Encore un dossier de produit suspect mis à la consommation. Il s’agit de poissons avariés retrouvés sur le marché et dont les traces ont conduit à une poissonnerie de la place. L’affaire est en traitement au niveau des services compétents du ministère des Ressources animales. La saisie et la destruction du lot incriminé seraient imminentes.
C’est un dossier qui a été dénoncé par la Ligue des consommateurs du Burkina auprès de la Direction générale des services vétérinaires (Dgsv). L’association de défense des consommateurs entendait ainsi dénoncer la commercialisation de poissons avariés.
La ligue a surpris des revendeurs en train de laver le poisson avarié afin de le fumer et de le commercialiser ainsi auprès du public. Informée, la Dgsv a exigé un échantillon avec facture ou reçu d’achat à l’appui afin d’effectuer toute démarche de contrôle sanitaire.
L’échantillon et le reçu furent remis à la Dgsv qui procéda à l’inspection. Il s’agissait de «carpes éviscérées», provenant de la poissonnerie Qualimeat sise à Dapoya. Le résultat de l’inspection confirme les présomptions de la Lcb : «Le poisson en présence était avarié, donc impropre à la consommation».
Tout se complique lorsque la Lcb, le rapport d’inspection en main, saisit la brigade de recherche, pour une assistance sécuritaire et la Dgsv pour inspecter les stocks de la poissonnerie.
Sur place, le gestionnaire des stocks aurait reconnu les faits et même ajouté «que les prix ont été cassés pour s’en débarrasser», d’après le rapport administratif.
A l’arrivée du patron de la poissonnerie, la Ligue a été priée de quitter les lieux sur ses injonctions. L’inspection a été reprise en sa présence. Mais l’homme a demandé la preuve que le poisson inspecté préalablement venait de chez lui. Après lui avoir montré le reçu de paiement, la réinspection donne les mêmes résultats.
Le responsable de l’établissement les conteste et demande sur le champ une contre-expertise. C’est ainsi que l’ensemble du stock comprenant 130 cartons de 10kg a été consigné dans la chambre froide en attendant les résultats de la contre-expertise demandée par le patron. Cependant, l’administration publique est toujours dans l’attente des résultats de cette contre-expertise. D’après les informations que nous avons, le propriétaire n’aurait pas encore entrepris les démarches dans ce sens. Las d’attendre, il se pourrait que la force publique saisisse le fameux stock pour le détruire. Une mesure conservatoire pèse sur ce stock. Il ne peut être vendu ou cédé selon l’avis de la direction générale des services vétérinaires.
FW
Poisson fumé ?
Le stratagème d’écoulement du stock avarié a pu être mis à nu grâce à la vigilance des informateurs de la Ligue des consommateurs. Des revendeurs achètent ce poisson auprès des poissonneries qui cassent les prix, réduisant ainsi leurs pertes. Ensuite ces revendeurs, qui savent que ce poisson ne peut être consommé en l’état, le font fumer et le revendent incognito. Tant pis pour le consommateur final qui gère tous les risques liés à cette manipulation.