La gestion des affaires publiques est tout sauf une sinécure. Les autorités de la Transition en font l’amère expérience avec le report sine die des Assises criminelles, pourtant très attendues dans l’agenda du Gouvernement. La faute à qui? La réponse à cette question n’est pas forcement urgente. Le fait est que le report en lui-même est une mauvaise affaire. Il fragilise le socle du nouveau pacte que les acteurs viennent juste de signer en mars. L’incident a lieu quelques semaines seulement après la grand-messe des états généraux qui devaient, entre autres, réconcilier les acteurs de la justice et les justiciables potentiels.
On a vu une Garde des sceaux faire des pieds et des mains pour réussir cet événement. Il semble que l’effet s’est vite estompé: rassembler les acteurs autour d’un idéal commun, celui d’une justice réconciliée avec le peuple. On a cru naïvement en la sincérité des acteurs. Que tout allait repartir comme sur des roulettes. Dans la longue litanie des recommandations et des bonnes intentions pour reconstruire l’image d’une justice plus crédible, personne n’a mis le doigt, du moins sérieusement, sur le contentieux latent du relèvement de l’indemnité des avocats commis d’office, des délais nécessaires pour le traitement des dossiers des inculpés. Bizarre!
Malgré le sérieux des exigences des avocats pour une «bonne administration de la justice», celle qui veut que le parquet fasse le ménage dans ses écuries risque de plomber les négociations. Ils ont trouvé en ces Assises une aubaine pour faire avancer leur dossier. Une partie de l’opinion ne retiendra que l’aspect pécuniaire de leur mouvement, le mal est déjà fait.
Pour l’administration judiciaire, son autisme par rapport au traitement de ce dossier qui dormait dans ses tiroirs est surprenant. Tous responsables donc. Les inculpés des Assises attendront encore un peu. Le temps que le conflit se dénoue. Mais les dégâts sont énormes en termes d’image pour les parties.
Abdoulaye TAO
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