avait marqué son accord pour leur transmission à l’Assemblée nationale. Avec l’installation du nouveau gouvernement de transition, les deux projets de loi ont été examinés une fois de plus en Conseil des ministres, le mercredi 11 mars 2015, avant que le Gouvernement n’autorise leur transmission au Conseil national de la Transition.
Alors que l’examen des deux lois était programmé pour la séance du mardi 05 mai 2015, à 16 heures au Cnt, les députés seront informés, par lettre n°015-0210/Mcrcnt/Sg/Dgr-Cnt/Dss-Cnt du 27 avril 2015, «du retrait de l’ordre du jour de la session unique du Conseil national de la Transition des projets de loi suivants : le projet de loi portant statut général des personnels des Forces armées nationales et de la loi portant conditions d’avancement des personnels d’active des Forces armées nationales». Le vote desdites lois le vendredi 4 juin est la preuve que les textes ont, entre-temps, été réintroduits par le même Gouvernement.

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